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Evénement live : Jean-Jacques Goldman "Un tour ensemble"
(Carrefour Savoirs n°49, juillet 2003)

Evénement live : Jean-Jacques Goldman "Un tour ensemble"
Carrefour Savoirs n°49, juillet 2003
[Journaliste inconnu]
Retranscription de Jean-Jacques Ingremeau

Un entretien avec Jean-Jacques Goldman est un véritable évènement tant l'artiste est avare de confidences. Plus rare encore est sa présence en couverture des magasines. Pour Carrefour savoirs, l'artiste a pourtant rompu le silence, s'exprimant avec chaleur et sincérité, et acceptant de poser pour une couverture qui restera dans les annales de notre magazine. Jean-Jacques Goldman dans Carrefour savoirs, c'est peut-être également pour l'artiste une manière de remercier le public qui l'accompagne avec une égale ferveur depuis deux décennies. Un public fidèle qui témoigne de sa passion sur le double album live qui vient de sortir, souvenir d'une tournée exceptionnelle qui rassembla près de 800 000 spectateurs pendant 125 concerts.

Journaliste : Quelques 125 dates de concert et plus de 800 000 spectateurs pour cette tournée. La complicité avec votre public est toujours intacte, voire plus importante. Comment expliquez-vous cela ?

Jean-Jacques Goldman : L'essentiel du public est resté le même. Il y a quelques jeunes qui constituent un nouveau public mais, ce qui est notable, c'est avant tout la fidélité des gens du début. J'ai l'impression de les retrouver tournée après tournée et c'est ce qui explique que ça se passe de façon si intime. Moi, j'ai l'impression de les connaître et nos relations sont donc plus faciles, plus détendues. Je me souviens de la première tournée que j'ai faite, on ne se connaissait pas, on avait un peu de mal et, peu à peu, la complicité s'est faite avec le public.

Journaliste : On peut imaginer que ce public fidèle qui vous suit maintenant depuis vingt ans a transmis sa passion de Jean-Jacques Goldman à ses enfants ?

Jean-Jacques Goldman : C'est sûr que c'est une chose qui se transmet. De la même façon, notre génération a écouté les Compagnons de la chanson, Georges Brassens et d'autres parce que les parents les écoutaient.

Journaliste : Avec le recul, on se dit que vos textes commencent à devenir intemporels, il n'y a pas de phénomène de mode, donc ça peut toucher les générations d'aujourd'hui.

Jean-Jacques Goldman : Oui, je pense que c'est un peu le cas de tout le monde. Quels que soient les auteurs on a les mêmes préoccupations en passant de Souchon à Renaud. En fait, on dit un peu la même chose tout le temps.

Journaliste : Les thèmes de vos chansons sont nombreux et variés. Pourtant, ils défendent souvent l'idée de tolérance, d'ouverture sur les autres, par opposition à l'exclusion et au rejet.

Jean-Jacques Goldman : Ces thèmes sont vraiment les miens car ils se rapportent aux questions de l'existence de ma famille. Le fait que mes parents soient partis de leurs pays pour fuir l'oppression et qu'ils soient arrivés dans un pays, la France, qui a été celui de l'accueil. Finalement, dans les chansons on parle non seulement de ce qu'on connaît, mais de ce dont on nous a parlé au début de l'existence. Je parle beaucoup de route, de départ, d'appartenance parce que ça a été aussi ma réalité à travers le parcours de mes parents.

Journaliste : En écoutant vos chansons, on ressent la cohabitation d'un optimisme véritable et d'un aspect plus sombre, plus nostalgique, plus grave...

Jean-Jacques Goldman : J'ai l'impression d'avoir hérité de mes parents d'une joie de vivre et d'une conscience de la chance de vivre, disons instinctive. Ça, c'est peut-être le côté positif. C'est un héritage, on ne choisit pas ces choses-là. Il y a des gens qui se lèvent et sont heureux et d'autres qui sont angoissés. Par contre, c'est vrai que l'observation du monde contemporain et de ce qui se passe met un peu plus de gris dans ce ciel bleu, dans mon ciel bleu. Donc, effectivement, il y a la cohabitation des deux.

