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Nos cinq jours à Shanghai avec Jean-Jacques Goldman
(Podium, février 1987)

Nos cinq jours à Shanghai avec Jean-Jacques Goldman
Podium, février 1987
Max Dumas Retranscription par Anne Moreau

Samedi 6 décembre (la nuit)

Il pleut, il fait froid, il y a du vent et il fait nuit lorsque le dernier vol de la CAAC, l'équivalent d'Air Inter Chinois, se pose enfin sur l'aéroport de Shanghaï. Cela fait deux bonnes heures que nous sommes en train d'attendre. Nous, c'est l'équipe technique : la productrice Béatrice Esposito et les deux réalisateurs de "Zénith", l'émission de Canal Plus, partis une semaine plus tôt pour faire les repérages et préparer le tournage. Nous sommes à l'aéroport depuis un bon bout de temps. Normalement, "ils"auraient dû prendre le vol précédent… le même que nous avons raté la semaine d'avant, faute de n'avoir pu confirmer les réservations Pékin-Shanghaï depuis Paris. Ça y est ! Voilà "les nôtres" ! Enfin. Un… deux… trois… On les repère. Ils sont blafards, ils ont l'œil cerné, mais la bonne humeur est générale. Jolie escapade, une vingtaine d'heures de vol, dix mille kilomètres, pour une série de cinq émissions de télévision pendant le tournage de Jacques Dorfman : "le Palanquin des Larmes".

Dimanche 7 décembre

Le lendemain, tout le monde se retrouve pour le petit-déjeuner. Les visages sont fatigués, mais les langues vont bon train. Michel Berger et France Gall font partie du premier "charter" de tournage de l'émission. Jean-Jacques Goldman et sa femme Catherine sont ravis, ils vont pouvoir aller se balader et faire un peu de shopping. Ils ont déjà repéré les pulls que nous portions ainsi que les casquettes "Mao", en toile ou en drap bleu… ils veulent les mêmes. C'est urgent ! En plus, Jean-Jacques décide qu'il portera cette casquette pour l'émission. Il est onze heures, Jean-Jacques, Catherine et moi débarquons dans un des célèbres "Magasins de l'Amitié" où nous allons nous emplir les yeux des merveilles de l'artisanat. Nous faisons des efforts pour ne pas céder à la tentation de dévaliser le magasin. Objets d'ivoire sculptés, bijoux de jade, tapis, soieries, rien ne manque. Jean-Jacques est d'une retenue exemplaire. Ce n'est pas qu'il ne soit pas tenté, non, simplement il sait que s'il cède il repartira avec une valise supplémentaire bourrée d'objets dont il n'aura pas l'utilité de retour à Paris. Je suis admiratif devant sa sagesse, alors que Catherine et Robert Toutan, directeur de promotion CBS, responsable de Jean-Jacques, commencent à craquer. L'après-midi se passe agréablement. On a encore le ventre un peu gonflé du festin qu'on a fait au déjeuner. Shanghaï est une ville gigantesque. Jean-Jacques me fait remarquer qu'il y a la même ambiance qu'une ville du sud de la France. C'est ma foi vrai. Les rues sont bordées de platanes, il règne une impression de douceur de vivre, malgré la fraîcheur, et surtout il y a partout une animation décontractée. Ce n'est pas sans rappeler Marseille. Une Marseille plus grande que New-York. Peut-être parce que Shanghaï est un port. Jean-Jacques est hilare, personne ne le connaît. Lorsque la journée s'achève, Jean-Jacques a trouvé sa casquette ! Il ne la quittera plus, ni pour les émissions, ni dans la rue. Les chinois se retournent et le montrent du doigt avec amusement. Un "Blanc", c'est déjà rare, mais avec une casquette "Mao", imaginez donc !

