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Interview de Jean-Jacques Goldman
(MusiConnexion, mai 2002)

Interview de Jean-Jacques Goldman
MusiConnexion, mai 2002
Pierre Chatard

Jean-Jacques Goldman était en concert à Marseille le 24 avril. Le temps pour nous de rencontrer celui qui semble, jour après jour, se rapprocher un peu plus du bout de ses rêves. Ce nouveau Marseillais qui a sorti "Chansons pour les pieds" en novembre 2001 a bien l'intention de faire danser la France une nouvelle fois. Inutile d'épiloguer pour dire combien le spectacle de la tournée 2002 est étonnant, tant au niveau musical qu'au niveau technique, puisque même les notions d'espace et de gravité sont mises à l'épreuve… En exclusivité pour les écoles du réseau MusiConnexion, Jean-Jacques Goldman répond à nos questions, pour notre plus grand bonheur !

Pierre Chatard : Après 4 ans d'absence, tu nous reviens avec ton dernier album "Chansons pour les pieds". Son originalité réside notamment dans son orchestration. Tu avais la volonté d'utiliser d'autres instruments ?

Jean-Jacques Goldman : Quand je commence, je n'ai pas d'idées préconçues, j'écris et après je vois le lien entre les chansons. Ça peut être un album assez acoustique comme "Entre gris clair et gris foncé" ou alors "En passant", et là, je me suis rendu compte que c'était toutes des danses, en tout cas les 8 premières, donc j'ai complété en restant dans cette idée, et après, qui dit danse, dit orchestrations différentes, parce que danses d'origines différentes.

Pierre Chatard : Que représente la danse pour toi ?

Jean-Jacques Goldman : Au début, quand j'étais étudiant, je jouais dans des groupes de bals. Je trouve que c'est un instant de pouvoir magnifique pour les musiciens. Un moment, c'est le silence, il y a les garçons d'un côté, et les filles de l'autre, et tout à coup les musiciens commencent à jouer, et là, les couples commencent à se faire et les gens commencent à discuter… C'est une mission unique pour le musicien.

Pierre Chatard : Parmi les chansons que tu as composées pour d'autres interprètes, quelles sont celles qui t'ont apporté les plus belles surprises ?

Jean-Jacques Goldman : C'est par exemple quand j'apprends que Khaled, qui remplit des stades aux Indes, parce que là-bas, c'est Michael Jackson, et puis qu'il y a des milliers d'Hindous qui chantent "Aïcha", là ça me fait quelque chose ! Ou de voir que "L'envie" que j'avais écrite pour Hallyday est chantée et reprise un peu par tout le monde, ça me fait plaisir.

Pierre Chatard : Dans la chanson "On n'y peut rien", quand tu écris "Et on résiste , on bâtit des murs, des bonheurs, photos bien rangées", cela veut dire qu'on ne peut rien face à l'amour ?

Jean-Jacques Goldman : C'est juste qu'à un moment on se dit "Bon allez, là, il faut que je sois sérieux… Ha ! Quand même ! Je ne vais pas tout quitter, j'ai des enfants, une maison…" et tout à coup, voilà, le truc arrive… Ou alors dans l'autre sens, tout à coup l'amour s'en va, on ne sait pas trop pourquoi, et on n'y peut rien.

Pierre Chatard : Les conventions, les manières en amour, ça t'énerve ?

Jean-Jacques Goldman : Je trouve ça dommage ! Si on peut mettre des conventions partout, pas en Amour ! Je trouve que c'est super dommage de vivre des choses conventionnelles, forcées et raisonnables dans les relations amoureuses, ça veut dire qu'on ne les vit pas, en fait.

"Maintenant, on ne vit que des histoires d'amour" -------------------------------------------------

Pierre Chatard : Statistiquement, deux tiers des mariages se terminent par un divorce dans les grandes villes. Pourquoi tant de désillusions ?

Jean-Jacques Goldman : C'est surtout parce que maintenant, on parle d'amour ! C'est clair que du temps de nos grands-parents, l'idée d'amour dans le mariage n'existait pas, c'est-à-dire qu'on voyait des petites annonces dans un journal qui s'appelait "Le chasseur Français" où la femme mettait "cherche homme ne buvant pas" ! Là, la création de la famille était utilitaire, il y a avait un homme qui avait besoin d'une femme chez lui, pour faire la cuisine et des enfants, il y avait une femme qui avait besoin d'un homme qui travaille, l'amour était tout à fait subsidiaire. Il y avait les petites danseuses, il y avait des femmes pour ça. Maintenant, on est devenu beaucoup plus exigeant et par contre on ne vit que des histoires d'amour, même si c'est le prix des divorces. Et d'ailleurs, ça ne dure pas beaucoup moins longtemps, parce qu'avant, les gens mouraient jeunes, vers 40 ans. Ils faisaient 20 ans de couples. Maintenant, on fait souvent 7, 10 ou 15 ans et c'est déjà pas mal, quoi… Mais on peut le faire plusieurs fois [rires].

