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GiedRé : Je ne comprends pas trop cette notion de “personnage”

Entretien exclusif pour "Parler d'sa vie", enregistré au Paléo Festival de Nyon (Suisse) le 21 juillet 2012

Parler d'sa vie, le 18 août 2012

Propos recueillis et retranscrits par Jean-Michel Fontaine

Photos : (c) Paléo 2012 - Boris Soula / D.R. / Virginie Rossel

GiedRé Paléo Festival de Nyon

Labas vakaras, GiedRé !

[suprise] Labas vakaras ! Comment tu sais ?!?

Bandysiu užduoti klausimus lietuviu kalba.

O, rimtai ? Geras, super !

Tu as dit au journal lituanien 15 minutes : Aktoryste – mano “tikras” darbas...

[rires] C’est fou, ça !

... c'est-à-dire, que le métier d'actrice était ton vrai travail. C'est comme cela que tu te vois ? Giedré est un personnage ?

Non, pas du tout. A l’époque où j’avais donné cette interview, c’était genre au tout début début début [Note de JMF : l’article a été publié le 30 juin 2010] et je disais qu’à la base, j’étais comédienne, et que je ne faisais pas du tout mes chansons dans un but professionnel. Je ne comprends pas trop cette notion de "personnage", parce que comme j’ai été comédienne, justement, je sais ce que c’est qu’interpréter un personnage. Quand on fait de la musique, je ne pense pas qu’on puisse parler de personnage. C’est la différence entre la vie et la scène : dans la vie, tu es comme tu es, et les gens te voient comme eux-mêmes te voient, comme ils te perçoivent. Quand tu es sur scène, tu contrôles ce que tu veux donner de toi. Tu contrôles l’image que tu veux que les gens aient de toi. C’est la seule différence. Mais on ne peut pas parler de personnage.

Il n’y a pas de Dr GiedRé et de Miss Moisie ?

Je ne crois pas. Quand tu es sur scène, tu ne peux pas être comme dans la vie. Sinon, je serais habillée en pyjama et je fumerais des clopes ! [rires]

GiedRé

"Mais tu n'es pas
moche non plus..."

On dit souvent que les femmes humoristes sont des moches qui ont trouvé une porte de sortie pour plaire aux hommes. Et toi, quelle est ton excuse ?

Mon excuse ! [rires] Tu sais, je ne pense pas être humoriste...

... Mais tu n’es pas moche non plus !

C’est gentil ! [rires] Je n’y suis pas pour grand chose. Merci pour le hasard de la génétique ! Je ne me considère pas du tout comme humoriste, mais alors pas du tout ! Pour les humoristes, le rire est un but, alors que pour moi, c’est un moyen. Ce n’est pas une étiquette que j’assume, ou revendique, au contraire.

L'AFP t'a qualifiée de "ravissante et abjecte" [rires de GiedRé], L'Hebdo d'insolente, Le Nouvelliste d'angélique diablesse [rires de GiedRé], France Ô de Professeur Choron avec des cheveux, Télérama de "pas toujours très drôle"...

[surprise] ... Ah bon ? Oh ?

... Le Parisien d'OVNI, Brikabrok de "petite soeur de Bernie", Le Monde de "petite souillon dans la prairie" [rires de GiedRé]. Je passe sur les comparaisons plus ou moins heureuses avec Didier Super, Anaïs, Chantal Goya et Dorothée [rires de GiedRé]. Sur l'échiquier de la chanson française, sur quelle case peut-on te trouver ?

La mienne, déjà, ce serait cool...

Par ordre alphabétique, déjà, entre Garou et Grégoire.

C’est bien, non, déjà ? [rires] Je suis un peu agoraphobe, donc si on me met dans des cases où il y a plein de gens, je vais vite étouffer, et je vais vite avoir envie d’en partir, et de me faire ma case à moi. Les gens ont toujours envie de mettre des étiquettes, sans doute parce que le bazar leur fait peur. Je suis très bordélique, donc je ne range rien. Je m’en fiche des étiquettes et des tiroirs bien compartimentés. Les cuillères avec les cuillères, les chaussettes avec les chaussettes... C’est pas comme ça chez moi ! [rires]

J'avais personnellement émis l'hypothèse que tu étais le résultat d'un croisement génétique hasardeux entre Oldelaf et Coeur de Pirate.

Oui, j’avais lu ton interview d’Oldelaf, et elle m’avait extrêmement touchée. Avec Ol’, on est amis, mais on ne sait jamais tout de ses amis. J’avais été surprise : c’est vraiment gentil tout ce qu’il a dit de moi ! [rires]

Qui considères-tu comme tes parents artistiques ?

Il y en a énormément. Chacun m’a apporté des choses différentes. Je vais pouvoir te citer un auteur comme Jean Teulé, qui a été pour moi une révélation. Il révèle l’envers du décor. Dans sa biographie de Verlaine, il parle du vrai Verlaine, qui avait des croûtes, qui était crado, dégueu et qui allait aux putes. Il ne romance pas, et pourtant, ce sont des romans.

