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Quand la musique est vacances
(Salut, avril 1991)

Quand la musique est vacances
Salut, avril 1991
Nicole Korchia
Retranscription de Monique Hudlot

Nicole Korchia : Une fois encore tu as choisi l’île Maurice et la Réunion pour donner le coup d’envoi de la scène. Connaissais-tu ces endroits avant d’y débuter ces concerts ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, c’est la troisième fois que nous allons y jouer.

Nicole Korchia : La vie d’artiste a du bon !

Jean-Jacques Goldman : Oui, voyager fait partie des grands privilèges… [sourire]

Nicole Korchia : Jouer tes premiers concerts sous le soleil est presque devenu une habitude…

Jean-Jacques Goldman : Oui cela date déjà des deux dernières tournées. Je me suis rendu compte que c’était très stimulant de commencer ici. Ça nous permet de partager d’autres choses que des répétitions et des concerts. Ne serait ce que des repas, des journées, des activités, des sorties, des bouts de vie en commun. Et quand on revient, on est une espèce de "gang", de commando musical… [sourire] Il s’est passé autre chose entre nous tous et ça se sent sur scène.

Nicole Korchia : Quelles sont tes impressions sur ces îles ?

Jean-Jacques Goldman : On ne peut pas les comparer. La Réunion est un département français et c’est l’endroit que je préfère des deux. C’est un paysage très intéressant, à l’intérieur des terres surtout, avec peu de plages, très beau, très sauvage. Et puis je n’ai jamais vu un tel brassage de races. C’est hallucinant… On voit des filles d’origine africaine avec des yeux verts, des métisses incroyables. Il y a un vrai mélange. L’île Maurice c’est autre chose. C’est une île de plage avec un million d’habitants à dominante hindoue (85 %). Les races ne se mélangent quasiment pas ou très peu. Ce n’est pas la même culture…

Nicole Korchia : A la Réunion j’imagine qu’on connaît bien ta musique mais l’île Maurice c’est plutôt surprenant.

Jean-Jacques Goldman : A l’île Maurice, il y a un système de cassettes pirates et les gens qui sont anglophones normalement sont restés très francophiles. Ils parlent tous français, les boutiques ont des noms français, ils écoutent beaucoup de chansons françaises. On y entend tout ce qui passe ici.

Nicole Korchia : Vacances oblige, on vient de te découvrir, sous le soleil, un côté sportif. Parle-moi de ton expérience de surfer.

Jean-Jacques Goldman : Un type m’a proposé d’essayer, c’était l’occasion… Je suis resté sur le surf à peu près un quart de seconde chaque fois et il me fallait à peu près dix minutes pour remonter et aller rencontrer la vague. C’est un sport terriblement dur mais fascinant.

Nicole Korchia : Joues-tu les touristes également ?

Jean-Jacques Goldman : Un peu, j’aime bien découvrir les endroits par rapport aux gens que je rencontre. Certains ont fait le tour de l’île en hélico, d’autres de la pêche. Moi, j’ai loué une moto et j’ai rencontré des motards. C’est un peu comme pour les surfers, j’en ai rencontré alors j’ai essayé. La secte des surfers m’a particulièrement impressionné. C’est étonnant. Certains sont là tous les matins à 4h30 pour attendre la vague. Ils se lèvent, vont voir la vague… C’est la première chose qu’ils font, puis ils vont se recoucher après. C’est une passion quoi ! Leurs gestes, leur langage, leur amour… Impressionnant.

Nicole Korchia : Comment est l’accueil ici ? Le brassage de race augmente-t-il la réceptivité musicale ?

Jean-Jacques Goldman : J’ai l’impression qu’au-dessous de la méditerrannée, partout la musique est vraiment reine. Dans toute l’Afrique… Ici la musique fait partie de la vie et tous les genres sont acceptés : antillais, rock, variétés…

Nicole Korchia : Cette fois-ci, vous êtes trois chanteurs sur scène et tu n’es pas vraiment au centre…

Jean-Jacques Goldman : C’était déjà un peu le cas sur les autres tournées où la scène était vraiment prise par tous les membres du groupe que ce soit Pinpin (saxophoniste) ou Michaël (Jones). Il y avait des individualités qui faisaient que j’étais parfois en retrait. Michaël chantait une chanson, Pinpin prenait la scène et quand Carole (Fredericks) arrivait, c’était fini, on ne voyait plus personne d’autre !

Nicole Korchia : Pour toi la sensation "live" à trois doit être différente.

Jean-Jacques Goldman : Oui, ça n’a rien à voir. En fait, le plaisir de la scène est toujours en bagarre avec l’angoisse. Et si tu es trop angoissé, tu n’éprouves plus de plaisir…

Nicole Korchia : Mais au bout de tant de concerts, tu as encore des peurs, le trac ?

Jean-Jacques Goldman : Ce n’est pas un endroit où je me sens vraiment bien naturellement. Avant il fallait que l’angoisse tombe un peu et au fur et à mesure je prenais plus de plaisir. Aujourd’hui c’est immédiat, la responsabilité est moindre. Et puis il y a le bonheur d’entendre chanter les autres, d’être un peu plus guitariste.

Nicole Korchia : Beaucoup d’artistes disent qu’ils prennent leur véritable dimension sur scène. Pas toi ?

Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout. Moi je reste fondamentalement un type de studio et de composition.

