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Jean-Jacques Goldman, choisir ses insolences
(Swing, 1986)

Jean-Jacques Goldman, choisir ses insolences
Swing, 1986
J-M W
Retranscription de Magali Moscardo

Sa tournée est un succès, son spectacle est parfait et même les critiques commencent à le reconnaître. Jean-Jacques Goldman est en train de conquérir la francophonie et il ne serait pas étonnant que les anglo-saxons finissent aussi par succomber. Swing l'a rencontré.

"Goldman est nul ! Goldman chante faux ! Goldman ne plaît qu'aux minettes ! Goldman écrit des chansons débiles ! Goldman est un ringard !" Quelques-unes parmi les multiples critiques adressées au créateur de "Je te donne". Ce dernier a inséré toutes les plus mauvaises critiques parues dans la presse à son sujet, dans les pages centrales du programme de son spectacle au Zénith.

Jean-Jacques Goldman : "C'est en voyant les programmes des autres que j'y ai pensé. Il n'y a que des critiques dithyrambiques : C'est formidable, merveilleux, etc. Je me suis dis que je ne devais pas avoir de bol parce que j'ai rarement eu des critiques comme ça. Au contraire, je trouve qu'on ne fait guère de cadeaux aux jeunes chanteurs qui commencent. Alors j'ai voulu montrer au public à quel genre de juges on se heurtait. Quel genre de bâtons (plus ou moins justifiés) on nous collait dans les roues...". Parmi toutes ces critiques, il y en eut malgré tout quelques-unes de plus positives ?

Jean-Jacques Goldman : "Dans l'ensemble, il n'y en a pas eu beaucoup. J'ai pas le profil standard du chanteur intéressant. J'ai pas le physique de l'emploi, pas la voix de l'emploi, pas la barbe ou les cicatrices de l'emploi, ha ha ha... Ceci dit, c'est vrai que récemment des gens comme "Paroles et Musiques" (Ndrl : LE magazine de la "bonne" chanson française) m'ont consacré un dossier entier. J'ai été le premier étonné. Je ne voulais d'ailleurs pas faire l'interview. Mais ils ont insisté et je leur ai demandé de mettre en prologue que moi, je n'étais pas demandeur pour cela. Je n'avais pas envie de choquer leurs lecteurs et je crois que ça a choqué beaucoup de gens de voir ma tête en couverture. Bref, c'est eux qui ont insisté pour le faire. Ceci dit, je ne connais pas leurs motivations... Problèmes de tirage ou fin de mois difficile peut-être (rires)... Mais en tout cas, ils ont fait ça sérieusement".

Partis au Zénith en curieux afin de voir son spectacle, nous en sommes revenus convaincus. Deux heures et demie de musique. Pas une minute de trop. Un spectacle à la fois simple et parfait avec en prime un humour qu'on ne soupçonnait pas.

Jean-Jacques Goldman : "Au départ, je ne suis pas un type de scène. Ceci est ma deuxième tournée et ce qui m'a le plus surpris, c'est le public. En fait un concert, c'est 50 % de ce qui se passe sur scène et 50 % de ce que donnent les gens. Et une des caractéristiques du public que j'ai rencontré partout, c'est qu'il est enthousiaste, chaleureux et plein d'humour. Ce sont les gens en fait qui envoient des ondes positives. Ils ont envie de danser et de se marrer. A partir du moment où tu reçois ces choses-là, toi aussi tu te sens bien. Quand tu vas voir un comique, il te fait marrer mais il se fait marrer aussi. Donc je crois que tout cela vient surtout du public... plus que de moi. Je ne fais que répondre à leurs vannes...".

Le public est important bien sûr, mais Goldman est également remarquablement entouré.

Jean-Jacques Goldman : "Au début, j'ai fait la connerie de tout le monde. Je suis parti pour ma première tournée avec des musiciens de studio. Au bout de quinze dates, j'ai compris mon erreur et j'ai fait appel à des types que j'ai choisis. Non seulement techniquement mais humainement aussi. II y a 50 % de capacité technique mais aussi 50 % de feeling humain, parce qu'on est ensemble pour 4, 5 ou 6 mois. Dans le car, à l'hôtel, au resto, partout. Pour qu'il se passe des choses positives sur scène, il faut que cela colle aussi en dehors".