C’est vrai, on a tellement idéalisé la relation entre Verlaine et Rimbaud...

Dans un roman comme "Le Montespan", il ne raconte pas le Versailles des jolies fontaines, il parle de la réalité : on chie derrière les rideaux parce qu’il n’y a pas de toilettes, les gens sont tellement crades qu’ils se vident des bouteilles de parfums sur eux-mêmes, pour ne pas sentir trop mauvais, parce qu’ils prenaient un bain tous les quatre ans. Jean Teulé a pour moi été une découverte très importante, dans sa façon de raconter de vraies histoires, sans les romancer. Lui m’a beaucoup influencé... Qui vais-je dire d’autre... Bon, ça fait un peu cliché, mais Georges Brassens, bien sûr...

Ça se sent dans la guitare...

Oui, et dans la moustache ! [rires] Boris Vian, Jean Yann, Barbara...

Oh oui, la fille cachée de Jean Yann et Barbara, c’est un sacré concept !

C’est vrai ? [rires] J’aime bien le rap, le rap français. Ce que j’aime dans le rap, c’est la démarche, la résistance, la poésie... Et je crois que les rappeurs font partie des rares artistes qui se soucient encore un peu de ce qu’ils racontent dans leur musique. Et puis il y a des tas d’autres artistes qui ont joué un rôle important, des gens comme Georges Carlin, Jon Lajoie, les deux minettes qui chantent là, Garfunkel & Oates, tout ça...

Oldelaf m'a dit de toi que tu étais probablement l’une des personnes les plus délicates, les plus sensibles, qu'il connaissait. Lui-même, comme tu le sais, est quelqu'un d'hypersensible, réservé et timide en dehors de la scène. Comment vous êtes-vous apprivoisés ?

La première fois où on s’est rencontrés, c’était à l’Alhambra [Note de JMF : le 10 décembre 2010]. C’était sa première grande scène parisienne avec son projet solo. On s’est croisés dans un couloir. On se dit bonjour, puis je suis revenue sur mes pas pour lui dire, "j’aime vraiment beaucoup beaucoup ce que vous faites", puis je suis partie, et on ne s’est pas revus. Un jour, j’ai donné une interview au Figaro [Note de JMF : le 28 mars 2011] dans laquelle je donnais des bons plans sur mon quartier, des idées de sortie, et je conseillais d’aller voir Oldelaf en concert s’il passe près de chez vous. Un jour, on dînait au catering de la salle, je ne sais plus où on jouait [Note de JMF : probablement à Dunkerque le 5 novembre 2011 ou au Hangar d’Ivry-sur-sène, le 18 novembre 2011], et il me dit à un moment, "je voulais juste te dire, j’ai vraiment apprécié ce que tu as dit dans le Figaro, merci beaucoup". On est devenus amis. On est très différents. On a des manières très différentes de voir tout ça, mais il y a plein de choses sur lesquelles on se retrouve.

Vous avez écrit trois chansons ensemble ("Mais waouh", "Qui es-tu ?", "Le bonheur"). Comment ces chansons ont-elles été écrites ?

[rires] "Mais waouh", c’était à Dunkerque [Note de JMF : le 5 novembre 2011]. On jouait ensemble ce soir-là. On discutait dans la loge, il est parti, puis il est revenu cinq minutes après, en me proposant qu’on écrive une chanson ensemble. Je n’avais jamais vraiment fait de duo, et on a improvisé cette chanson en cinq minutes, juste avant le concert. On a écrit les deux autres la veille du concert, au téléphone. Ces chansons n’ont aucune ambition, ce sont juste des petits cadeaux pour les gens qui étaient là ce soir-là.

Elles sont disponibles sur YouTube. Pour toi, est-ce qu’elles mériteraient d’être enregistrées "vraiment", sur un live, par exemple.

Non, je ne crois pas. J’aime bien faire des choses qui n’existent qu’au moment où elles existent, pour les gens qui sont là. Evidemment, avec YouTube, tout le monde peut les voir – et ce n’est pas grave - mais c’est l’instant qui est précieux. Ou alors il faudrait qu’on fasse un cd, juste tous les deux, de chansons à la con...

C’est un bon titre, ça, "Chansons à la con" ! Ça n’a jamais été utilisé, en plus ! [rires]

Non, jamais ! [rires]

Quand deux auteurs-compositeurs se rencontrent, comment travaillent-ils ? Qui a composé la musique, qui a écrit les paroles ?

La mélodie, ça a toujours été Ol’, parce qu’il est bien plus fort que moi ! Et pour les paroles, ça s’est vraiment fait à deux. A part pour "Le bonheur" : j’étais partie trois jours en Lituanie, j’avais écrit cette chanson, et le jour du concert, il a écrit le refrain et quelques mots de plus.

