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Les confidences de Jean-Jacques Goldman : Le succès ne m'a pas changé
(Ciné Télé Revue, décembre 1985 )

Les confidences de Jean-Jacques Goldman : Le succès ne m'a pas changé
Ciné Télé Revue, décembre 1985
Propos recueillis par Bernard Ales
Retranscription de Céline Vallet

Bernard Ales : Dans quel état d'esprit abordez-vous cette tournée et surtout votre passage au Zénith ?

Jean-Jacques Goldman : Je l'aborde avec beaucoup moins d'inconnues que ma première tournée où j'avais à apprendre sur le plan technique, par rapport à mes musiciens et à moi-même, et aussi par rapport au public. En cent concerts, j'ai appris pas mal de choses : nous nous sommes présentés et nous avons fait connaissance...

Bernard Ales : Avez-vous appris aussi à aimer la scène ? Car vous étiez le seul chanteur, à ma connaissance, que la scène n'enthousiasmait pas.

Jean-Jacques Goldman : La scène me faisait surtout peur. C'est vrai, j'ai appris à l'aimer. Au départ, on se trouve dans une situation qui fait plus peur qu'elle ne donne du plaisir. Puis, la peur s'estompe petit à petit parce qu'on commence à mieux la connaître. Le plaisir peut enfin venir.

Bernard Ales : Qu'est-ce que le Zénith représente pour vous ? Est-ce un itinéraire obligatoire pour un chanteur et musicien populaire ?

Jean-Jacques Goldman : Pour moi, le Zénith ne représente rien. Ce qui est très important et représente beaucoup, c'est de partir en tournée, c'est-à-dire d'aller à la rencontre des gens qui, eux, sont venus à moi par le disque. J'ai le sentiment que c'est une suite logique à l'enregistrement. Je vais à peu près dans toutes les villes de France et, parmi ces villes-là, il y a Paris. La salle choisie a été le Zénith. Mais pour moi, passer au Zénith n'a pas plus d'importance que de jouer à Lille, à Metz ou à Nice.

Bernard Ales : Vous fréquentez très peu les gens du métier et les endroits à la mode ; vous sentez-vous différent des autres chanteurs ?

Jean-Jacques Goldman : Non, je me sens des tas de points communs avec tous les autres chanteurs. Nous avons les mêmes problèmes pour écrire des chansons, pour les enregistrer. Ensuite nous allons dans les mêmes endroits : télévision, radio, presse, tournées...

Bernard Ales : Pourtant, vous vivez en marge de ce qu'on appelle le milieu du show-business...

Jean-Jacques Goldman : Oui, mais ce n'est pas en tant que chanteur, c'est en tant qu'être humain ! C'est mon caractère. Il y a sûrement des boulangers qui ont des caractères différents. Cela ne les empêche pas de faire tous du pain, et, probablement, à peu près de la même façon. J'ai des tas de points communs professionnels avec les chanteurs. Je n'ai pas l'impression de mener une carrière différente. Humainement, il y a évidemment des différences...

Bernard Ales : Qu'est-ce qui vous ennuie dans les endroits à la mode ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai l'impression d'y perdre mon temps. Passer cinq heures dans un endroit enfumé, en écoutant de la musique à fond, buvant en compagnie de gens que je ne connais pas très bien et que je ne reverrai pas le lendemain, cela peut m'amuser une fois par an, mais pas tous les soirs.

Bernard Ales : Faites-vous, malgré tout, quelques petits sacrifices pour ce métier ?

Jean-Jacques Goldman : J'en fais beaucoup. Par exemple, la promotion ne me passionne pas vraiment mais elle fait partie des règles du jeu pour que je puisse continuer à enregistrer des albums dans de bonnes conditions. Enfin, ce n'est pas dramatique ! C'est moins dur que de travailler huit heures à la chaîne. Ce n'est pas la période qui m'exalte le plus.

Bernard Ales : Quels sont vos vrais moments de détente, vos vraies joies dans la vie ?

Jean-Jacques Goldman : C'est d'écrire des chansons et de les enregistrer. Ce ne sont pas des périodes où je suis très heureux, parce que je me pose des tas de questions. Je perds du poids, je ne dors plus, c'est très perturbant, mais c'est vraiment ce qui me passionne le plus dans l'existence.

Bernard Ales : Et en dehors du métier ?

Jean-Jacques Goldman : Ce sont les joies très simples, celles de tout le monde : les joies familiales.

Bernard Ales : Vous aviez dit que vous étiez sans ambition. Aujourd'hui vous êtes régulièrement en tête des hit-parades. Comment vivez-vous le succès ?

