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Chorus n°14
(6 août 1995)

Chorus n°14
6 août 1995
Fred Hidalgo

Question : Qu'est ce qui compte dans une chanson ? JJG : "La concordance avec l'air du temps, j'en suis convaincu."

A propos des médias et de Céline Dion : JJG : "Céline Dion enregistre des disques depuis longtemps, sans en vendre aucun ou presque en France, et tout d'un coup l'album que j'ai écrit pour elle dépasse le million d'exemplaires ; c'est comme si je lui avais donné la clé d'entrée vis-à-vis des médias, qui fait que le public peut enfin entrer en contact avec elle... L'artistique n'explique pas tout. Etant donné l'importance de la voix de Céline Dion, car c'est une vrai chanteuse pas une diseuse de textes, la qualité de l'album n'explique pas ce passage brutal de rien à tout. Elle chantait déjà aussi bien.

Radio JJG : "Il y a moins de place aujourd'hui alors qu'il y a plein de station FM... Il n'y a plus qu'un nombre limité de chanteurs français qui passent sur les grands réseaux FM. Plus ça va et moins y'en a ! Mais ceux qui sont là vont être archi-diffusés.

Disque JJG : "Un noyau de fidèles achète l'album dès sa parution. Ensuite c'est un public complémentaire amené par la diffusion radio."

Album Rouge : Pourquoi a t-il etait moins diffusé ? JJG : "Sans doute parce que les chansons étaient moins bonnes, qu'elles étaient moins dans l'air du temps. D'abord tu as, disons, entre 200 000 et 400 000 personnes qui achètent le disque, et ensuite tout dépend de l'accueil radio."

JJG écrivant pour les autres : Alain Souchon : "Jean-Jacques m'a composé la musique d'une chanson, mais je n'ai pas su mettre de paroles dessus." JJG (en riant) : "Il la trouvait trop bien pour lui..." JJG : "Je fais ce que j'ai envie de faire, au moment ou j'en ai envie. C'est tout. Au départ je voulais écrire des chansons pour les autres. Comme personne n'en voulait, je les ai chantées moi-même. Et il s'est passé ce que l'on sait, à quoi je ne veux pas renoncer car il s'agit d'un sacré cadeau. Mais ce que j'aime faire et que je veux continuer - et mon association avec Carole et Michael va dans ce sens - c'est écrire pour des voix. Ecrire pour moi m'intéresse moins que d'écrire pour les autres."

Scène JJG : "Je ne veux pas y renoncer car j'y ai pris goût. En revanche, si on m'avait fait confiance au départ comme auteur-compositeur, je n'aurais sans doute jamais chanté... Je trouve sympa d'avoir des réactions fortes sur une nouvelle chanson en public parce que, justement, ça n'est pas mon cas. La période 83-90 reste plus forte pour le public, je le sens bien dès que j'attaque une chanson comme Je te donne ou Envole-moi."

Question : Est-ce parce que tu étais seul et que maintenant c'est un groupe ? JJG : "Non, ce sont les chansons elles-mêmes." Francis Cabrel : "Pour le public, les chansons ne prennent pas de rides. Il y a toujours quelque chose de plus dans les anciennes, un petit effet nostalgique." JJG : " Les chanteurs qui ont la cote aujourd'hui ont plus de 40 ans. C'est paradoxal. Quand j'étais jeune, j'écoutais Bob Dylan, les Beatles, c'est-à-dire des jeunes et pas les vieux, ceux qui avaient 40 ou 50 ans... Quand on écoute les Beatles maintenant, on est sidérés d'admiration. Pareil avec Ferre, Brassens... On est sidérés par la force, la qualité de leur chansons. Aujourd'hui, y a-t-il un jeune artiste qui nous laisse admiratifs et dont on se dirait : il n'a pas de chance parce qu'il fait partie de cette relève qui n'a pas voix au chapitre dans l'audiovisuel ? Autrement dit, y a-t-il un disque, ces derniers temps, qui m'ait plu davantage que le dernier Francis Cabrel ou Alain Souchon ? Voila la question. Alain Souchon : "Pour moi l'unité est dans la couleur musicale, pas les textes" JJG : "Oui, mais ça le public n'en parle pas. Chaque fois que je reçois des lettres de gens qui aiment bien mes chansons, c'est toujours, toujours, par rapport au texte, et jamais sa forme musicale. Yves Simon : "C'est le mot qui fait rêver, pas la note." (Remarque : les 4 chanteurs sont d'accord sur ce point)