Dans "Jolie Chanson", "Les beaux côtés de la vie"et "Je ne suis pas méchante", tu justifies la noirceur de tes chansons: J'en ai rien à foutre de faire de jolies chansons, / Et ça pourrait être bien pire ! (Jolie chanson) / On peut voir le monde comme un endroit merveilleux / Moi je n'en vois que les recoins dégueux (Les beaux côtés de la vie) / Je ne suis pas méchante, c'est le monde qui est pourri / Si la vie était moins violente / Je le serais aussi (Je ne suis pas méchante). Est-ce que tu tiens à te justifier ?

Non ! "Jolie chanson", c’était la première chanson que j’avais écrite pour quelqu’un. C’était pour Kevin, qui est programmateur à la Rochelle. J’ai fait le Chantier des Francos l’année passée, et avant les Francos, il est venu me voir en concert. Je ne savais pas du tout qui c’était, et après le concert, il m’a dit, "bon, j’ai bien aimé, mais au bout d’un moment, c’est un peu lourd, et on aimerait bien que tu places des reprises, ou une jolie chanson, au milieu du spectacle, parce que bon, tes histoires de vomi...". J’ai trouvé cela très étrange. Il ne me viendrait jamais à l’idée d’aller voir quelqu’un et de lui dire, "tu sais, je pense que tu devrais faire autre chose !" [rires] On s’entend très bien maintenant, et je comprends pourquoi il m’a dit ça, que c’était plus un avis qu’un conseil, mais sur le moment, ça m’a interpellée. Je suis rentrée chez moi et, comme il est vrai qu’on a souvent peu de recul sur ce qu’on fait, je me suis dit, "allez, je vais faire une jolie chanson". Et puis voilà, j’aimerais bien, mais je n’y arrive pas. Alors oui, c’est peut-être une réponse. Ce n’est pas une justification, parce que je n’ai à me justifier de rien, mais je donne quelques clés, j’explique un peu mon travail.

Tu dis que les gens sont bizarres, je vais te donner un exemple très intéressant: tu connais probablement Google Suggest, qui permet à Google de suggérer les requêtes les plus courantes concernant la suite des premiers caractères que tu as commencé à taper. Quand on commence à taper GiedRé, par exemple, Google propose des réponses comme "GiedRé les questions" ou "GiedRé l'amour à l'envers". Or, quand on commence à écrire "Marine Le Pen", Google suggère "Marine Le Pen nue". Tu as raison, les gens sont vraiment bizarres.

[GiedRé éclate de rire] Il y a des tordus.

Il n’y a pas "GiedRé nue".

J’ai fait un grand nettoyage avant de me lancer. Il ne faut même pas m’en parler. Je suis très paranoïaque, et je me dis que des vieux pornos vont ressortir, c’est sûr. Mais ce jour-là, je fuirai vers le Mexique. Je me ferai appeler Maria Santa Lucia, j’arriverai dans un village, et je ferai croire que j’ai toujours vécu là. Et les gens deviendraient fous. "Elle a toujours vécu là, et on ne l’a jamais remarquée..."

... Comme la petite soeur de Buffy.

Je ne regarde pas. L’idée a déjà été prise, alors ? Bon bah, je trouverai autre chose, mais la fuite vers le Mexique, c’est toujours, toujours la solution. A tous mes problèmes.

A propos de Marine Le Pen, tu n'as jamais abordé la politique dans tes chansons.

Oh non ! Ce serait rajouter des blagues sur des blagues. C’est déjà une blague en soi : [ironique] On est trop en démocratie. Il y a dix personnes, et vous devez choisir entre ces dix, et ce sont eux qui vont vous gouverner pendant cinq ans. Vous allez un peu vous faire enculer à sec, mais vous avez le droit de choisir. Mais attends : j’ai le droit de choisir ?!? Vous m’imposez un choix. C’est une vaste blague, donc je ne vais pas faire des blagues sur les blagues.

Oldelaf m’avait dit que son crédo, c’était "ni cul, ni politique". Bon, malheureusement, depuis qu’il te connaît, il a un peu dérapé sur la première partie [rires de GiedRé], et en ce qui concerne la deuxième partie, il a fait "J’aime les bêtes" sur Marine Le Pen.

C’est son choix. Il y a des choses plus importantes à dire, que faire des blagues sur les politiques, franchement, ça ne sert à rien.

Tu as déposé 26 chansons à la sacem, en tant qu'auteur-compositeur.

[interloquée] Comment tu sais ?!?

C’est en accès libre sur sacem.fr.

[étonnée] Ah oui ? Mais ça veut dire qu’il y en a plein que je n’ai pas déposées !

C’est ce que j’allais dire ! Aucune des 8 chansons de ton "premier album genre panninni" n'est déposée à la sacem.

Oh merde, c’est vrai ?

C'est aussi le cas d'autres chansons dont on peut trouver des versions live sur YouTube, comme "Maman", "Le rappel", "Les moches"...

Oh merde !

... ou de tes passages dans l'émission de Laurent Baffie, comme "Sacem". Cela veut-il dire qu'elles sont libres de droit ?