Compte pas sur moi

Le dernier album débute avec une sorte de chanson-profession de foi : "Compte pas sur moi".

Jean-Jacques Goldman : "C'est pas tellement une explication de ce que je suis ou de ce que je veux être. Parce que ça, je ne le sais pas trop moi-même. Cette chanson, c'est plutôt très précisément ce que je ne serai pas !

"Y en a des biens plus gros Des biens plus respectables Moins ringards et rétros Des biens plus présentables Qui visiblement parlent à la postérité Loin de mon éphémère et ma futilité (...) Les rockers engagés sont nos derniers des justes Ils nous sauvent peut-être pendant qu'on s'amuse...".

Jean-Jacques Goldman : "Tous ces gens qui veulent sauver le monde à coup de réflexions fondamentales et qui finissent dans la jet society en se mariant à un mannequin et en allant vivre dans une villa des îles... Ça me fait beaucoup rire. Je crois que la finalité du rock'n'roll, c'est ça. C'est d'être rebelle et puis de terminer décoré par la reine d'Angleterre ou à Las Vegas (rires). Moi, je ne le sens pas comme ça. Il faut choisir ses insolences. Il y a des gens bardés de cuir avec des épingles dans les oreilles qui reçoivent les journalistes, qui font des réceptions, des semaines de promotion dans les pays ensoleillés et qui sont finalement extrêmement conformistes. Ils tournent avec les gros organisateurs, etc. Moi, je ne suis pas le type à faire pipi à côté des cabinets pour faire des flaques... J'ai jamais frappé une petite fille ni fait un croche-pied à un aveugle. Mais j'emmerde la grande presse, je ne leur envoie pas systématiquement des places pour mes concerts. Je travaille avec un tourneur de 25 ans qui a commencé avec moi. J'ai trouvé un type pour faire mes clips que tout le monde se dispute aujourd'hui mais qui a aussi fait ses débuts avec moi. La maison de disques ne fout pas les pieds dans mon studio. J'ai pas de gourou pour me dire ce qu'il faut que je fasse... C'est ma façon à moi d'être insolent. Chacun son truc !".

Chanteur de variétés pour minettes

Si pour certains Goldman n'est qu'un chanteur de variétés pour minettes, tous ceux qui l'ont vu sur scène peuvent en témoigner : Goldman sait ce qu'est le rock et interprète le blues à merveille.

Jean-Jacques Goldman : "Le blues, c'est la musique des années 70 que j'ai le plus écoutée, sur laquelle j'ai appris à jouer. En gros, toute l'aventure John Mayall, Peter Green, Clapton... Status Quo aussi. C'est cette musique-là qui m'a déformé. On l'a jouée pendant des années dans les bals et ça nous a marqué à vie".

Les bals, les années 70, c'était aussi pour Goldman une première approche de la gloire avec un groupe aujourd'hui disparu : Taï Phong. Sur scène, aujourd'hui, Goldman retrouve ses potes de l'époque le temps d'une chanson. Le seul hit du groupe (mais quel hit) : Sister Jane.

Jean-Jacques Goldman : "J'avais hésité à le faire lors de ma première tournée parce que les gens ne savaient pas encore bien qui j'étais ni qui j'avais été. Mais c'est une chose qui m'a beaucoup été demandée et il m'a semblé que c'était une bonne manière de montrer la continuité des choses. Montrer qu'on n'arrive pas d'un seul coup. C'est un clin d'œil et une manière de rappeler les galères des années passées avant d'apercevoir la partie visible de l'iceberg".

Autre curiosité sur l'album "Non homologué", la présence de l'ex- traordinaire trompettiste de jazz Chet Baker.

Jean-Jacques Goldman : "Au début, je ne pensais pas du tout à lui. Pour moi le thème qu'il joue à la trompette devait être interprété à l'harmonica. Parce que c'est aussi un son très triste, très nu. Puis je l'ai fait écouter à un copain qui est fan de jazz (ce que je ne suis pas). II m'a dit que cela pourrait être encore plus triste et plus profond avec une trompette bouchée. Un peu à la Chet Baker. Je lui ai demandé de me faire écouter ce type et il m'a filé quelques disques. J'ai écouté ce son... si beau, très triste, avec du souffle... C'était parfait. Alors je lui ai fait parvenir une maquette. Ça l'a intéressé. Il est venu et on a passé la nuit à enregistrer. C'est un des privilèges de ce métier. Pouvoir faire ce genre de rencontre".