Nicole Korchia : C’est-à-dire que tu aurais pu t’en passer ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, j’adore faire de la scène, mais c’est quelque chose qui ne me manque jamais. Je vois les autres artistes, je les côtoie, ils sont en sursis tant qu’ils ne sont pas sur scène. Ils attendent ce moment-là alors que pour moi c’est une chose que j’apprécie beaucoup, que j’aime organiser, j’adore les répétitions, mais à la limite, ce serait quelqu’un d’autre qui monterait dessus, ça ne me dérangerait pas !

Nicole Korchia : Alors pourquoi te forces-tu ?

Jean-Jacques Goldman : Mais je ne me force plus ! J’ai commencé à faire de la scène parce que les gens me le demandaient. A partir du moment où tu as touché des gens à travers des chansons, qu’ils t’envoient des lettres à tomber tu considérerais presque comme une trahison de ne pas y aller. J’ai donc fait des concerts mais ça me terrifiait. Maintenant je suis vraiment content d’être sur scène. J’ai appris à connaître la vie de tournée et à l’aimer… même si elle ne me manque pas quand c’est fini ! [sourire] C’est un plaisir mais ça n’est pas un besoin alors que pour beaucoup c’est une nécessité. Quand je ne fais pas de la musique, quand je ne compose pas, quand je n’enregistre pas, ça me manque. Je suis malheureux. J’en ai absolument besoin. La scène c’est comme les vacances. On peut s’en passer…

Nicole Korchia : Y a-t-il une chanson, un moment dans le concert que tu aimes particulièrement ?

Jean-Jacques Goldman : Vers la fin on fait un medley en acoustique où on évoque un peu toutes les chansons qu’on a pas pu chanter. Il y a une version de "Pas toi" à trois voix, et c’est un moment du concert que j’aime bien.

Nicole Korchia : Côté disques, tu es déjà double platine (plus de 600 000 disques vendus), n°2 au Top 50 sans grand renfort médiatique. C’est un peu décourageant pour les autres non ?

Jean-Jacques Goldman : Qu’est-ce que je peux répondre ? Médiatiquement comme tu dis, le vecteur naturel de la chanson c’est quand même la radio et il faut dire que ça passe beaucoup sur les ondes. Le reste c’est tout ce qui est "image", la presse, la télé… Je crois que c’est moins important pour la chanson.

Nicole Korchia : Mais quand on a autant de succès on ne peut pas dire "je ne l’ai pas fait exprès". Malgré tout, on fait tout pour…

Jean-Jacques Goldman : Bien sûr on fait tout pour quand même ! On fait de la musique pour séduire au départ, pour plaire, ne serait ce que par le temps qu’on y met. C’est vrai que tout ce qui est promotion c’est ce que les gens voient en apparence, mais quand même l’essentiel du travail de séduction qu’on fait c’est en écrivant les chansons et en les interprétant. Et ça on y a passé un an ou deux.

Nicole Korchia : C’est-à-dire que c’est par cet unique biais que tu as envie d’être aimé ?

Jean-Jacques Goldman : Pas envie d’être aimé pour moi. J’ai envie que mes chansons soient aimées. A la limite, moi, qu’on m’aime… Je ne suis pas "en manque" d’amour… [sourire] Mais j’aime bien que les gens aiment mes chansons…

Nicole Korchia : D’après ton courrier, y a-t-il un renouvellement de ton public ou plutôt une fidélité à toute épreuve ?

Jean-Jacques Goldman : Ce sont surtout les fidèles qui restent. Les plus jeunes sont passés aux autres et c’est normal d’ailleurs car moi j’ai 40 ans…

Nicole Korchia : Tu le regrettes ?

Jean-Jacques Goldman : Je regrette sûrement de ne plus avoir 20 ans ! [sourire] La relation adolescents-chanteurs est irraisonnable. C’est une vraie relation amoureuse inexplicable. Aujourd’hui ma relation avec le public est plus raisonnable et plus basée sur les chansons que sur la personne. J’aime autant.

Nicole Korchia : Tu ne pense plus être "l’idole des jeunes", comme beaucoup l’ont écrit.

Jean-Jacques Goldman : Ça c’est clair ! Mais je n’ai jamais beaucoup eu l’impression de l’être…

Nicole Korchia : Certains parlent de Patrick Bruel comme de la relève de Jean-Jacques Goldman. Partages-tu ce sentiment ?

Jean-Jacques Goldman : Certainement, lui et d’autres aussi.

Nicole Korchia : Tu entames ta tournée française en pleine période d’examen. Quels souvenirs te laissent ceux que tu as passés ?

Jean-Jacques Goldman : De mauvais souvenirs ! J’étais pas trop mauvais, mais de mauvais souvenirs, vraiment.

Nicole Korchia : Ces derniers temps tu as participé à plusieurs disques d’autres artistes (Rose Laurens, Yves Simon, Gildas Arzel…) Aurais-tu par exemple envie de découvrir un interprète à qui tu écrirais paroles et musiques ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, ça viendra, c’est sûr ! Ça dépasse l’envie, c’est une certitude. Pour le moment je n’ai pas le temps mais j’y pense. Ça doit être intéressant. J’aimerais beaucoup…

Nicole Korchia : Sur les billets de ta précédente tournée était écrit "Ça a été si long". Est-ce valable à l’aube de ce nouveau départ sur les routes ?

Jean-Jacques Goldman : Il y a eu la tournée "Les Enfoirés" entre les deux, alors disons que ça a été moins long !!! (sourire)


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