[catastrophée] J’ai oublié. Je n’y pense pas. Ce sont des trucs qui me dépassent. J’aurais dû. Je vais le faire. Il faut que je le fasse. [rires]

Tu as fait le choix de l'indépendance : tu es auto-produite, auto-distribuée, ton premier album était numéroté et fait à la main. Est-ce qu’à un moment, ne serait-ce que pour pouvoir gagner décemment sa vie, il ne vaut mieux pas jouer avec le système que contre le système ?

Je ne crois pas, parce que sinon, ça ne changera jamais. Ça m’amuse beaucoup d’être comme ça. C’est une immense chance d’être indépendante, parce que je peux passer un mois à ne pas dormir la nuit pour faire des collages sur mes albums pour les gens. [elle mime une marionnette] Evidemment, quand on coupe les fils, c’est un peu compliqué quand personne ne te dit où aller. Tu ne t’es jamais demandé comment on marchait tout seul, sans tes fils. Une fois que tu apprends, c’est mieux, parce que tu peux aller où tu veux.

Lorsque j’ai fait ta connaissance, ton premier album était malheureusement épuisé. En as-tu gardé quelques exemplaires pour les personnes exceptionnelles dont tu croises le chemin ?

Genre toi, c’est ça ! [rires] Evidemment, je dois en avoir quelques uns dans le fond de mes tiroirs, mais je ne sais pas ce que je vais en faire. En tout cas, je n’en ai pas là. Bon, comme tu peux voir, je ne dépose déjà pas mes chansons à la Sacem, alors il est possible qu’il m’en reste un ou deux au fond de mon placard, ça ne m’étonnerait pas du tout.

GiedRé et Jean-Michel Fontaine

"Les personnes exceptionnelles dont tu croises le chemin..."

Que penses-tu des modèles participatifs, comme MyMajorCompany, qui a révélé ton ami Grégoire, ou de sites comme kisskissbankbank ou oocto, qui ont permis à Oldelaf de financer son clip interactif ou son dvd live ?

Je n’en pense pas grand chose, en fait. Je ne me suis jamais posé la question. J’imagine que c’est bien. Cela a permis à Grégoire de sortir son album, parce qu’il ne l’aurait jamais sorti, sinon...

Je suis devenu millionnaire grâce à Grégoire !

Ah, tu avais investi ? Bon plan ! Mais après, quand tu investis, tu as quoi, toi, en échange ?

Une part des bénéfices.

Et si jamais tu as investi et qu’il n’atteint pas la somme ?

Tant que le seuil n’a pas été atteint, tu peux récupérer ta mise. Le succès de Grégoire m’a permis de produire d’autres artistes, donc tout le monde est gagnant.

C’est vachement bien !

On trouve des centaines de vidéos te concernant, essentiellement des extraits de concerts filmés par des spectateurs, sur Youtube et Dailymotion. Certains artistes sont viscéralement contre la captation et la diffusion de ce type de vidéos. Qu'en penses-tu ?

Au début, je disais que je préférais qu’on ne filme pas, parce que ce qui est magique, c’est l’instant présent, comme on le disait tout à l’heure. Les souvenirs des gens qui étaient présents. Pour moi, c’est un peu comme le téléchargement. C’est là. Au lieu de punir les gens, de faire des lois, peut-être qu’on peut en tirer quelque chose d’intelligent. Je pense que les gens qui mettent des vidéos de moi en ligne le font pour me promouvoir...

Sans cela, je ne t’aurai probablement jamais découverte...

Sans doute. Evidemment, dans un monde merveilleux, tout le monde viendrait aux concerts, et personne ne regarderait les vidéos.

Mais puisqu’il y a des centaines de vidéos qui existent, qui sont vues par les gens, est-ce que tu n’aurais pas envie de sortir un dvd live ?

J’y pense. Mais tu ne retrouves jamais la magie du concert. Peut-être que ce serait bien...

Tu as plus de 30'000 fans sur Facebook. Si chacun t’envoie dix euros, tu as largement de quoi le financer.

En général, je ne demande rien. J’aurais beaucoup de mal à demander.

Dans les deux premiers couplets et les deux premiers refrains de "La petite camionnette", tu plantes le décor d'une jeune fille qui n'a pas le permis, ne sait pas lire et est sourd-muette, et à la première écoute, je me suis senti envahi d'une énorme empathie pour cette pauvre âme en peine. [rires de GiedRé] A partir du troisième couplet, cependant, on la découvre avec une jambe de bois, aveugle et sans bras. Est-ce que tu as des limites ?

[faussement choquée] Des limites ?!? [rires]

Quand tu écris une chanson comme "La petite camionnette", tu commences et puis, oh, tu dérapes, comme dans "Jolie chanson", ou alors c’était voulu dès le début ?

Quand je commence à écrire, j’ai rarement la fin, surtout avec une chanson narrative comme "La petite camionnette", qui a un début, une progression, une fin. En général, je n’ai pas la fin, et je laisse mon imagination faire le travail à ma place. Et là, dans mon imagination, elle n’avait plus rien, la pauvre ! [rires]

Quand tu l'interprètes devant un public, est-ce que tu constates toi aussi, cette progression dans la dramaturgie de la chanson ? D'abord de la compassion, puis de la surprise qui se mue en stupéfaction horrifiée ?

