Les plus belles citations de Jean-Jacques Goldman
Tout sur l'actualité de Jean-Jacques Goldman
La vie de Jean-Jacques Goldman, de ses origines à aujourd'hui
Tout sur les chansons de Jean-Jacques Goldman
Tous les albums de Jean-Jacques Goldman
Tous les DVD et les cassettes vidéo de Jean-Jacques Goldman
Toutes les tournées de Jean-Jacques Goldman depuis 1983
Interviews, essais, livres
Robert Goldman : l'autre Goldman
Pierre Goldman : le dossier
L'histoire des Restos du Coeur et les tournées des Enfoirés
Les sondages de Parler d'sa vie
Listes de discussion et de diffusion, liens, adresses utiles, recommandations
Goodies : Jeu, fonds d'écran, humour...
Le livre d'or de Parler d'sa vie
Le pourquoi de tout ça...

Jean-Jacques Goldman : l'offensive de la nouvelle chanson française.
(Ciné Télé Revue, 17 mars 1983)

Jean-Jacques Goldman : l'offensive de la nouvelle chanson française.
Ciné Télé Revue, 17 mars 1983
Bernard Alès
Retranscription de Marie-Laurence Cuvillier

Cartouche 1 : Ses premiers tubes, “Il suffira d”un signe” et “Quand la musique est bonne”, ont connu un véritable triomphe.

Cartouche 2 : Après Yves Duteil et Francis Cabrel, une nouvelle génération de chanteurs est née avec le triomphe de Jean-Jacques Goldman et d’une foule de jeunes premiers. “Le succès n’arrive pas comme un accident de voiture ou comme la tuberculose !”, affirme-t-il, livrant tous les secrets de véritable phénomène qu’il représente déjà.

Il y a quatre ou cinq ans, peut-être un peu plus pour certains, la chanson française a connu l'arrivée d'une nouvelle génération de chanteurs à la destinée exceptionnelle : Yves Duteil, Francis Cabrel, Alain Souchon aussi entre beaucoup d'autres ; des jeunes auteurs-compositeurs-interprètes qui ont connu un départ foudroyant et dont la popularité, sans cesse grandissante, en a fait de véritables stars aujourd'hui.

Depuis quelques mois, l'offensive d'une nouvelle chanson française triomphe sur les ondes ; une offensive spectaculaire menée par une foule de nouveaux venus dans le show-business, dont les noms commencent à peine à être connus, mais dont les chansons ont déjà fait danser des centaines de milliers de personnes. Ils s'appellent Jean-Luc Lahaye (“Femme que j'aime”), Gérard Berliner (“Louise” - “Les voleurs de mamans”), Richard Gotainer (“Le mambo du décalco”), Gérard Blanchard (“Le Rockamadour”) ; des filles aussi comme Rose Laurens (“Africa”) et Pati Layne (“Une espèce de comédienne”), des groupes enfin, comme le célèbre Chagrin d'Amour (“Chacun fait c'qui lui plaît” - “Bonjour (v'là les nouvelles).

Parmi ce peloton de jeunes loups qui ne sont plus seulement de formidables espoirs, il y a aussi et surtout le phénomène Jean-Jacques Goldman. Ses deux premiers disques, “Il suffira d'une signe” et “Quand la musique est bonne” ont connu un succès époustouflant et son nouveau “Comme toi”, suit le même chemin triomphal depuis quelques semaines. Il compte déjà plusieurs dizaines de milliers de fans : un record !

Nombreux sont d'ailleurs ceux qui se souviennent du beau chanteur du groupe “Taï Phong”, dont la chanson fut un super-tube à la fin des années 70. Ce chanteur à la voix douce et sensuelle, c'était Jean-Jacques Goldman. Auteur-compositeur-interprète, il est sans conteste l'un des chefs de file de cette nouvelle génération d'artistes talentueux qui marchent désormais sur les traces de leurs aînés. Mais Jean-Jacques est un véritable phénomène : il refuse de “jouer” à la star et d'entretenir un faux contact avec le public. C'est à cœur ouvert qu'on le découvre aujourd'hui, surprenant dans sa peau de jeune star du disque.

Jean-Jacques Goldman est vraiment un cas à part dans le monde de la nouvelle chanson française. Il connaît actuellement un véritable triomphe, tous les hit-parades et les émissions de variétés se le disputent et pourtant le succès ne semble pas avoir du tout changé sa vie. Tandis que d'autres jeunes entrent de plain-pied dans le “star-system”, lui, recherche ainsi l'anonymat. Le soir, par exemple, après ses essais en studio et ses enregistrements (il travaille actuellement jour et nuit à son troisième album), le chanteur ultra-séduisant dont rêvent aujourd'hui toutes les filles, rentre tranquillement chez lui pour s'occuper de des enfants, de sa femme et de ses amis. Pas une vie de star.

