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Un chanteur qui a des lettres…
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Un chanteur qui a des lettres…
La Voix du Nord, 27 avril 1986
Patrick Jankielewicz
Retranscription d'Elodie Porchet
Réalisée par M. Bruno Liéfooghe, enseignant au centre universitaire d'études graphologiques (60, boulevard Vauban, à Lille), cette étude graphologique de l'écriture du chanteur a été effectuée à partir d'un texte écrit par Jean-Jacques Goldman, et reproduit sur les billets d'entrés à son concert (voir ci-contre), ainsi que d'après le manuscrit d'une chanson figurant en script sur son dernier album.
Tout élément d'identification de leur auteur avait été supprimé de ces documents forcément limités dans leur quantité :
Cette écriture évoque une personnalité dynamique, intense dans ses affections et ses élans, exigeante.
* D'un tempérament passionné, le scripteur (J.-J. Goldman N.D.L.R.) a besoin d'éprouver des sensations ou des émotions fortes pour se lancer dans un projet. Mais dès qu'il est motivé par un objectif excitant, alors il s'investit très fort dans son action. Résolu et déterminé, il met tout en œuvre pour que la mise en place soit impeccable.
* Persévérant, tenace, voire obstiné, il sait s'imposer une discipline et faire les efforts nécessaires pour mener à bien son projet. Il est aussi exigeant vis-à-vis des autres que vis-à-vis de lui-même : il faut qu'on le suive, et cela ne doit pas être toujours de tout repos ! Car le scripteur est capable de travailler longtemps, sans se laisser arrêter par la fatigue ou la faim ; il est pris dans un climat de haute tension qui le rend plus ou moins fébrile, mais parfois aussi agressif ou inflexible. Il n'empêche que tout cela le rend particulièrement efficace et que tout ce qu'il fait est réalisé avec rigueur, précision, dans une optique de qualité.
* Grâce à son esprit critique, vif et pénétrant, le scripteur ne s'en laisse pas conter ! D'une part il sait manier l'ironie et mettre le doigt sur les points faibles de ses interlocuteurs ; d'autre part il a le sens des affaires, de ses intérêts personnels (qu'il sait préserver habilement).
* Mais il ne mélange pas les sentiments et la vie professionnelle. Il a assez de lucidité pour que le succès ne lui monte pas à la tête.
* Sa nature passionnée se retrouve au niveau des sentiments : fuyant les relations tièdes ou platoniques, il aspire à des échanges francs, intenses et sans compromis.
* Ses sentiments sont forts, entiers, parfois contradictoires : il aime autant qu'il déteste ; il est très exigeant mais peut aussi donner beaucoup. Il ne tolère ni le laisser-aller, ni les coups par derrière : il peut être violent s'il se sent floué ; d'autant qu'il aime avoir raison et qu'il lâche difficilement prise quand il tient à quelqu'un ou à quelque chose.
* Peu porté à faire des concessions, il ne s'adapte que s'il le veut bien et a des jugements assez catégoriques et tranchés sur le monde extérieur.
* Ayant le goût du défi, et ayant besoin de réaliser des projets (car c'est comme cela qu'il se sent exister), il n'est peut-être pas toujours facile à vivre ; il est parfois sujet à des inquiétudes ou à des doutes ; mais, stimulé par le but à atteindre, il va résolument de l'avant, jusqu'au bout de lui-même. Il ferait un bon ingénieur d'affaires.
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Interview d'une énigme
V.D.N. : Es-tu globalement d'accord avec le résultat de cette analyse ?
Goldman : Elle est très sympathique… mais c'est difficile de s'auto-analyser… Demande plutôt à mon entourage (je l'ai fait et il confirme en gros la justesse de l'analyse, N.D.L.A.)
V.D.N. : « Il met tout en œuvre pour que la mise en place soit impeccable ». On dit que tu contrôles tout, ton image comme le reste, c'est vrai ?
Goldman : Non, je pars du postulat qu'on ne peut pas maîtriser son image. L'image et le succès nous échappent totalement, ils dépendent de paramètres incontrôlable : on a l'image qu'on mérite.
V.D.N. : tu ne fais pas soigner ton image par une agence de publicité comme d'autres chanteurs (Julien Clerc, Gainsbourg…) ?
Goldman : non ! je ne suis pas des pâtes alimentaires. Mais pour en revenir à ta question précédente, c'est vrai que question travail, j'essaie de tout maîtriser, même si je délègue beaucoup.
V.D.N. : toujours d'après l'analyse, tu serais capable de travailler longtemps sans te jeter ni sur ton lit, ni sur un sandwich ?…
Goldman, (après avoir éclaté de rire) : Non, je suis comme tout le monde : au bout de huit heures de boulot, je suis fatigué. La seule différence c'est que je n'ai pas l'impression de travailler. Ce que je fais est un plaisir, pas un travail. On est forcément beaucoup plus dur au mal quand on fait quelque chose par passion.
V.D.N. : tu serais agressif et inflexible et pas facile à vivre ?
Goldman : agressif, oui. Inflexible, non. Pas facile à vivre : certainement, mais je ne suis pas colérique, simplement très indépendant.
V.D.N. : ton écriture dénote un « sens des affaires et de tes intérêts personnels »… Tu es un chanteur businessman ?
Goldman : non, mais c'est vrai que je ne me laisse pas avoir.
V.D.N. : c'est important l'argent pour toi ?
Goldman : bien sûr ! Dans une certaine mesure, comme tout le monde.
V.D.N. : les sentiments et la vie professionnelle, c'est vraiment deux choses très différentes pour toi ?
Goldman : j'ai une vie professionnelle tellement sentimentale, tellement à base de sensations et de passions, qu'il est impossible de ne pas mélanger les deux : écrire une chanson c'est totalement passionnel.
V.D.N. : tu écris beaucoup ?
Goldman : non ! Très lentement et très laborieusement, mais suffisamment pour pouvoir me passer d'auteurs extérieurs.
V.D.N. : toute cette « hystérie » autour de toi ne te fait-elle pas peur ?
Goldman : non ! il n'y a pas d'agressivité dans l'attitude de mes fans, rien que de la bienveillance. Au contraire, ça me ravit. Mais d'ici à ce que j'ai l'impression d'être un demi-dieu, du calme !…
V.D.N. : apparemment, tu aimerais beaucoup avoir raison…
Goldman : ce n'est pas vrai. J'écoute beaucoup les autres et je n'ai aucun amour-propre à me rendre compte que j'ai tort, même s'il est exact que je fais le moins de concessions possibles.
V.D.N. : tu as effectivement « des jugements assez catégoriques et tranchés sur le monde extérieur » ?
Goldman : oui, quitte à me tromper assez souvent. C'est d'ailleurs une mauvaise habitude : il m'arrive de juger les gens trop vite.
V.D.N. : existes-tu avant tout par ton travail, ou par ta vie privée ?
Goldman : je crois qu'on existe avant tout par le besoin des autres. J'existe avant tout grâce à mes rapports avec les autres, qu'ils soient professionnels ou familiaux.
V.D.N. : il paraît qu'il y a beaucoup de nœuds dans ton écriture, ce qui signifie que tu as un côté un peu embobineur…
Goldman : je n'ai peut-être pas les muscles pour convaincre les gens de façon expéditive… Mais en gros je n'ai pas l'impression d'essayer de séduire absolument. Je n'ai pas le besoin de plaire à tout prix : j'ai ce qu'il me faut chez moi !
V.D.N. : oh là là, il est déjà huit heures dix, je vais te laisser te préparer…
Goldman : huit heures dix ! ! ! Aïe, c'est l'heure… du ping-pong !…
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