Oui, oui, c’est vrai ! Quand je la chante, elle a tout de suite une jambe de bois, mais bon, il faut bien commencer par quelque chose. Et puis c’est rigolo de voir les gens découvrir tout ça. J’aime bien ! [rires]

Sur le dvd live, il faudra faire un gros plan sur les gens, alors.

Oui, c’est ce qu’il faudrait faire !

"Les petits enfants" parle d'un thème difficile, sans deuxième degré, sans artifice, celui de l'enlèvement d'enfants par des pédo-prédateurs. Est-ce que c'est un thème qui te touche particulièrement ?

Ça me touche, oui. Mais tous les thèmes sur lesquels j’écris me touchent forcément.

Est-ce que tu t'imagines mariée, mère de famille dans quelques années ?

Ouais, avec une toile cirée, un calendrier des pompiers, avec Martine et Lucien qui iraient à l’école catholique de ma banlieue. Versailles, par exemple. Je pense que si la DDASS apprend que je suis enceinte, je me fais aspirer de force dans mon sommeil. Ou alors je ne crois plus aux services sociaux français.

Souvent, tu réponds, "j’espère que je suis stérile".

Je l’espère vraiment.

Si tu as un enfant avec Oldelaf, je le prends tout de suite !

Je pense qu’il est stérile lui aussi. Ah bah non, il a des enfants !

Tu abordes la sexualité des handicapés avec "La bande à Jacky", des personnes âgées avec "Henriette". Est-ce que tu as reçu des réactions des personnes concernées ?

Des personnes âgées, non, mais des personnes handicapées, j’en ai reçu beaucoup. Toujours des super trucs. Des gens qui trouvent ça cool qu’on en parle. C’est un thème qui me touche vraiment beaucoup. Récemment, j’ai reçu un très long mail, super drôle, d’un mec qui est percussionniste et myopathe, avec énormément d’humour et de second degré sur son état. "J’aimerais trop venir jouer avec toi, dans mon fauteuil tout moisi !" On s’est échangé des mails, et c’est sûr que je vais faire un truc avec lui ! Je reçois beaucoup de réactions, mais de personnes âgées, bizarrement, non... Je ne dois pas être dans le Top 50 de leurs chanteurs préférés.

C’est parce que tu ne passes pas chez Michel Drucker ! Je pense qu’Oldelaf a des entrées...

Je pense que si je rentre chez Drucker, je cherche la sortie de secours et je cours ! [rires]

Il y a eu des esquisses de débat concernant les assistants sexuels, mais ça choque tout de suite les gens. Pourquoi les handicapés n’auraient-ils pas droit d’avoir une vie sexuelle ?

Déjà, quand on dit "handicapé", on est désolé, parce qu’on a l’impression que c’est de notre faute s’ils sont handicapés. Je trouve ça juste fou qu’on en soit encore là.

Voici quelques semaines, Stéphane Guillon a demandé à ce qu’un handicapé en fauteuil roulant, qui était au premier rang, soit déplacé, parce qu’il avait peur de le gêner avec son sketch sur les handicapés.

Alors dans ce cas-là, je fais remplir des fiches avant mes concerts : si tu as été violée, si tu as un enfant mort...

Boris Vian a dit, "L'humour est la politesse du désespoir". Qu'est-ce que tu en penses ?

Je pense qu’il a raison. Je connaissais cette citation, et il a raison. Et je crois que c’est vrai. Je ne suis pas sûre, mais je crois qu’on sécrète les mêmes endorphines quand on rit que quand on pleure.

Est-ce que tu es désespérée ?

Est-ce que je suis désespérée ? [hésitation] Non, parce que sinon, je me serais tuée. C’est vrai ! Je me serais tuée. Mais je trouve toujours des petits trucs auxquels je me raccroche, et puis je me dis, "non, allez, je vais rester".

Tu as écrit une chanson que je ne connais pas, justement, qui s'appelle "Je ne suis pas en dépression".

[étonnée] Mais c’est une vieille chanson ! Oui, oui, je m’en souviens.

Elle parle de quoi ?

C’est une chanson ironique qui dit, "non, non, je ne suis pas en dépression, oui, oui, j’adore ma vie". Est-ce que je suis désespérée ? Je crois que je suis un mélange de grand cynisme et d’incroyable optimisme. Si le pire existe, le meilleur existe quelque part aussi. Je ne suis pas complètement désespérée, parce que sinon, je ne serais plus là. On n‘est pas obligé de vivre. Personne ne t’oblige. Si je suis encore là, quelque part, c’est que je me dis, "bon, allez, essaie, quoi". Je passe mes nuits à essayer de trouver des systèmes qui fonctionneraient.

Rousseau pensait que l'homme naturel est bon. Et toi ?

Dans son "Discours sur l'origine de l'inégalité", c’est ça ? L’homme naturel est bon ? Mais c’est quoi un homme naturel ?