La vie extravagante du showbiz. Mais Jean-Jacques Goldman connaît particulièrement bien les dangers que celle-ci recèle et s'il a choisi de vivre en retrait du monde du show- business, ce n'est certes pas pour faire autrement que les autres :

Jean-Jacques Goldman : “Il y a des gens qui s'impliquent complètement dans leur travail, à la Régie Renault ou ailleurs, et d'autres qui rentrent chez eux le soir et font du jardinage, confesse-t-il. Moi, je fais mon travail, je rencontre des gens, j'aime beaucoup ce métier-là, mais ensuite je rentre chez moi pour vivre ma vie privée. Cela me paraît extrêmement naturel. Or, contrairement à la Régie Renault, le show-business organise vos soirées, peut organiser vos nuits, vos repas, vos boissons, vos extras ; des amphétamines aux “blondes”. Alors qu'à la Régie Renault, il faut s'en aller à dix-huit heures parce-que les femmes de ménage arrivent. On peut donc choisir quand on est chanteur, les tentations étant là de continuer les journées jusqu'à vingt-quatre heures !”

“Oui, le succès du disque que j'ai sorti l'année dernière a été énorme mais, à partir du moment où l'on enregistre un disque, on a déjà vécu - que ce soit devant une glace ou dans son imagination - le moment où l'on recevrait des disques d'or. De même que lorsqu'un étudiant passe son bac ou tout autre examen, il a plus ou moins rêvé du moment où l'on va proclamer les résultats positifs. Le succès n'est donc pas quelque chose qui arrive comme un accident de voiture ou comme la tuberculose”.

Une révolte étincelante. Jean-Jacques Goldman a gardé la tête froide, mais il ne veut pas qu'on profite de cette qualité pour en faire un défaut ; qu'on dise par exemple de lui qu'il est une anti-star et qu'il refuse de se plier aux sacrifices de la vie de vedette. Par dessus tout, ce jeune artiste talentueux a le respect du public mais ne cherche pas à tricher avec lui. Mais il y a des extravagances dans le milieu du showbiz qu'il ne peut comprendre et dont il se méfie terriblement.

A juste titre sans doute :

Jean-Jacques Goldman : “Dès que vous êtes célèbre, l'attitude des gens change à votre égard, confie-t-il. Aujourd'hui, on s'étonne que j'arrive à l'heure. Je pose simplement la question : à partir de quel nombre de disques vendus a-t-on le droit d'arriver en retard ? Si les gens ont de faux rapports avec les vedettes, c'est parce-qu'ils pensent que nous avons une certaine idée de nous-mêmes et que nous entretenons une certaine image. C'est un peu l'exemple de la vedette qui met des lunettes noires pour qu'on la reconnaisse dans la rue !”

“Chez les artistes, on sent déjà ceux dont la tête tournera et ceux dont la tête ne tournera pas. Il y a encore dix mois, j'étais davantage un spectateur qu'un acteur dans le monde du show-business. Mais les vedettes avec qui je prévoyais avoir un contact facile et sympathique ont été comme je les imaginais. Et j'imaginais très bien aussi celles avec qui j'étais certain que cela se passerait mal...”

“Je ne suis pas une anti-star, mais ce n'est pas dans mon tempérament de vouloir à tout prix “arriver” au premier plan. Il y a toute une partie du “star-system” qui n'est qu'une question d'image, de comportement, de coiffure, de physique, de façon de s'habiller, qui est très importante mais que je n'arrive ni à comprendre ni à maîtriser. Ce n'est pas mon truc. Je suis incapable de décider de m'habiller et de me comporter d'une certaine manière dictée à l'avance”.

La sincérité qui va droit au cœur. C'est peut-être cela aussi l'offensive de la nouvelle chanson française : une vraie sincérité et la révolte contre tout ce qui est faux dans les rapports entre le public et les vedettes qu'il aime. La plus belle preuve de cette facette essentielle du caractère de Jean-Jacques Goldman, c'est son courrier qui l'apporte. Il avoue avoir six mois de retard dans ses réponses, mais confesse surtout qu'il ne pourrait pas accepter que quelqu'un s'en occupe à sa place. C'est lui qui veut répondre aux gens qui lui écrivent, pas l'un de ses proches comme le faisaient jadis, dans le monde du cinéma, les fameux studios de l'âge d'or hollywoodien.