Question : Pourquoi faire une tournée des salles parisiennes ? Francis Cabrel répond qu'il a piqué l'idée à JJG, qui répond que lui l'avait piquée à Moustaki qui avait fait une tournée de Paris.

Scène Yves Simon : "Ce n'est pas la teneur de la critique qui compte, c'est la couverture médiatique" JJG : "On sait déjà des mois avant, si les gens vont venir ou pas, puisque on doit retenir les salles longtemps à l'avance, avant même que les médias commencent à en parler."

Question sur la Tournée de Villages, faite presque sans publicité : JJG : "C'était l'envie de ressentir la même chose que lorsque je vais voir les concerts de Francis Cabrel ou Alain Souchon, l'envie d'avoir les mêmes silences... Y'avait environ 800 personnes. La première partie était acoustique, comme au New Morning : tous les gens étaient assis et nous aussi sur scène, ce qui changeait beaucoup le style du spectacle, la deuxième partie était électrique."

Question sur les premières parties de concert : JJG est sceptique sur le lancement d'un nouveau chanteur qui passerait en première partie.

Chanson et Ecole de chanson Francis Cabrel explique son projet d'organiser des stages pour apprendre à écrire des chansons. JJG répond : "Je ne pense pas qu'on puisse scolariser la chanson. S'il existe aujourd'hui un vrai mouvement dans la chanson française : c'est le rap... qui est né dans la rue. La chanson vient d'où on ne l'attend pas et si possible de nulle part. Les conservatoires fabriquent des artistes au moule alors que la spécificité de l'artiste, c'est d'être soi-même, de ne ressembler à personne."

Les maisons de disques JJG : "Il ne faut rien attendre des maisons de disques. C'est le boulot de l'artiste d'aller au devant des professionnels. Aucun de nous n'est un artiste qui déclame des vers en solitaire dans la campagne. Nous sommes tous des gens qui, de façon consciente ou pas, avons analysé la situation, réfléchi a ce qu'il fallait faire ou pas. Nous avons tous fait des compromissions, y compris le plus incorruptible, y compris Brassens... Tous ceux qui ont réussi savaient ou aller et comment y aller. Si un artiste est incapable de séduire une personne dans une maison de disques, je ne vois pas comment il pourrait avoir l'ambition de séduire une salle entière, voire des millions de gens. Enfin, je crois... Il ne faut jamais rien déléguer. On est responsable si on se casse la gueule ou si on monte et aucun de nous ne doit quoi que ce soit à qui que ce soit. D'une maison de disques, on attend de la bonne volonté, des encouragements car on y est sensible, mais certainement pas des idées, certainement pas une aide stratégique, ni des conseils pour le choix d'une salle ou la façon de s'habiller. Le débutant qui pense ça, il faut qu'il l'oublie tout de suite. (remarque : les 4 chanteurs sont d'accord)

Les quotas de 40% de chansons francaises a la radio : Francis Cabrel : "Les quotas sont indispensables car on ne peut pas compter sur le sens civique des radios commerciales." JJG : "D'autant plus indispensables, d'ailleurs, que ces mêmes radios avaient une forte tendance à ringardiser ce qui est francophone."

Question sur la justice par rapport aux talents incontestables (autrement dit, pourquoi, quelqu'un qui a un talent incontestable n'arrive pas à percer) JJG : "Qu'est-ce qu'on a comme talent incontestable ? C'est le talent d'avoir vendu des disques. La création, les mots, la musique, la poésie ne sont pas "incontestables". La seule chose incontestable, c'est que ça marche pour certains, pas pour d'autres. Il n'y a pas de jugement de valeur et aucun de nous ne prétend avoir plus de talent que d'autres." JJG : "Jamais la chanson française ne sera diffusé aux Etats-Unis parce que les américains ne supporte pas ce qui n'est pas diffusé en anglais."