Un homme qui n’est pas perverti par la société. Mais moi, je pense totalement l’inverse. Je pense que l'homme naturel est mauvais, viscéralement mauvais, et c’est la société qui lui donne ce vernis qui lui permet d’être à peu près supportable.

Je ne suis pas d’accord avec toi sur le fait que la société donne le vernis.

L’éducation, plutôt que la société. Le modèle social, l’éducation.

Ce que je trouve problématique, c’est que tu n’as pas le choix de ta société, tu n’as pas le choix de ton éducation. C’est un peu biaisé à la base. Tu n’as le choix de rien, en fait. Vaste sujet. L’homme naturel est bon ? Peut-être, je n’en connais pas, je n’en ai jamais rencontré.

D’hommes naturels ou d’hommes bons ?

D’hommes bons. [rires]. Si, j’ai rencontrés des gens bien.

Parce qu’il y a souvent des filles qui sont bonnes mais...

... des gens bons ? Je suis végétarienne. [plus sérieuse] Si, si, ça existe, sinon je ne serais plus là.

De nombreux auteurs-compositeurs parlent du processus de création comme étant fragile, comme une pelote de laine que l'on déroule délicatement, ou d'une étincelle que l'on doit entretenir pour ne pas qu'elle s'éteigne. J'ai l'impression que tu fonctionnes beaucoup plus à l'instinct.

Ah, oui ! J’écris très vite, parce que je ne sais pas pour combien de temps j’en ai.

Ça t’arrive de commencer à écrire une chanson et de revenir dessus six mois après ?

Oui, mais ce n’est pas volontaire. J’ai des grimoires, des cahiers chez moi remplis de bouts de trucs, que j’oublie. De temps en temps, je retombe dessus, et je me dis, "oh mais c’est pas mal ça, en fait !" J’en ai tellement ! Et je me rends compte que j’en perds beaucoup. Avant, quand j’avais une mélodie qui venait pendant que je faisais du vélo, je la laissais partir avec les pots d’échappement. Maintenant, je fais attention, je l’enregistre, j’essaie de garder, de centraliser tout ça. Je pense que la déchetterie de Paris est remplie de bouts de rimes, de bouts de refrain.

Quel gâchis...

Non, mais c’est vraiment con ! Pour mes vieux jours, quand je n’aurai plus d’inspiration, ce serait bien de ressortir des vieux trucs du grenier.

Est-ce que cela t'arrive de perdre le contrôle et d'avoir des fous-rires sur scène ?

Bah ouais ! Mais bien sûr que ça m’arrive ! Heureusement ! [rires] Heureusement qu’on n’est pas dans le contrôle tout le temps, sinon je m’ennuierais tellement... Parfois, les gens me font tellement rire...

Comment fais-tu alors pour reprendre le contrôle ?

J’attends que ça passe, et puis après, ça revient. [rires] Tu partages avec les gens. Si moi je rigole, c’est qu’il se passe quelque chose de drôle, donc pour eux aussi. On est au même endroit au même moment ! On ne va pas faire semblant. Oui, ça m’est déjà arrivé. Une fois, je chantais "Les petits enfants" en Belgique – dans le fief – et à la fin, un mec crie, "Marc Dutroux, Président ! Les menteurs sont les enfants !". J’ai cru que j’allais mourir ! [rires] J’ai tellement rigolé. Je n’en pouvais plus. C’était trop drôle.

Parle-moi de ta Saint-Valentin 2011, à Cannes, dans un palace à 400 € la soirée...

Trop bien ! Trop bien ! C’était vraiment trop magique. C’était tellement mignon. C’était un dîner de Saint-Valentin package complet, qui coûtait une fortune, pour un dîner pour deux avec trois radis et du beurre salé, et une chambre d’hôtel dans le palace, parce qu’après tout, c’est la Saint-Valentin, et il faut baiser. Tout le monde avait marqué dans son calendrier, "ah, aujourd’hui, je baise". Le palace voulait faire une Saint-Valentin "décalée", et moi je suis venue au milieu de tous ces gens, qui avaient payé 450 € pour faire l’amour le 14 février et manger trois bouts de parmesan sur des tomates. Non, c’était de la mozzarelle. De toute évidence, c’étaient des gens qui avaient mis un point d’honneur, ce soir-là, à faire semblant de ne pas faire caca. L’un devant l’autre. Evidemment, moi, qui chantais des chansons sur le vomi et tout ça... [rires] Les gens se levaient peu à peu. Je trouvais ça trop mignon. Et j’avais envie de leur dire, "mais c’est vrai, tout ce que je chante !".

La personne qui t’a embauchée a été virée ?

