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Jean-Jacques Goldman
((article de Billboard, traduction d'Yvonne Williams))

Jean-Jacques Goldman
(article de Billboard, traduction d'Yvonne Williams)
1988

Jean-Jacques Goldman est un personnage solitaire qui adore la foule - pas pour s'y perdre, mais pour s'y trouver. C'est pour le public qu'il compose et écrit, et c'est pour la foule qu'il sort de sa tanière. Les chansons de Goldman représentent les paroles et la musique de la jeunesse, mais elles touchent aussi bien la mère de famille dans sa quarantaine que les jeunes à blousons de cuir dans les banlieues des grandes villes.

Il est le chanteur-chasseur, un des rares à rallier les générations. Son public est vaste. Un artiste en France n'a jamais peuplé les salles de concert comme Jean-Jacques Goldman. En France, il a attiré 100 000 personnes durant son passage au Zénith à Paris. A Forest National à Bruxelles (Belgique), 64 000 personnes étaient présentes. Et de nouveau à Paris, en mai 1988, les guichets de location comptaient 175 000 spectateurs.

Ce musicien autodidacte qui s'est lancé dans la musique pop tout de suite après l'université n'a pas besoin de publicité bruyante ni d'affiches plus grandes que nature. Ses concerts font souvent le plein sans qu'une seule image de lui n'apparaisse sur les murs des villes françaises, où il est adoré. Les places de ses concerts semblent se remplir de bouche à oreille.

C'est en 1973 que Goldman est d'abord apparu sur la scène avec le groupe Taï Phong, où il chantait et jouait de la guitare. A l'université, on l'avait surnommé Benny parce que son nom ressemblait a "Goodman," et sa vie était dominée par sa musique, avec aussi la forte influence d'Aretha Franklin à l'époque. Mais Taï Phong n'a duré que quelques années et Goldman s'est retrouvé de nouveau seul, ce qui lui convenait mieux, en fait. En l'espace de quelques années il est devenu le chanteur le plus populaire de France, grâce à son premier grand succès "Je te donne," qui s'est vendu a 1,5 million d'exemplaires.

C'était la chanson succès de son album "Non homologué", qui en 1986 s'est vendu en France à plus de 1,2 million d'exemplaires, l'album le plus vendu en France cette année là.

"Je te donne" est sorti en single, qui est devenu platine, sur lequel Goldman chantait en français et en anglais avec son guitariste Michael Jones.

Ses ventes en 1987 ont atteint 2,3 millions et l'année suivante il a reçu un disque de diamant pour la vente d'un million de son double album "Entre gris clair et gris foncé", suivi d'un double platine pour son album en public. Le single "Puisque tu pars" de l'album a reçu un prix d'argent et en 1988 Goldman a vendu 2,4 millions de disques.

Cet exploit l'a placé en tête, devant Michael Jackson, qui comptait 2 millions de ventes en France.

Goldman qui donne rarement des interviews a cependant laissé glisser quelques commentaires sur lui-même au fil des années. Il a dit : "Je ne suis pas le meilleur chanteur du monde, mais je dois faire partie de ceux qui travaillent le plus. Je prends des notes, j'observe, je regarde, je suis acteur et voyeur en même temps". Il rajoute : "C'est le public qui m'a appris à faire de la scène, qui m'a rendu comme eux. Dans le fond, je suis l'opposé d'une bête de scène. Mon énergie, je la dois au public."

Des commentaires de ce genre n'ont pas aidé les radios à comprendre Goldman. Il a plus de réponses qu'ils n'ont de questions. Timide et réservé, il est un être fragile, qui est devenu un géant sans l'aide de personne.

Goldman admet qu'il n'a pas grand chose d'intéressant à dire en dehors de ses chansons. "Je m'exprime dans mes disques, mes concerts et mes vidéos."

Il garde la tête sur les épaules,et décrit une fois comme un sex symbol, il a remarqué : "Un jour, une fille m'a dit que j'avais des yeux profonds. C'est drôle parce que personne n'avait remarqué que j'avais des yeux profonds quand j'étais inconnu. Quand vous vendez 100 000 albums, vous n'êtes pas mauvais ; à 300 000, vous êtes intéressant ; et à un demi-million, vous êtes carrément irrésistible".

L'archétype de l'anti-star, Goldman dort dix heures par nuit, apprécie la compagnie de ses trois enfants, joue au tennis avec ses musiciens, et conduit une voiture ordinaire. Il est le grand frère qu'on a toujours voulu avoir, ce qui explique peut-etre en partie son succès.

Décrit comme un poète de la fin du siècle, ses chansons sont simples, son language ordinaire et sa sensibilité combine la joie, la tendresse, la douleur et l'humilité. Les thèmes de ses textes semblent toujours provenir d'un petit coin distant de notre expérience.