Jean-Jacques Goldman : Très bien. C'est très agréable. Sans ambition, c'est un peu faux. J'ai des ambitions qui sont très précises, mais qui ne sont pas des ambitions de succès, de notoriété et de reconnaissance. Mon ambition, c'est de progresser musicalement, dans l'écriture, dans l'enregistrement, de faire de beaux spectacles. Mon ambition a toujours été là. Elle n'a jamais été liée à la notoriété. Je n'ai jamais rêvé d'être adulé des foules. Cela m'arrive et je suis très content. De même, je n'ai jamais rêvé d'être milliardaire, ne de vivre avec les femmes les plus belles du monde. Mais faire de la musique sans contrainte, sans arrière pensée de succès, oui.

Bernard Ales : Lorsque l'on a envie de faire les choses le mieux possible, on espère tout de même un écho...

Jean-Jacques Goldman : Je ne le nie pas. Je suis très content de tout ce qui se passe autour, mais c'est quelque chose qui est arrivé en plus. Je ne serais pas heureux si j'avais fait une chanson que je juge mauvaise, même si elle était un énorme tube. Quand j'étais dans le groupe Taï Phong, on n'avait pas beaucoup de succès et j'étais follement heureux parce que je faisais la musique qui me plaisait. Je n'ai pas besoin d'être dans les hit-parades pour être heureux ou pas, mais je suis très content d'y être.

Bernard Ales : Il y a un certain décalage entre la vie paisible de père de famille que vous vivez depuis dix ans, et l'idole que vous représentez pour beaucoup de jeunes. Le ressentez-vous dans le courrier que vous recevez ?

Jean-Jacques Goldman : Pas tellement. Je n'ai pas l'impression de jouer un rôle d'idole, ni de star. J'ai des rapports très proches avec les gens. Si vous leur demandez si je suis une star ou une idole, ils vous répondront par la négative. Ceux qui m'aime bien, le font pour des raisons très précises : en particulier, parce qu'ils ne me sentent pas très différent d'eux. En quoi ils ont tout à fait raison. Je reçois plutôt des lettres d'ami à ami que des lettres de fan à star.

Bernard Ales : On peut donc être en tête des hits, remplir les salles et ne pas être une idole ?

Jean-Jacques Goldman : Qui est encore une star maintenant ? J'ai l'impression que c'est démodé les stars. Je n'ai plus tellement l'impression que cela existe. Les gens n'ont plus besoin de personnages pour fantasmer. Ils apprécient davantage quelqu'un pour ce qu'il fait, et plus tellement pour ce qu'il est. C'est mieux ainsi !

Bernard Ales : Vous n'avez jamais été fan de quelqu'un ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai été fan de leur musique, mais je n'ai jamais essayé de m'identifier à Jimi Hendrix, à Elton John ou à Bob Dylan. J'étais fan de leurs chansons, je les ai lâchés lorsque leurs chansons ne me plaisaient plus et je les ai repris quand leurs chansons me plaisaient. Je n'ai jamais été un inconditionnel.

Bernard Ales : Qu'est-ce que vos admiratrices de rencontre vous demandent ?

Jean-Jacques Goldman : Elles me posent des questions sur mes chansons, sur la vie de chanteur.

Bernard Ales : Vous recevez des lettres d'amour ?

Jean-Jacques Goldman : Non, quasiment pas. Cela ne me manque pas du tout. J'ai ce qu'il faut chez moi.

Bernard Ales : Quelle est la particularité de ce spectacle au Zénith ?

Jean-Jacques Goldman : Rien en particulier : il n'y aura pas de claquettes, pas de danseuses, pas de canon, pas de feu d'artifice. Il y aura simplement une mise en images des chansons...

Bernard Ales : Combien de musiciens ?

Jean-Jacques Goldman : Six, qui sont beaucoup plus que des musiciens. A la limite, c'est plutôt un groupe qui chante sur scène. Je suis le chanteur, mais ils sont autant impliqués que moi dans le spectacle. Je ne suis pas devant et eux derrière.

Bernard Ales : Le Zénith est complet depuis le début octobre, quelle est votre réaction ?

Jean-Jacques Goldman : Je suis très étonné, parce que cela fait quand même 80 000 personnes ! On n'a pas affiché, on n'a pas fait encore de presse... Je suis très content !

Bernard Ales : Cet engouement ne vous fait pas un peu peur ? Je pense à la peur de décevoir.

Jean-Jacques Goldman : Non, au contraire ! C'est un public qui est très bienveillant. Il ne vient pas du tout pour me juger. Ils connaissent les chansons par cœur, ils les chantent avec moi. Je suis là pour donner un ordre aux titres. Ce n'est pas un concert : on passe une soirée ensemble. Ils m'ont donc enlevé toutes mes peurs. J'ai beaucoup de plaisir à passer une soirée avec eux...


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