Education - Ecole JJG : "Je pense qu'un gamin qui arrive en 6ème, il vaut mieux lui faire étudier un texte de MC Solaar qu'il connaît, ou "Octobre" de Francis Cabrel, pour l'aider à entrer dans l'univers des livres, plutôt que de lui imposer Racine ou Francois Villon... De nombreux enseignants étrangers se servent de nos chansons pour enseigner le français. La chanson est une entrée formidable à la littérature et pas du tout honteuse. Prends par exemple "C'est la nuit" de Michel Jonasz... Molière, c'est grâce à l'école qu'il est passé à la postérité, pas grâce aux médias... Mes trois enfants n'ont reçu aucun enseignement musical à l'école."

Causes humanitaires JJG : "Pour la Bosnie, nous sommes impuissants, mais je suis allé chanter pour les restos du coeur dans un village qui s'était mobilisé tout entier. Et là, c'est du tangible, on sait que ça change les choses au quotidien. Pour l'Ethiopie, tout a été détourné par les affameurs même. Ça ne donne pas envie de recommencer. Ça ne veut pas dire qu'on n'en a rien à foutre, mais quoi faire ?... Pour aider la Bosnie, le Somalie et tout ça, il faut faire de la société française - sur laquelle nous avons de l'influence - une société phare qui ne ressemble pas à la société américaine où c'est chacun pour soi qui prime mais une société où il y ait toujours une sécurité sociale, un RMI, une mobilisation contre l'exclusion, une école, une université qui marchent vraiment. Et ça, ça peut faire tache d'huile."

A propos du rap JJG : "Le rap ne dit rien". Alain Souchon (en riant) : "Il est colère, Goldman !" JJG : "Non mais soyons clair : si le rap dit quelque chose, il dit de plus en plus ce que les consommateurs du rap ont envie d'entendre. C'est un phénomène commercial parce qu'il existe un marché de l'exclusion, de la violence et de la haine. Ce rap-là obéit à l'objectif le plus cynique et le plus épouvantable : le profit... Nous vivons dans l'un des rares pays où l'éducation est obligatoire et gratuite jusqu'à 16 ans, on ne peut pas dire ça dans un morceau de rap, ce n'est pas conforme au message convenu. Ils diront les flics nous arrêtent, nous tabassent, nous expulsent, alors que nous sommes dans l'un des pays où il y a le plus de recours de justice. Bien sûr, il y a des contre exemples, comme MC Solaar ; I Am, Fabulous Trobadors qui apportent quelque chose."

JJG a l'âge de 10 ans JJG : "Je ne connaissais pas du tout le monde de la chanson, j'avais plutôt des problèmes personnels, d'intégration au monde. A 13 ans, j'ai commencé à me rendre compte que la guitare à la main, les filles venaient à ma rencontre : là, je me suis dit qu'il y avait quelque chose à creuser..."

Question : Il y a une influence des filles dans la vocation ? JJG (en riant) : "Fondamentale." JJG : "Le rôle fondamental de ma carrière, c'est l'ennui, le rôle de l'ennui. Le fait de ne pas avoir la télé tout de suite, de jeux vidéos etc. d'avoir tout ce temps devant nous a notre disposition, des week ends entiers... On pouvait lire, écouter des disques...ou prendre une guitare."

Les projets JJG : "J'ai cessé d'accepter des projets de façon à pouvoir retravailler un peu pour nous. Et comme je n'ai rien d'avance..."

A propos du courrier JJG : "J'ai une lettre toute faite où j'explique que pour devenir chanteur, il faut chanter - donc chorale, groupe de quartier, bals etc. et aussi trouver un parolier ou un compositeur. Et je termine en disant : moi ça m'a pris 20 ans, bon courage" (en riant).


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