Pierre Chatard : Selon toi, la fidélité doit être le ciment du couple ?

Jean-Jacques Goldman : Chacun son truc. Je pense que ça peut l'être. Ça dépend vraiment des contrats passés. Moi, je pense que quand on se marie à 20 ans, qu'on a une espérance de vie de 84, 85 ans, et bien je trouve ça un peu dommage, quoi ! [rires]. Mais, bon, on peut vraiment s'éclater dans le cadre du couple. Tant mieux pour ceux qui y arrivent !

"Pas de jolie vie, de joli chemin, si l'on craint la pluie" -----------------------------------------------------------

Pierre Chatard : Dans la chanson "La pluie", tu écris "Autant apprendre à marcher sous la pluie le visage offert", c'est-à-dire vivre avec insouciance et ne pas avoir peur du lendemain ?

Jean-Jacques Goldman : C'est surtout ne pas avoir peur de la peine, ne pas avoir peur du désespoir, des souffrances. Ça fait partie de notre condition. On peut prendre du Prozac toute la journée, et vivre tout un petit peu moins fort, à la fois en bas et en haut. Je ne suis pas contre après certains traumatismes, mais… maintenant on va voir un médecin parce qu'on a loupé un examen, pour qu'il nous donne des calmants. Un copain médecin me racontait qu'on venait prendre des tranquillisants parce qu'on avait perdu son père ou sa mère… Ça fait partie de nos vies, ça… Il faut être capable d'assumer ces choses-là. Et puis, on mourra nous aussi un jour.

Pierre Chatard : Tu as fait l'EDHEC à Lille. Est-ce que tes études de Commerce t'ont servi dans ta carrière de musicien ?

Jean-Jacques Goldman : Etudes de commerce ? Pas particulièrement, mais des études, certainement. Déjà, quand tu arrives et que tu as à faire à la presse et que tu sais que tu as fait plus d'études qu'eux, déjà, tu te sens mieux [rires]. Parce qu'il y avait l'Ecole de Journalisme en face de l'EDHEC, et que tu sais qu'ils ne sont pas très malins [rires]. Aussi, probablement pour gérer des équipes. Et puis on a quand même à faire à des multinationales, et quand on arrive devant des managers, des chefs de produits, ou des gens comme ça, il faut être capable aussi de leur répondre, et de dialoguer avec eux.

Star Academy ? Des stars d'images, des produits télévisés mais… Wait and see !

Pierre Chatard : Que penses-tu de la Star Academy ?

Jean-Jacques Goldman : Je n'ai pas regardé, mais j'en ai un a priori plutôt favorable, ne serait-ce que parce qu'il est de bon ton d'hurler dessus. Moi, je me souviens que quand je suis arrivé, c'était un lieu commun de dire que j'étais un chanteur à minettes, et que je ne passerai pas le printemps. Quand les Boys Band sont arrivés, tout le monde crachait dessus, et dedans il y avait un Robbie Williams, il y avait un Georges Michael qui sont juste deux artistes importants, donc j'aurais tendance à dire "wait and see", parce que je suis bilingue ! [rires]

Pierre Chatard : Tu ne trouves pas que c'est un peu injuste par rapport aux chanteurs de la nouvelle vague de la chanson française qui ont un accès plutôt limité aux média ?

Jean-Jacques Goldman : Je pense que c'est quelque chose de différent. D'ailleurs, tout le monde se fout des chansons, personne ne peut te citer les dix chansons de l'album de Star Academy ou de L5. Ce sont des produits télévisés, et pour moi ce n'est pas péjoratif. Je sais qu'actuellement, ils font des tournées triomphales, mais les gens se foutent bien de savoir s'ils chantent bien ou pas. D'ailleurs, je crois qu'il y a un gars qui est super connu et que ne chante pas très bien [Jean-Pascal, ndlr !]. C'est plus des stars d'images, donc forcément éphémères. Qui se souvient du nom des acteurs de AB Production ? Mais ça n'empêche pas que de tout ça, il y a peut-être un gars qui va réussir à faire sa place. Pas la peine de l'assassiner tout de suite.

Pierre Chatard : La route a l'air d'être longue quand même pour arriver à la reconnaissance, quand on voit par exemple le temps qu'a mis Gérald De Palmas ?

Jean-Jacques Goldman : En France, c'est un peu plus long parce qu'il y a une grande exigence de texte, et c'est difficile de faire des textes un peu plus posés si jeune. Ça, c'est la particularité du public français.

"Moi je ne vote plus / Les politiciens sont tous corrompus" --------------------------------------

Pierre Chatard : Comment t'es-tu senti le soir du 21 avril ?