Les critiques se demandent comment un artiste avec un style si anodin peut soulever tant d'émotion. Qu'est-ce qui enthousiasme vraiment ses fans ? Goldman reste dans l'ombre, loin des médias. Cet artiste qui a développé son art au niveau du chef-d'oeuvre se décrit simplement : "les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent. Ma démarche est un peu comme un club de vacances qui propose à ses clients de ne pas bronzer idiots ; quitte à faire des chansons je préfère qu'elles ne soient pas trop idiotes, mais le plus important pour moi est de faire chanter ceux qui les écoutent".

L'anti-exhibitionisme de Goldman n'est pas seulement une règle professionnelle, mais une façon de vivre. Son double album "Entre gris clair et gris foncé" était une offrande à tous ceux qui veulent briser les barreaux de leurs cages. La culmination de sept ans à l'affiche, un des deux albums représente la variété du style Goldman, son agressivité et sa profondeur. C'est un kaléidoscope dans lequel Goldman définit le monde dans lequel il désire vivre ; un monde sans racisme, sans indifférence et sans égoïsme. L'autre album, le côté gris foncé est comme Goldman lui-même, sans compromis. Comme il a écrit sur la pochette: "J'ai commencé avec un seul album, mais plus j'avançais dans mon travail, entre les séquences et les ordinateurs, et les consoles automatiques et digitales, plus j'éprouvais le besoin de prendre, de temps en temps, un vrai instrument et de jouer en direct avec juste quelques musiciens.

"Avec tout l'effort, juste comme avant quand je n'avais pas tout cet équipement sophistiqué. C'est ainsi que le second album est né, dans un petit studio, avec des chansons qui me faisaient plaisir, sans tout l'attirail des machines modernes."

Peu importe que les arrangements soient un peu dénudés, parce que ce qui ressort de cet album est une véritable impression de vérité, et de mélancolie. Le fils d'une génération lassée des supercheries et des révolutions, Goldman chante pour des causes comme Band Aid, SOS Racisme, l'Ethiopie et les Resto du Coeur, mais refuse de se laisser acheter par le monde politique.

Il dit: "La politique m'intéresse, mais je ne suis pas suffisamment convaincu, ni suffisamment crédible, pour persuader les gens de partager mes opinions. Et puis, je ne pense pas que mes vues soient supérieures a celles de ceux qui achètent mes disques.

"En chantant, on donne un peu de plaisir. Je pense que ça en vaut vraiment la peine, mais cela me ferait peur si je devais amener les gens à penser que j'étais également porteur d'un message ou d'une nouvelle idée."

Il y a peu de temps, alors qu'on lui demandait ce qu'il avait de plus que les autres, il répondit : "Il n'y a pas de mystère, juste un peu de magie".

Le dernier album de Goldman sorti en mars, s'appelle "Traces". Il raconte : "En mai 1988, mes musiciens et moi-même embarquions dans un tour de 147 concerts. Nous avons commencé par l'Afrique - le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Gabon, le Zaïre, et puis la Mauritanie, les îles de la Réunion et de Madagascar dans l'Océan Indien, avant de revenir en France. Nous nous sommes produits à Paris et dans un nombre de villes provinciales avec le groupe Canada, Béziers, Montpellier, Fréjus, Orange, Nîmes,Vienne, Annecy et puis au Canada. Nous avons bouclé le tour en septembre avec des concerts en Belgique et en Suisse.

"L'album représente pour nous une documentation de presque un an et pour le public celle d'une seule nuit. Cette documentation n'est pas parfaite, mais partielle et fragmentée, à laquelle il manque l'essence du moment et la vérité qui se dégage lorsqu'on est présent. Tout ce que nous n'avons pas pu capturer à l'époque, parce que l'émotion etait trop forte, prendra petit à petit sa place dans nos mémoires, le moment voulu."

"Traces" que l'on peut trouver dans toutes les configurations (vynil, cassette, vidéo et CD), gardera le rideau levé sur le grand tour de Goldman. Un tour qui ne devait pas se terminer en Europe.

En effet, parmi le public au Zénith à Paris se trouvait Dick Allen, un partenaire du renommé organisateur de tournées américain, William Morris. Goldman fut convaicu de traverser l'Atlantique. Il joua au Palladium à New York le 3 mars de cette année, performance qui incita le critique du New York Times de le décrire comme "l'idole normale".

Goldman est dorénavant une star universelle et, après New York, son itinéraire l'emmena - avec son T-shirt, ses baskets, et sa guitare - à Moscou et Leningrad, à Singapour, à Bangkok, Pékin et Tokyo, à la Nouvelle Calédonie et Tahiti dans le Pacifique, et de Los Angeles à Montréal, avant de retourner à la maison à la fin de l'été.

En toute modestie, aussi: "Pardon a ceux que j'ai pu décevoir ou choquer par une attitude, un mot, une absence, un silence".


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