Si Chet Baker n'apparaît pas sur scène, Johnny Hallyday lui, est venu dire un petit bonjour lors de la dernière au Zénith ("C'était sympa, on s'est bien marré"). Sur scène également un énorme décor (il sera à Forest National) en forme de chaîne Hi-Fi.

Jean-Jacques Goldman : "Ça, c'est l'œuvre de Bernard Schmitt qui a fait mes clips, mes pochettes etc. Dès que ça a commencé à marcher pour moi, je l'ai appelé pour qu'il s'occupe de tout l'aspect visuel auquel je ne comprends rien. Ce qui m'a beaucoup plu ici, c'est le fait que ce décor est vivant. Très souvent dans un spectacle, on reçoit le décor en pleine gueule pendant deux chansons et puis il se "démode" très vite pendant le concert. Ici, avec les diodes, les lumières, les bandes qui tournent, les écrans, etc., il continue à vivre pendant tout le spectacle.

Du calme

Alternant studio et tournées, Goldman a besoin de calme et de solitude après l'électricité des salles surchauffées.

Jean-Jacques Goldman : "Pour le moment, je suis très excité par la tournée mais je sais qu'à un moment, j'en aurai marre de tout cela. Marre de voyager, de voir des gens, etc. Alors je m'enferme tout seul, j'écris des chansons. Après, bien sûr, j'aurai à nouveau envie de la scène. Mais s'isoler ainsi, c'est presque un besoin. Il est indispensable d'oublier toute cette pression. Bien sûr, c'est fabuleux de jouer devant 7 000 personnes mais c'est chaque fois un électrochoc. On se fatigue de tout, on ne peut plus dormir, il faut prendre des cachets... Quand tu vois l'état actuel d'un David Crosby par exemple... Bon d'accord, ça alimente la mythologie du rock'n'roll mais personnellement je ne l'alimente pas et j'espère ne jamais le faire".

Depuis ses débuts, comme chacun, Jean-Jacques Goldman est passé par toute une série d'expériences.

Jean-Jacques Goldman : "Bien sûr, j'ai changé. Ne fût-ce que parce qu'aujourd'hui j'écris en français. J'ai raccourci mes morceaux aussi. Mais je crois que c'est une évolution que tout le monde dans la musique a ressenti. Je ne pense pas être quelqu'un de très original ou de très précurseur. Je ne veux pas me comparer à eux, mais des groupes comme Yes ou Genesis ont aussi évolué. Ils sont arrivés à une musique plus directe, plus courte, plus populaire. Moins de nombrilisme technique. J'ai suivi un peu le même genre d'évolution que ces gens qui restent nos modèles".

Après avoir bavardé un peu au sujet des musiciens avec lesquels il aimerait jouer (Toto, le Band, Jeff Beck, les frères Brecker, Dick Annegarn), nous sommes rejoints par le compagnon de toujours le guitariste Michael Jones avec lequel Jean-Jacques Goldman interprète "Je te donne".

Jean-Jacques Goldman : "C'est une des premières chansons que j'ai écrites pour cet album. Mais je ne pensais pas du tout en faire un simple. Pour moi, il était très clair que cette chanson parlerait de ça et que je la chanterais avec Michael et personne d'autre. Parce que ça parlait de lui et de moi et que ça m'aurait fait chier de la chanter avec une autre personne, fût-ce Michael Jackson. Je pense que dans ce métier, il est indispensable de faire les choses qu'on sent et qui nous font plaisir à nous pour pouvoir faire plaisir au public".

Une dernière chose : Le Swing pour Goldman, c'est quoi ?

Jean-Jacques Goldman : "Moi je ne suis pas très jazz en fait. j'ai joué un peu de banjo dans des orchestres New Orleans à mes débuts. Mais le vrai Swing des jazzmen, c'est pas trop ma partie. Moi ce serait plutôt le Swing binaire et lourdingue des groupes de hard rock qui me fait du bien".


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