Jean-Jacques Goldman : Pas si surpris que ça.

Pierre Chatard : Tu as dis que tu comprenais l'exaspération de nos concitoyens qui menait au vote FN. Tu imaginais une exaspération si importante chez les Français ?

Jean-Jacques Goldman : En fait, le FN n'a pas gagné tant de voix que ça. Ce qui est le plus inquiétant pour moi, c'est la perte de confiance dans les partis traditionnels. Le problème reste le même, il y a des gens qui ont voté Front National, qui ne votaient pas à droite il y a dix ans, et c'est souvent dans des quartiers très populaires, c'est souvent des gens qui votaient à gauche, et ça veut dire qu'ils sont dans des conditions de vie inadmissibles. Donc il faut que maintenant, les gouvernements démocratiques résolvent ces problèmes de délinquance et d'insécurité qui ne sont pas des fantasmes, on le sait tous, sauf les hommes politiques qui disent que ce sont des fantasmes… Mais nous, on a tous des potes qui se sont fait braquer, qui se sont fait attaquer, donc il faut que les pouvoirs publics s'en rendent compte et résolvent ces problèmes, sinon après, c'est le FN qui sera porté au pouvoir à cause de ça.

"On peut boire du Coca, manger des Mac Do et rester des Français" -----------

Pierre Chatard : La globalisation, tu la vis comment ?

Jean-Jacques Goldman : Je dirais plutôt positivement. Sur le plan des Droits de la Femme, des Droits de l'Enfant, je ne trouve pas ça négatif. J'ai l'impression que ce qui a fait tomber le Mur de l'Est, c'est les ondes, plus que les avions et les bombes, c'est les informations qui passaient et qui disaient comment on vivait à l'Ouest. Donc, je pense que ça peut faire progresser énormément l'humanité, mais c'est comme tout, il va y avoir des très très gros pouvoirs, et il faut évidemment des contre-pouvoirs. Je ne sais pas s'il faut en avoir archi-peur. Je pense qu'on peut boire du Coca, manger des Mac Do en France, et rester vraiment des Français, et bouffer bien aussi. Voir des films américains, et puis être capable aussi par exemple, d'écouter 60 ou 70 % de chansons françaises tout en aimant bien Lionel Richie. Cela ne me paraît pas incompatible.

L'éducation : la clé -------------

Pierre Chatard : C'est aussi donner le pouvoir à des multinationales qui feront tout pour nous faire acheter leurs marques…

Jean-Jacques Goldman : Ils n'ont du pouvoir que sur les masses les moins éduquées, donc c'est à nous de faire qu'on soit tous suffisamment éduqués pour pouvoir s'affranchir de ces publicités, et de pouvoir en rigoler, plutôt que d'avoir fondamentalement envie des produits qu'ils veulent nous faire acheter.

Pierre Chatard : "Là-bas", "On ira"… L'idée d'ailleurs est toujours présente dans tes chansons. Vivre la même vie mais autre part : où serait-ce ?

Jean-Jacques Goldman : J'espère ne jamais partir. Nulle part. Ce serait terrible pour moi de partir de France, c'est un pays que j'adore.

Pierre Chatard : Le style de vie à Marseille te convient plus que celui de Paris ?

Jean-Jacques Goldman : Je voulais partir de Paris, pas spécialement parce que c'est Paris, mais parce que c'est une très grande ville, que j'y suis né et j'y ai toujours vécu, parce que c'est très difficile de vivre là-bas. J'avais envie de partir depuis 5, 6 ans. J'hésitais entre le sud-ouest ou le sud-est, et puis j'ai rencontré mon épouse à Marseille. Ce qui me m'a le plus frappé, c'est la gentillesse des gens.

Pierre Chatard : Ils n'ont pas l'arrogance des Parisiens…

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai, ils branchent et tout ça, mais ils ont une gentillesse étonnante.

Pierre Chatard : Que penses-tu de l'industrie du disque ?

Jean-Jacques Goldman : C'est une industrie qui est en train de se structurer, il y a moins de charlots, de divas, ça devient de plus en plus des gars des Ecoles de Commerce, des gestionnaires.

Pierre Chatard : C'est une influence positive, tu penses, que les directeurs artistiques soient issus d'Ecoles de Commerce ?

Jean-Jacques Goldman : Je le pense, parce qu'ils nous laissent plus tranquilles. Ils s'occupent plus de leur business, c'est-à-dire, de ce que l'on attend d'eux : savoir comment nous défendre, comment nous vendre, comment nous proposer… J'ai quand même vu des directeurs de maisons de disques dire "est-ce qu'il ne faudrait pas mettre un petit peu plus de grosse caisse, là ?" [rires]. On n'a juste pas envie qu'il le dise, ça ! On a envie de lui dire, "mets-nous dans les rayons, et puis on se charge du reste !".


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