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Jean-Jacques Goldman : l'anti-star de la chanson
(?, 1986)

Jean-Jacques Goldman : l'anti-star de la chanson
?, 1986
Article de Michèle Lantéri
Retranscription de Christine Tascher

La nouvelle idole des jeunes est une idole sage. Jean-Jacques Goldman, millionaire du disque, déchaîne les passions et les critiques, mais il sourit et continue de chanter son bonhomme de chemin.

"Merci d'avoir jugé par vous-mêmes..." Pour fêter la fin de l'année 1985, Jean-Jacques Goldman s'est fait un petit plaisir. Puisqu'il n'a pas eu besoin de campagne de publicité pour faire sauter la banque des places au Zénith, lors de son spectacle du mois dernier, il s'en est offert une pour saluer ses spectateurs : sur une pleine page, tous les extraits des articles les plus acerbes et les plus méchants qu'on ait écrits sur lui, où il passe du "gentil dadais" au "degré zéro de la chanson française" avec, en fond, ce remerciement et une photo de groupe : Jean-Jacques et ses musiciens, hilares.

"Moi, sensible à la critique ? Pas du tout ! Je serais au contraire très inquiet si, par exemple, on disait du bien de moi dans "Rock & Folk", "Libération" ou "Actuel", parce que c'est un gage immédiat de bide... Mais, heureusement, j'échappe à ce drame". Derrière l'humour, pointe la sensibilité. Quoi qu'il en dise et quelles que soient les satisfactions que son succès lui apporte par ailleurs, on sent bien que l'agressivité le blesse ; le petit sourire ironique qui accompagne toute l'entrevue tient du rempart derrière lequel il pourrait toujours se replier si jamais on s'avisait de l'attaquer. Il est en même temps étrange de voir autant de flèches empoisonnées prendre pour cible un garçon aussi tranquille et calme ; une star discrète qui tient sa vie privée et ses trois enfants à l'abri de toute actualité et qui n'hésite pas à se déplacer en métro ou en bus dans Paris: "A chaque fois qu'on m'y aborde, c'est pour me parler de ma ressemblance avec Jean-Jacques Goldman, dont il est hors de question qu'il puisse utiliser un moyen de transport en commun..."

Il n'a jamais voulu ce qui lui arrive maintenant. Spectateur en concert, il se trouvait exactement à sa place et n'avait pas rêvé une seconde de permuter avec l'autre, celui qui était sur scène et sous les projecteurs : "La musique a toujours été une passion, mais je n'aurais pas pensé en faire un gagne-pain". Il ne s'est pas encore tout à fait habitué à se retrouver en tête des hits-parades. "Vous trouvez normal, vous, d'arriver dans une salle où sept mille mecs ont payé cent vingt francs pour vous voir sur scène ? Vous trouvez normal de vous réveiller le matin, et de voir quinze personnes qui ont passé la nuit à vous attendre devant votre porte ? Moi, je trouve ça tout à fait étonnant". Et même, il le chante : "Je n'ai pas mérité de jouer du rock'n roll / Mes ghettos, mes idées, ne sont pas homologuées / J'ai pas le bon blouson, j'ai pas les bonnes bottes / Et en haut de mon bras, je n'ai rien fait tatouer".

Pas de confusion, s'il est étonné par son succès, s'il est agacé par le comportement "groupie" de quelques fans - "Ils sont plus amoureux de la notoriété que de la personne" -, il est tout à fait ravi de pouvoir, à son aise, baigner dans l'élément qui lui est le plus cher, la musique. Il avait fait des études commerciales et, malgré l'enregistrement d'un disque de gospel à quinze ans, et le succès d'estime que connut le groupe TaÏ Phong avec lequel il enregistra trois disques, un peu plus tard (et même un tube, "Sister Jane"), il pensait sincèrement passer sa vie à travailler le jour dans une banque ou une PME et, le soir, à "s'éclater dans la musique avec les copains".

Au lieu de ça, voilà qu'on lui propose de se consacrer totalement à la musique. Il ne va pas se gêner. Paroles, musiques, arrangements, il ne délègue rien de ce qui touche à sa passion. "Je ne vais pas faire faire par d'autres ce qui m'intéresse". Il met tout son sens de l'organisation au service de son travail d'enregistrement ou de concerts, pour lequel il s'offre, en prime, les meilleurs musiciens : "Beaucoup n'aiment pas du tout ce que je fais, mais ils savent le faire bien".

En tout cas, merci papa, merci maman. Il ne comprenait pas, le petit Jean-Jacques qui souffrait en silence pendant ses cours de violon : "Je les suivais, comme des tas de choses qu'on m'imposait et que je n'aimais pas : la géométrie, le "Lagarde et Michard" (manuel de littérature française), la géologie. J'étais un petit garçon sage et obéissant. Je le suis toujours d'ailleurs". Le grand Jean-Jacques ne regrette plus ces années d'apprentissage : "Le violon, c'est le pire dans l'horreur ; après ça, vous pouvez jouer de tous les instruments. "Il a même repris l'archet dans une chanson, quarante-quatre secondes de souvenir avec "Comme toi" dont, précisément, les paroles évoquent ses racines à travers l'histoire de la petite Sarah. "...Elle n'avait pas huit ans / Sa vie était douceurs, rêves et nuages blancs / Mais d'autres gens en avaient décidé autrement". Sarah de Varsovie, il y a plus de quarante ans. De père juif polonais et de mère juive allemande, Goldman a dû refuser à sa maison de disques le changement de nom qu'elle lui conseillait pour son premier album. "Mes parents n'étaient pas pratiquants, et je n'ai pas été élevé dans la religion. Je suis ignare en matière de dogme et de fêtes religieuses. Mais il est hors de question que je ne le revendique pas quand on me pose la question. Un type disait : "Je me proclamerai juif tant qu'il y aura des antisémites". C'est un peu ce que je ressens".

A parler de son "éphémère", de sa "futilité", face aux "rockers engagés" ("Compte pas sur moi"), Jean-Jacques Goldman est finalement le premier à se prendre pour cible ; c'est peut-être une des raisons pour lesquels il s'oppose aux feux croisés de quelques acharnés.


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