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Goldman parle de ses batteurs
(Batteur Magazine n° 16, novembre 1988)

Goldman parle de ses batteurs
Batteur Magazine n° 16, novembre 1988
Marc Daum
Retranscription de Laure Emilie Rey

Les qualités requises pour devenir batteur de Jean-Jacques Goldman ? Se mettre d'abord à la place du chanteur répond l'auteur de "Quand la musique est bonne". Pas de doute : s'il y a un artiste qui cultive l'authenticité absolue dans ses rapports avec son public et qui la recherche tout autant chez les gens avec qui il est amené à travailler, c'est bien lui. Des preuves ? Dans cette interview réalisée dans le backstage du Zénith, Jean-Jacques se livre sans complaisance et "remet les pendules à l'heure". En exclusivité pour Batteur-Magazine.

Pas de machines ! ----------------- Jamais ! tu entends, jamais je ne jouerai sur scène avec une boîte à rythme.

Est-ce que c'est à moi de me plier aux aléas d'une machine ? Une fois j'ai vu Cock Robin cavaler après un séquenceur détraqué. Impossible de l'arrêter cette foutue machine ! Eux, paniqués, affolés en train d'essayer de rattraper la sauce... En plein milieu du rappel. Ce qui m'importe, c'est l'élément humain dans la musique. On est bien avec le public, quand on est bien sur scène.

C'est pour cela que les rapports avec les musiciens qui m'accompagnent sont tellement importants. Je fais tout pour les mettre à l'aise. On me dit que je gagne de l'argent. Personne ne se rend compte que si le guitariste a besoin d'une guitare, je lui achète sa guitare. De ce point de vue, je n'ai jamais compté.

Complicité ---------- Dans mon ancien groupe Taï Phong, nos rapports restaient strictement professionnels. Enfin si l'on veut. Ils jouaient tellement fort que je me cassais régulièrement la voix à assurer à cette puissance. Comment veux-tu jouer correctement avec quelqu'un qui n'a jamais pris la peine de venir boire un verre chez toi ? Primordial, la complicité chez un groupe de gens qui jouent ensemble.

Choisir le meilleur ------------------- Ceci dit, après la tournée de 86, je me suis posé la question : moi, Jean-Jacques Goldman, je suis un des chanteurs français qui fait le plus d'audience. J'ai droit à jouer avec les meilleurs. Logique, mais bon... J'engage qui ? Un batteur-star comme Cozy Powell (j'ai toujours rêvé de jouer avec lui...). Ou un Français top niveau en studio ?

Rapide tour d'horizon dans ma tête pour tâcher de réunir ceux qui me paraissaient réunir les qualités requises. A savoir : de la technique, du feeling, une disponibilité totale, un style de jeu en rapport avec ma musique... A me poser des questions du genre : jusqu'à quel point untel va être motivé pour jouer avec moi ? Ou pour partir en tournée ? Je me suis vite rendu à l'évidence. Compte tenu de ces paramètres, Jean-François Gautier était encore celui qui faisait le mieux l'affaire. J'aurais pu prendre Christophe Deschamps. J'adore son jeu. En studio, il a exactement le son et le style de batterie que j'ai envie d'entendre. Malheureusement je savais pertinemment qu'il n'aurait pas assuré une tournée aussi longue.

Prendre deux batteurs --------------------- Le problème du deuxième batteur ne s'est pas posé en ces termes. Au départ, j'avais engagé Jean-Claude Givone pour restituer sur scène l'ambiance du Fairlight que Joe Hammer avait amené dans les arrangements du disque. Il devait donc initialement jouer des parties de claviers et de percussions. C'est en les voyant tous les deux en répétition que j'ai peu à peu été convaincu de l'intérêt d'avoir deux batteries sur scène. Avec l'apparition des séquenceurs, il y a eu une évolution globale de la musique.

Seul, un batteur live ne peut plus tout faire. Il n'y a qu'à regarder Toto, Supertramp ou même Pink Floyd en concert : ils ont tous des percussionnistes plus ou moins polyvalents. Il ne m'a pas fallu plus longtemps pour réaliser (et Dieu sait si je suis un fan des deux batteurs des Doobie Brothers ou de Papoose) que deux batteries, cela sonne tout de suite efficace, énorme. Sans parler du côté visuel...

Il faut se mettre à la place d'un chanteur pour comprendre. Moi, ce que je recherche avant tout, c'est la sécurité de l'after-beat. Jamais je ne pourrais m'imaginer chantant devant la batterie de Porcaro. Il fait des breaks tellement bizarres... Avec Manu Katché, avec lequel j'ai pourtant joué un moment, je n'étais jamais à l'aise. Lui et son équipe, ce sont pourtant de fantastiques musiciens. D'ailleurs ils essayaient de jouer leurs parties le mieux possible mais c'était évident qu'on ne jouait pas la même musique.

Choisir l'aventure ------------------ Quant à mes musiciens, je tiens à ce qu'ils soient bien conscients du fait qu'une tournée aussi longue, c'est d'abord une aventure. Et crois moi, ils savent tous pourquoi ils sont là avec moi. Car c'est une aventure que d'aller rencontrer Papa Wemba en Afrique ou de tomber dans un traquenard à Madagascar (L'horreur ! On s'est retrouvé à 20 000 dans une salle qui ne contenait que 3 000 personnes. Jamais je n'aurais pu prévoir que l'armée qui assurait le service d'ordre était corrompue par les vendeurs de billets au marché noir. La prochaine fois je jouerai dans un stade !).

Garder son authenticité ----------------------- Parce qu'en définitive, chanteur ou instrumentiste : on ne puise jamais son inspiration que dans ce que l'on vit. Si tu mènes une vie de con, qu'est-ce que tu vas bien pouvoir raconter ensuite dans tes chansons ? Déjà que tout est fait dans la vie d'une vedette pour l'abstraire de la réalité. Après une télé, le producteur t'attend dans les coulisses, écarte les gêneurs et t'emmène chez toi en limousine...

A jouer ce jeu-là trop longtemps, tu te retrouves vite coincé dans un circuit de chanteur pour midinettes. Moi, je prends le métro (si, si c'est bien plus rapide pour venir au Zénith de chez moi qu'en taxi !).

Sérieusement, mieux vaut garder une certaine authenticité dans ce métier, sinon on s'expose à quelques vestes brutales... Une des pires ? Quand je suis parti incognito en Italie avec ma femme, pour me reposer d'une tournée. J'avais complètement oublié de prendre sur moi de l'argent liquide. Et là-bas Jean-Jacques Goldman, ils ne connaissent pas... Résultat, je suis resté cloîtré dans l'hôtel, le temps d'attendre mon fric. Indispensable n'est-ce pas, de se remettre de temps en temps en question ?


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