Non, mais je crois qu’il a eu pas mal de problèmes ! [rires] C’est un mec formidable, que j’ai rencontré dans un festival, qui travaille dans cet hôtel comme organisateur d’événements. Il se donnait un mal de chien pour faire des choses un peu différentes, pour ne pas simplement avoir un mec qui joue des reprises de Stevie Wonder au piano, le jour de la Saint-Valentin, avec des bougies sur le Yamaha à queue... Du coup, il a eu une super idée, mais ça ne marche pas. Quand tu payes 450 € pour dîner, tu ne veux pas qu’il y ait quelqu’un qui te dise que tu fais caca. Donc ça ne marche pas ! [rires]

Carlos et Henri Salvador avaient comme point commun de faire rire à l'insu de leur plein gré : ils enregistraient essentiellement des disques comiques, et gardaient pour eux leurs chansons plus sérieuses, car leurs maisons de disque ne voulaient pas les mettre en avant. Est-ce que tu écris des chansons qui sortent de ton registre habituel, d'une part, et est-ce que tu vas attendre d'avoir 83 ans pour sortir ton Jardin d'hiver ?

J’espère que je n’aurai jamais 83 ans ! [rires] De chansons sérieuses ? Je n’en écris pas. J’écris beaucoup de nouvelles, des poèmes, mais des chansons sérieuses, non. Alors évidemment, j’ai eu 14 ans. Donc j’ai écrit que la société, ça va pas, que j’étais super vénèr dans ma vie, et que putain, il fallait casser les murs. Mais aujourd’hui, je n’ai plus 14 ans. C’est très dommage. En fait, j’ai moins ! [rires]

Comme Benjamin Button ! [rires]

C’est ça !

Tu joues de la guitare, du piano, du ukulélé, du banjo, de l'accordéon...

Comment tu sais ?

Ton cv est partout...

Oh là là ! [rires]

D'où te vient ton éducation musicale ?

C’est un bien grand mot ! Mon problème, c’est que j’ai envie de tout faire. Et comme je n’ai aucune patience, quand j’ai envie de faire un truc, je le commence, et puis après, j’ai envie de faire autre chose, donc j’abandonne, et puis... Du coup, je fais plein de trucs, un peu. J’avais envie de faire de l’accordéon, alors je me suis mise à l’accordéon, j’ai appris cinq accords, et puis après, j’étais à New York, j’avais trop envie d’apprendre le banjo, alors j’ai appris six notes, et je me suis dit, "ah, ça me suffit pour écrire des chansons"... Du coup, je fais tout un peu et rien très bien. J’ai envie de tout faire.

Tu composes toujours à la guitare, ou parfois au piano ?

Parfois au piano. Quand je bute, le piano me laisse plus de liberté, un plus grand champ des possibles. Mais en général, c’est quand même à la guitare.

Tu dis avoir découvert la chanson française grâce à Christophe Rippert, quand tu es arrivée en France au début des années 90. Notre entretien va être publié sur "Parler d’sa vie", le site que j’ai consacré à Jean-Jacques Goldman. Est-ce qu’il représente quelque chose pour toi ?

Christophe Rippert ?

Non, Jean-Jacques Goldman.

Jean-Jacques Goldman ? Non, mais attends, Jean-Jacques Goldman, c’est un peu à cause de lui, tout ça, quelque part. Quand je suis arrivée en France, on m’a offert un cd de Céline Dion, le cd "D’eux". J’avais ce cd, mais je n’avais pas de lecteur. Alors j’ai passé six mois, debout sur mon lit, à créer des mélodies, avec les paroles du livret. Un jour, on a eu un lecteur, et ça ne donnait pas du tout ce que je pensais.

Ça donnait quoi, "Pour que tu m’aimes encore" version GiedRé ?

C’était il y a longtemps. Je sais que j’ai l’air très jeune, mais j’ai eu sept ans il y a longtemps !

Tu avais dix ans quand l’album est sorti.

Il est sorti en quelle année ?

En 1995.

Ah oui, c’était quand je venais d’arriver à Strasbourg.

Je te vois bien écrire des chansons très fleur bleue, pour des interprètes, sous un pseudo. Imaginons que ce soit le cas. Pour qui écrirais-tu, et sur quels thèmes ?

[rires] Pour qui écrirais-je ? [elle réfléchit] Je pense que je n’écrirais pas pour quelqu’un. Je pourrais très bien écrire des chansons à la con, des histoires d’amour sur des couchers de soleil, mais je voudrais les donner à la Sacem, et leur dire, "Vous les donnez à qui vous voulez. Vous dites que c’est Jean-Jacques Goldman qui les a écrites, et je m’en fous". C’est très bizarre, parce qu’en fait, je l’ai déjà fait, pour des amis qui font de la musique, et qui avaient besoin de paroles, mais qui chantent en anglais. Je leur ai écrit des textes en anglais. C’est très bizarre, parce que quand j’écris une chanson, je l’ai avec la mélodie. Alors donner juste le texte, ça fait drôle... J’ai écouté ce qu’ils en ont fait, et ça me fait très bizarre, parce que ça ne m’appartient plus du tout. Chimène Badi, je lui ferais plein de contresens. Ce serait trop drôle. Je lui ferais des métaphores horribles. Elle aurait l’impression de chanter l’amour, alors qu’elle chanterait des trucs nécrophiles. [rires]

[rires] Comme "Les sucettes" ?