Jean-Jacques Goldman : “Je n'ai pas encore changé d'attitude, raconte-t-il, c'est-à-dire que lorsque je reçois une lettre, je n'arrive pas à la faire ouvrir par quelqu'un d'autre. J'ai encore ce petit frisson quand je vois une lettre qui m'est destinée et que je ne peux pas concevoir de ne pas la lire. Pour moi, il y a toujours quelque chose d'essentiel dans ces lettres. Pour combler mon retard, il faudrait que je consacre à mon courrier une ou deux heures par jour. Ma maison de disques a des sacs entiers de lettres qui me sont adressées et cette fois, je crois bien que je vais être noyé ! Mais c'est formidable de recevoir une lettre d'un jeune de 14 ans qui vous dit : “J'ai écouté telle chanson, ça m'a plu”. Dans ces cas-là, il faut répondre , savoir dire merci. Quand on triche, on est toujours sanctionné. En revanche quand on donne, les gens le sentent. Par exemple, lorsqu'ils écrivent à propos d'une chanson, c'est qu'elle est bonne : ils ne se trompent jamais”.

Faut-il avoir le feu sacré ? Comment devient-on chanteur vedette ? De nombreux jeunes envient aujourd'hui la fulgurante ascension de Jean-Jacques Goldman et, c'est vrai, elle fait rêver quand on sait combien vivent encore dans l'ombre en attendant leur chance. Pourtant, l'interprète de “Quand la musique est bonne” (son deuxième disque) avoue que les choses ont été relativement faciles. Peut-être parce qu'il avait, tout jeune déjà, la certitude qu'il ferait de la musique. Une sorte de feu sacré ?

Jean-Jacques Goldman : “J'étais étudiant et, parallèlement, je faisais déjà de la musique, raconte-t-il. Je préparais de hautes études commerciales et j'ai passé trois ans d'études à Lille. Mais la musique avait déjà énormément d'importance pour moi et il ne se passait pas un samedi ou un dimanche dans que je ne joue dans un groupe. A l'époque, j'avais cette certitude ! Je continuais malgré mes études car je n'avais pas encore la maturité nécessaire pour me lancer complètement dans l'aventure. Et puis, il y avait le poids de la famille. Il est évident que l'on préférait que j'aie un diplôme en poche. Un jour, cependant, j'ai dû choisir entre la banque, le marketing ou mon groupe, “Taï Phong”. J'ai choisi celui-ci. Ce fut une expérience très intéressante, essentielle. J'étais complètement imprégné par la musique anglaise et américaine. Il n'y avait pas d'autre issue pour moi”.

Les handicaps de la chanson française. Jean-Jacques Goldman, qui chantait d'ailleurs en anglais au sein du groupe “Taï Phong”, affirme que la supériorité de la musique anglo-saxonne sur la musique française est plus réelle que jamais et qu'elle ne fait pas de doute. Il ne croit pas, par exemple, à une chanson française qui fasse carrière aux Etats-Unis. Jean-Jacques Goldman : “Il suffit d'ailleurs de regarder ce qui “marche” à l'étranger, fait-il remarquer. C'est Richard Claydermann, Jean-Michel Jarre. Ce sont des instrumentaux parce-que le handicap de la langue existe toujours. Quant la musique, la seule qui soit vraiment française, c'est la musette ; le reste étant dans l'ensemble anglo-saxon. Cette musique étrangère devient même notre culture. Il n'y a pas de culture musicale française. En revanche les textes français sont de loin supérieurs aux textes anglo-saxons”.

Aujourd'hui, fort de son succès foudroyant, Jean-Jacques Goldman envisage de partir en tournée, de faire de la scène après la sortie de son troisième album. La suite logique pour le chef de file d'une toute nouvelle génération... Lui est-il donc arrivé d'écrire à des chanteurs lorsqu'il était plus jeune ?

Jean-Jacques Goldman : “Non, jamais, car j'ai toujours eu l'impression que l'essentiel de ce qu'ils avaient à me donner se trouvait dans leurs disques, et je reste persuadé que l'essentiel de ce que j'ai à donner aux gens, je le mets dans mes chansons. Ce que je suis en tant que personnage ne me semble pas extraordinairement intéressant. Chaque fois que des filles me demandent de leur faire la bise, je leur dis : “Tu sais, j'embrasse exactement comme tes copains” !...

Un véritable phénomène que la nouvelle star Jean-Jacques Goldman !


Retour au sommaire - Retour à l'année 1983

- Signaler une erreur Ajouter à mes favoris