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Jean-Jacques Goldman, antistar qui réussit !
(Girls, 13 juin 1985)

Jean-Jacques Goldman, antistar qui réussit !
Girls, 13 juin 1985
Retranscription de Marie-Laurence Cuvillier

Des artistes comme Goldman, on s'étonne qu'il en reste encore. Sa façon d'agir reste si simple après tous ses succès, qu'on arrive tout juste à le croire. Pourtant... Et même, pour tout avouer, c'est tellement rare qu'on pousse le vice jusqu'à songer un instant que sa simplicité est calculée. Au bout d'une heure d'interview, on a un peu honte d'avoir pensé cela...

Goldman est en train d'enregistrer son 30 cm, boulevard de l'Hôpital à Paris. Il arrive dans sa Talbot avec son éternel jean/tee- shirt/blouson. Il donne toujours la vague impression qu'il sort tout juste de son lit. Lui dire bonjour relève du défi : sa timidité maladive est contagieuse ! Bref, quand faut y aller, faut y aller !

Premier round.

Girls : Vous avez toujours enregistré vos disques ici ?

Jean-Jacques Goldman : Non, c'est le deuxième seulement que j'enregistre dans ce studio.

Girls : Combien de temps allez-vous travailler à votre album ?

Jean-Jacques Goldman : A peu près deux mois, il sortira à la rentrée.

Girls : Pour écrire, composer, avez-vous besoin d'une atmosphère particulière ?

Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout. Ça vient naturellement. Comment vous expliquer... Je travaille un peu comme un journaliste. Je regarde ce qui se passe autour de moi et, lorsqu'il se produit quelque chose qui à mon avis mérite d'être raconté, je fais une chanson.

Girls : "Je marche seul", quel a été le déclic qui vous a inspiré cette chanson ?

Jean-Jacques Goldman : Comment dire... vous savez, il y a des jours où beaucoup d'ennuis vous tombent dessus : des factures, je ne sais pas moi, plein de trucs. Et tout d'un coup, vous craquez, vous claquez la porte de chez vous, et vous sortez, vous marchez, vous vous dites "mes ennuis, c'est rien, j'ai deux bras, deux jambes, je peux marcher dans la ville, faire le vide dans ma tête !" Et là, c'est super, on rêve, on ne pense plus à rien. Voilà. On me demande souvent si mes chansons sont vraies, si je les ai vécues. Beaucoup de jeunes sont obsédés par cette idée, se demandent si je peux chanter quelque chose sans l'avoir véritablement ressentie. Ce n'est qu'une fois qu'ils ont la certitude de ma sincérité que je les vois heureux.

Girls : Font-ils attention à votre façon de vous habiller ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, énormément. Même problème, au début, ils pensaient que je mettais un jean et une chemise seulement pour chanter. Je ne sais pas ce qu'ils imaginaient. Il a fallu que je leur explique que c'était véritablement ma façon de m'habiller.

Girls : Ce qui fait que maintenant vous êtes un peu coincé. Et si demain tout-à-coup, vous décidiez de tout changer ?

Jean-Jacques Goldman : Non, je ne suis pas coincé. Si je changeais, tout changerait avec : mes chansons, ma vie, tout. Absolument.

Girls : A vos débuts, ceux qui travaillent autour de vous ont tenté de vous dissuader de conserver se style, non ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Tout ce qu'ils percevaient comme négatif s'est révélé être positif. J'avais donc raison de ne rien vouloir changer à ma façon d'être. Vous comprenez, je ne vois pas pourquoi le fait de chanter impliquerait une transformation totale.

Deuxième round.

Girls : Votre vie privée, vous n'en parlez jamais. Les jeunes que vous croisez ne vous le reprochent-ils pas un peu ?

Jean-Jacques Goldman : Pas du tout. Au contraire, ils trouvent que j'ai raison. Ils me disent "c'est mieux, après tout, c'est ta vie à toi, on n'a pas à savoir". Ils veulent, avant tout, me voir chanter des trucs sincères, c'est tout.

Girls : Le fait d'avoir plus d'argent a-t-il changé beaucoup de choses pour vous ? Par exemple, y a-t-il un rêve, un voyage que vous avez enfin pu réaliser ?

Jean-Jacques Goldman : Non. Mes rêves, mes désirs, sont très simples. Moi, il me suffit d'un livre de poche à 30 balles et je suis content. D'ailleurs dans ma chanson "Je marche seul", j'en parle un peu. J'aimerais faire une chanson plus complète là-dessus. Dans "Je marche seul", je dis notamment "La ville et ses pièges ce sont mes privilèges, je suis riche de ça, mais ça ne s'achète pas". Je veux dire par là que mes rêves à moi, c'est de pouvoir aller au ciné quand ça me chante, pouvoir me balader dans la rue. Voilà mes privilèges !

Girls : Vous lisez quoi ?

Jean-Jacques Goldman : N'importe quoi, des policiers, des romans. Vous savez, je n'ai pas trop le temps de lire. Alors, lorsque l'occasion de présente, je prends ce qui me tombe sous la main.

Girls : Et le cinéma ?

Jean-Jacques Goldman : Je n'ai pas toujours le temps d'y aller.

Troisième round.

Girls : Vous sortez ?

Jean-Jacques Goldman : Je vais de temps en temps aux concerts. Par exemple, j'ai vu Paul Young au Zénith, c'était génial. Il bouge bien. Tout est étudié, c'est parfait comme show. J'irai voir Springsteen, ça va sûrement être super.

Girls : Votre modestie est-elle calculée ou sincère ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne suis pas modeste.

Girls : Souvent, j'ai pu lire des choses comme "je ne vois pas pourquoi on vient m'interviewer, qui peut s'intéresser à moi ? Je ne comprends pas". Ce n'est pas de la modestie, ça ?

Jean-Jacques Goldman : Disons que lorsqu'on me dit que je suis génial, que ce que je fais est super, etc... j'arrête les gens et je dis que c'est faux, qu'il ne faut pas exagérer. Mais je ne suis pas modeste.

Bon, puisque vous le dites. Après tout, voilà bien Goldman, l'antistar, la simplicité même. Ayant mis un terme à mon interview en reposant mon stylo, je perçois un soulagement dans son regard. Il n'est plus une bête anxieuse que l'on vient voir, c'est un garçon qui a la chanson pour métier. La prochaine fois que j'irai voir Goldman, j'irai les mains dans les poches ; je suis sûre qu'on rigolera...


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