Oui ! Mais en fait, je ne ferais jamais ça.

Ecrire pour Chimène Badi ?

Non ! Faire ce qu’a fait Gainsbourg. Parce que je pense qu’il faut que tout le monde soit consentant. Tu ne peux pas utiliser les gens, sauf si vraiment il sont très très cons, et alors, on s’en fout.

Pour revenir à ma première question, si ton vrai métier est celui d’actrice, est-ce que tu as des envies de cinéma ?

Cinéma... [elle hésite] C’est sûr que j’ai tellement envie de raconter des histoires, tout le temps. Je ne dirais pas que ça me manque, mais j’aimerais beaucoup faire de la mise en scène, par exemple. Mettre en scène des spectacles. On a de tels fantasmes sur le métier de comédien ! Souvent, ça me choque quand ce sont des comédiens qui viennent défendre un film sur un plateau de radio ou de télé, parce que ce sont juste des marionnettes : tu dis le texte de quelqu’un d’autre, de la façon dont quelqu’un te dit de le dire. Finalement, ton espace de liberté est vraiment assez mince. C’est parce que je me suis rendu compte de ça que je me suis dit, "j’ai envie de monter sur scène pour dire ce que j’ai envie de dire et de la manière dont j’ai envie de le dire, et j’ai envie de le dire en chanson". Ce que j’ai accepté de faire avant, je n’accepterais plus de le faire aujourd’hui. Faire des téléfilms de merde pour TF1, non. Ça n’a aucun intérêt ! Ce métier, ce n’est pas ça. Pour moi, ce n’est pas ça.

Quand tu parles de mise en scène, ce serait plutôt de spectacle vivant, donc.

Oui. Je pense que je serais incapable de réaliser. Mais j’aimerais beaucoup. J’aime trop le théâtre. J’aime trop le spectacle vivant, j’aime trop quand tu es dans le public et que tu sens ce que ressentent les comédiens. Mon premier souvenir de spectacle – j’étais petite – c’était un spectacle de danse. Un ballet. J’entendais les pointes des danseuses sur la scène. Je trouvais ça magique. Tu as l’impression que c’est faux, parce que tu n’as pas le droit de toucher, tu ne parles pas, tu fais comme si tu n’étais pas là, tu es dans le noir, ils sont dans la lumière, mais il y a un moment, il y a un truc de vérité qui traduit que c’est là et maintenant, et c’est le bruit des pas. C’est pour cela que j’aime le théâtre. A un moment, l’acteur va passer, et tu vas sentir son odeur, et je trouve ça magique.

Et au théâtre, tu ressens quoi quand tu entends les trois coups ?

Ça me fait rigoler. Tous ces rituels qui n’ont pas changé depuis des centaines d’années... Je trouve ça mignon. Les gens s’évertuent à faire cela depuis des centaines d’années, alors que ça ne sert à rien ! Le spectacle pourrait quand même commencer. On pourrait tout déstructurer, et quand même appeler ça théâtre. Ce serait tu théâtre. Même s’il n’y a pas les trois coups. Même s’il n’y a pas de rideaux. Même s’il n’y a pas d’applaudissements. Je trouve ça intéressant qu’on continue à garder ces rituels.

Est-ce que, à l'instar de Douchka, tu n'as pas peur de t'enfermer dans ton personnage ?

C’est qui, Douchka ?

C’était une chanteuse pour enfants dans les années 80. Elle chantait des chansons sur ses copains Mickey, Donald et Baloo... Et elle n’a pas su se renouveler par la suite.

On m’a déjà posé cette question. Quand tu fais les choses comme tu les sens, sans faire de calcul, sans arrière-pensée, tu ne peux pas te tromper. Je fais ça aujourd’hui parce que c’est exactement ce que j’ai envie de faire. Si un jour, j’ai envie de faire autre chose, et bien je ferai autre chose. Rien de plus simple. Pour moi, l’avenir, c’est maximum dans une semaine. Je ne me projette pas. L’autre jour, on me disait, "Tu sais, quand tu auras 33 ans..." Mais je n’aurai jamais 33 ans ! Je ne veux pas réfléchir comme ça ! Je n’y arrive pas.

Dernière question...

La réponse est oui !

Dommage ! [rires] Finalement, est-ce que tu n'es pas une preuve de plus, avec l’ornithorynque, que Dieu a le sens de l'humour ?

Tu vas me parler de Dieu ? Pourquoi ?

Parce que l’ornithorynque est un animal totalement improbable...

Que Dieu a le sens de l’humour... S’il y avait un maître de l’humour noir, ce serait Dieu.

C’est Woody Allen qui a dit que l’ornithorynque est la meilleure preuve que Dieu a le sens de l'humour.

Les hommes aussi... Il y a d’autres trucs que l’ornithorynque qui sont drôles ! S’il y a un maître de l’humour noir, c’est sûr que c’est Dieu. [elle chuchote] Mais je n’y crois pas trop. A lui ! Pas à l’humour noir. L’humour noir, j’y crois !

GiedRé et Jean-Michel Fontaine

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