Lundi 8, jour de travail

Le premier plateau a lieu devant un des hôtels le plus ancien et le plus connu de la ville, le "Peace Hotel". C'est une immense bâtisse d'architecture années trente qui rappelle certains grands buildings new-yorkais. France Gall, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman, Michel Denisot ainsi que toute l'équipe sont en groupe sur le trottoir. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, c'est l'attroupement. Les Chinois sont curieux. Ils nous dévisagent comme si nous étions des extra-terrestres. Ce n'est pas tous les jours qu'ils voient rassemblés autant de Blancs ! Mais il faut le dire, la vraie vedette pour eux, ce ne sont pas les artistes : c'est la caméra ! Il faut faire le tournage rapidement, sinon ça va être l'émeute. Tout se passe bien, Michel Denisot fait ses interviews avec maestria malgré le tohu-bohu. Tout est en boîte pour cette prise, nous partons à toute vitesse. L'après-midi, nous allons rejoindre l'équipe de tournage du film "Le Palanquin des Larmes" sur un lieu spécialement aménagé et appelé "La Place du Marchand de riz". Là sont tournées des scènes importantes du film. Nous sommes tous en admiration devant la complexité de la tâche. Le metteur en scène, Jacques Dorfman, est français, le réalisateur de la deuxième équipe est américain, ils sont tous les deux aidés par des assistants réalisateurs chinois. Dans ces conditions, vous imaginez aisément le travail que fournissent les interprètes !

Mardi 9, matin

Jean-Jacques doit enregistrer "Je marche seul". L'idée est de le filmer sur l'avenue principale de Shanghaï, Nanjin Road, l'avenue de Nankin. Ils sont des milliers, à pied, en vélo, en autobus ou en trolley plein jusqu'à ras bord, à envahir la rue. Jean-Jacques marche effectivement seul, au beau milieu de cette foule qui l'ignore superbement. Évidemment, ils sont tous agglutinés autour du caméraman installé en haut d'un escalier circulaire, à quelques dizaines de mètres de notre idole nationale. Il y a de plus en plus de monde autour de l'équipe technique. Ça ne fait rien, la prise est bonne. Nous quittons la passerelle à toute vitesse avant qu'un policier zélé vienne nous demander nos autorisations de filmer ! Nous les avons, évidemment, mais pas celle de créer le désordre sur la voie publique. L'après-midi, nous allons sur le port, le "Bound", où arrivent des bateaux des quatre coins de la Chine et du monde entier. Là, Jean-Jacques doit chanter "Au bout de mes rêves". Là encore, même foule, même admiration pour la caméra.

Mercredi

Journée importante. Jean-Jacques doit enregistrer avec Michel Denisot l'émission du 31 décembre. Il doit interpréter "La vie par procuration" dans le temple. C'est un endroit magnifique au cœur de la ville, les chinois l'appellent "Lon-Hua". L'après-midi, après un déjeuner mémorable dans un des meilleurs restaurants de la ville, Jean-Jacques chante "Parler de ma vie" dans la vieille cité. Michel Denisot l'interviewe, lui parle de son année 86, de l'album qu'il a fait avec Johnny. Et là… surprise… Yao, notre interprète qui ne manque pas d'humour vient lui remettre une récompense aussi importante que "Les Victoires de la Musique", il s'agit du "Bouddha d'Or de l'année 1986". Jean-Jacques n'en revient pas, il est pris d'un fou rire que seul Michel Denisot arrivera à lui faire passer par le côté imperturbable de son attitude. Son rôle de Maître de Cérémonie ne peut pas lui laisser faire n'importe quoi ! Ça y est, la mission chinoise de Jean-Jacques est remplie ! Il n'a pas démérité. France Gall et Michel Berger de leur côté ont travaillé d'arrache-pied pour enregistrer dans les endroits les plus imprévus et les plus surprenants.

Jeudi 11 décembre

Dernier jour pour Jean-Jacques. Il se lève tôt le matin et part avec Catherine faire quelques emplettes. Nous sommes tristes, il doit nous quitter. À cinq heures, il prend l'avion, prochaine étape : Papeete. Jean-Jacques doit y rejoindre son orchestre pour y faire un concert. Nous l'accompagnerons à l'aéroport. Il disparaît au milieu de cette même foule toujours bavarde et souriante. Nous ne voyons plus que sa casquette. Il ne l'a pas quittée !


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