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Un coupable fabriqué par la police ?
Libération, 10 décembre 1974
Article de Marc Kravetz
Retranscription de Sandra Sparfel

Je suis innocent ! Dès la première heure de son procès, Pierre Goldman a affirmé ce qu'il ne cesse de proclamer depuis près de cinq ans. Ce sera à l'accusation de faire la preuve de ce qu'elle avance. Et pour commencer, c'est la police qui est sur la sellette, la police et ses étranges auxiliaires. Au terme d'une première journée de débat, la question est posée : comment s'y est-on pris pour faire d'un suspect, un présumé coupable ?

C'est par un incident que s'est terminée la première journée du procès de Pierre Goldman devant les assises de Paris. Il s'agissait de savoir en fait dans quelles conditions s'était opérée l'identification de Goldman comme l'auteur de l'agression contre la pharmacie du boulevard Richard-Lenoir, le dossier fait état d'une "information" parvenue à la police, à la quatrième brigade territoriale du commissaire Sautreau, aujourd'hui décédé. Selon celle-ci, un certain "Goldi" aurait fait le "coup" de Richard-Lenoir. Une autre "information" aurait ultérieurement complété la première : "Goldi" se prénommait Pierre. Tout ceci aurait donc permis à la police de faire avancer son enquête et d'arrêter Goldman. Cela pourrait n'être qu'un point de détail, l'important étant non les conditions de l'identification mais la reconnaissance de l'accusé par des témoins. C'est du moins là la thèse de l'avocat général. Ce n'est pas celle de Pierre Goldman. Pour lui l'"informateur" de la police avait de solides raisons de le "donner" et il serait de la plus haute importance pour établir son innocence qu'on connaisse ces raisons. Seulement, voilà, pour les connaître il faut connaître l'"indic". Goldman le connaît, mais fidèle en cela à une ligne de conduite constante, il ne dira rien. Les policiers aussi le connaissent. Mais, le commissaire Jobard interrogé sur ce point par le président Braunschweig a été formel : "Je ne le connais pas. Si je le connaissais, il ne serait pas question pour moi de révéler son identité". Et, sur une question de la défense, il a ajouté, un rien de mélancolie vraie ou feinte dans la voix : "Nous avons trop peu d'informateurs et je le regrette". En fait, et la suite des débats devrait le confirmer, derrière cette question en apparence secondaire, se profile toute la mise en scène policière qui a permis de faire de Pierre Goldman, un coupable "vraisemblable" pour l'affaire Richard-Lenoir. Car c'est évidemment sur cette affaire et sur cette affaire seulement que va se jouer le procès. L'exposé, dans l'après-midi d'hier des trois "vols qualifiés", reconnus par Pierre, n'ont rien apporté de nouveau que nous ne connaissions déjà à deux éléments près qui peuvent peser dans la formation de l'"intime conviction" des jurés. D'une part, le calme et le sang-froid de l'accusé durant les trois agressions qui lui sont reprochées : une pharmacie dans le 13e arrondissement, un magasin de vêtements rue Tronchet et un payeur des allocations familiales dans le 18e. Trois affaires dans lesquelles en effet, il n'y a jamais eu de la part de Pierre Goldman la moindre intention d'user de son arme (elle n'était d'ailleurs pas chargée, a-t-il rappelé à l'audience). D'autre part, l'un de ces trois vols a eu lieu le 20 décembre, c'est à dire le lendemain de l'agression du boulevard Richard-Lenoir : on imagine mal que l'homme qui, le soir auparavant aurait tué ou blessé quatre personnes, se retrouve frais et dispos le lendemain pour un "braquage" sans accroc.

Nous reviendrons demain en détail sur le déroulement de ce début de procès, marqué par l'exceptionnelle qualité de la défense de Pierre Goldman par lui-même. Aucun détail ne lui échappe, il ne laisse place à aucune approximation, qu'il s'agisse de son passé personnel ou militant ou des faits qui lui sont reprochés, aucun raffinement, aucune tactique dans cette défense : Pierre Goldman, qui ne cesse de proclamer à chacune de ses interventions son innocence, ne cherche visiblement pas l'effet qui pourrait ébranler les jurés. Il veut seulement montrer l'inanité des charges retenues contre lui et mettre l'accusation en demeure de prouver ce qu'elle avance. Mais après tout, c'est la définition même du rôle de la justice : ce qu'elle semble parfois oublier.

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