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Jean-Jacques Goldman: "Le succès n'a presque rien changé dans ma vie"
(Télé 7 Jours, 1986)

Jean-Jacques Goldman: "Le succès n'a presque rien changé dans ma vie"
Télé 7 Jours, 1986
Martine Bourrillon
Retranscription de Christine Tascher

Premier du "Top 50" et du "Top 20" avec "Je te donne", il a même failli battre Michel Sardou au récent référendum des lecteurs de Télé 7 Jours. Préférant une vie tranquille auprès de sa femme et de leurs enfants, il ne court ni après la gloire ni après les interviews. Il s'est pourtant confié, en toute franchise, à Martine Bourrillon.

Samedi 16 heures. Il n'y a pas âme qui vive dans ces hangars de banlieue. Jean-Jacques Goldman achève son ultime répétition. "Terminé, on emballe tout ça". Tout ça, c'est le matériel de sa tournée. Trois camions qui sillonneront la France jusqu'en juillet. "Le Zénith à Paris, où je suis passé en décembre, explique-t-il, c'est un rendez-vous important, mais pas plus important que les salles de province. Il y a des palais des sports en France qui accueillent autant de spectateurs que le Zénith". Et qui seront pleins, avant même l'affichage. Car Jean-Jacques Goldman, depuis quatre ans, réussit ce prodige d'accumuler à chaque 33 tours, les disques d'or, de décrocher d'entrée pour le dernier ("Non homologué")la première place au "Top 20", de demeurer plusieurs semaines d'affilée premier du "Top 50", avec "Je te donne", et enfin d'être élu numéro 2 des chanteurs du référendum "Télé 7 Jours". Et tout cela, à 34 ans, en faisant à peine parler de lui: "J'évite les interviews parce que je pense que le chanteur est toujours moins beau que les chansons qu'il chante. J'ai peur. Je suis sûr que je ne peux que décevoir ceux qui en viendraient à me connaître vraiment..."

Ce n'est vraiment pas ce qu'ont l'air de penser, quelques minutes plus tard, les jeunes de ce petit bistrot de banlieue où nous sommes venus nous réchauffer : "Vous avez tout, dit l'un d'eux, le succès, l'argent, le pouvoir". "L'argent, oui, ça me laisse du temps pour travailler, répond Jean-Jacques. Je me dis que j'ai au moins cinq ans devant moi. Après... après, on verra. Si ça ne marchait plus, je ferais un autre métier. Avant d'enregistrer mon premier disque, je travaillais dans un magasin de sport, avec l'un de mes frères. Je m'occupais de la comptabilité. Je n'ai arrêté qu'au moment de mon second disque. Le succès ? Il n'a presque rien changé dans ma vie. Je vis simplement". Le même pavillon de banlieue avec sa femme qui est psychologue et leurs trois enfants, âgés de 1 à 9 ans, une voiture des plus courantes, une Talbot Horizon : "Je ne sais même pas par coeur mon numéro d'immatriculation !"

D'éternels jeans, chemises blanches, cravatées de noir : "Je n'ai jamais souffert du manque d'argent, même quand personne ne voulait de ma musique. Mon plaisir, c'est de m'enfermer dans ma cave où j'ai installé un studio et de composer". Jean-Jacques Goldman aime travailler. Depuis longtemps. Cours de violon d'abord, "parce que mes parents, qui n'avaient rien, ont eu l'intelligence de vouloir tout nous donner", mais qui ne le passionnent guère et qu'il abandonne, puis, un peu de piano et de la guitare. De 15 à 29 ans, Jean-Jacques fait partie de petits groupes, formés avec des copains. Le premier sous l'égide du curé de Montrouge, les suivants à l'EDHEC-Lille où il poursuit de très sages études commerciales, le dernier, Taï Phong, qui connaît un certain succès. Quand le groupe se disloque, Jean-Jacques songe à renoncer :"Je me suis dit que j'allais seulement composer des chansons pour les autres". Il écrit quinze titres qui restent dans un tiroir. Jusqu'un jour où un producteur les découvre... et veut non seulement les chansons mais le chanteur : "De toutes façon ce qu'il y a de mieux dans le spectacle, ce n'est pas moi, c'est le public. Il met à l'aise, il galvanise, même si l'on n'a pas assez dormi la veille, même si l'on a des soucis. Il pardonne tout à condition qu'on ne triche pas. Que l'on donne..."

Donner, le mot revient souvent dans les chansons de Jean-Jacques. Jusqu'à devenir le titre de l'une d'elles, "Je te donne", qu'il interprète avec Michael Jones, un duo que l'on a beaucoup vu à la télévision : "Nous sommes amis depuis quatorze ans, nous étions tous les deux dans le groupe "Taï Phong". J'ai eu du succès avant lui. Il va en avoir avec le disque "Guitar man" qu'il vient de sortir. On va parler de lui". "Personne ne parle pour nous, se plaignent encore les jeunes du café. On ne peut pas s'en sortir". "Alors là, s'insurge Goldman, ce discours me met mal à l'aise. Leur condition modeste ne condamne pas les jeunes. Moi, quand mon père est arrivé en France, il avait pour tout bagage deux pièces de monnaie, cachées dans son col de chemise. Mon père est polonais ; ma mère est allemande. Des réfugiés juifs qui ont dû se battre, qui ont fait de la Résistance. Mon père a fait tous les métiers. Il a été tailleur, poseur de rails. Il a fini par s'engager dans les chasseurs d'Afrique. C'est ainsi qu'on décrochait sa naturalisation, à cette époque-là... Ils s'en sont sortis. Moi, j'ai été élevé comme un enfant bourgeois et je ne suis pas de ceux qui en ont honte. La zone, il faut s'en sortir, mais ne comptez pas sur les autres pour faire le boulot à votre place". Il y a tout de même des gens qui traversent des moments très difficiles. "On nous a reprochés, explique encore Goldman, à moi et à ceux qui ont participé, Renaud en tête, au disque et au concert pour l'Ethiopie, de n'agir que pour la misère du bout du monde. C'est vrai, il y a de la misère ici aussi. Et si l'occasion m'est donnée de participer à quelque chose, je le referai". Les jeunes du café se poussent du coude : "On peut vous serrer la main ? On peut vous faire la bise ?" "C'est vrai, c'est émouvant toutes ces marques d'affection, reconnaît Jean-Jacques. C'est émouvant, mais parfois, j'avoue, cela m'effraie..."


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