Journaliste : Votre succès, extraordinaire, vous destinait à devenir un personnage égocentrique, égoïste. Finalement, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Vous avez toujours privilégié le travail en équipe, vous avez partagé l'affiche avec Michaël Jones et Carole Fredericks et on connaît vos engagements, entre autres, pour les Restos du cœur. Comment avez-vous résisté à la pression du succès ?

Jean-Jacques Goldman : Je crois que c'est simple. J'ai fait mon premier album en 1981, j'avais 30 ans. Ça faisait sept ans que je travaillais dans un magasin de sport, j'avais fait des études avant, j'étais marié, j'avais deux enfants. Donc, ma vie d'adulte était déjà engagée. Tout ce qui m'est arrivé par la suite ne m'a plus transformé. Ce n'est pas que je ne crois pas à tout ce métier mais moi, dès que je finis une tournée, dès que je termine un album, dès que je vais me promener, faire des courses, j'oublie qui je suis censé être. Ma réalité, elle est celle de l'enfance et de l'adolescence. Quand je rentre de vacances en Espagne ou en Italie, où j'étais dans l'anonymat le plus complet, lorsqu'on me demande un autographe, je suis surpris à chaque fois. Ma réalité à moi, elle est celle de mes trente premières années. Ce sont des années qui vous marquent pour la vie et font de vous ce que vous serez toujours.

Journaliste : Un autre aspect de votre personnalité est étonnant, c'est cette "boulimie" de travail. Vous êtes toujours entre deux projets, deux disques, deux productions, deux tournées...

Jean-Jacques Goldman : Auparavant, dans les années 1960, Johnny ou France Gall tournaient onze mois sur douze. Ensuite, il y a eu l'époque des galas, c'est-à-dire que les artistes faisaient un ou deux concerts par semaine. Ma génération d'artistes ne fait pas ça. On s'arrête pendant quatre ans et ensuite on part en tournée, parce que ce sont de grosses infrastructures, de grosses salles et donc on part effectivement pendant six mois de suite. Ça fait à peu près 120 concerts. Cela me semble normal parce qu'après on s'arrête pendant plusieurs années. C'est simplement plus concentré. Ensuite pour les compositions, je me rends compte que je ne fais pas plus d'une chanson par mois. Je fais un album tous les quatre ou cinq ans, alors qu'avant, les artistes faisaient un album tous les ans, voire tous les six mois. Je ne suis donc pas si boulimique que cela.

Journaliste : Revenons sur ce live qui sort et qui s'intitule "Un tour ensemble". La pochette, le boîtier, on ne sait pas comment l'appeler, est aussi une visionneuse qui permet de voir quinze diapos grand format de vos concerts. D'où vient ce besoin de donner toujours un aspect original, voire un peu fou à vos pochettes de disques ?

Jean-Jacques Goldman : Alors d'abord, sachez que je suis tout à fait inapte à ce qui est visuel. Par contre, j'ai un souvenir très ému des pochettes de disques vinyle, celles qui étaient un peu spéciales comme la fermeture éclair des Stones pour Sticky Fingers. J'avais donc cette nostalgie-là et j'en ai parlé à un collaborateur qui s'appelle Alexis Grosbois. Il est très versé et très doué dans tout ce qui est visuel et mon seul rôle dans ce projet de boîtier avec les diapositives, c'est l'envie et le fait de pouvoir l'imposer ensuite.

Journaliste : Vous semblez très attaché à votre liberté. Liberté de choisir, liberté d'agir.

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est vrai, c'est mon luxe. Je n'ai jamais rêvé d'être une très grande vedette, de gagner énormément d'argent et pouvoir me taper toutes les filles du monde mais, par contre, souvent je rêvais, quand j'étais ado, de choisir l'endroit et les gens avec lesquels je travaillerais. C'est devenu réalité et c'est une grande chance.

Journaliste : Avez-vous le trac avant la sortie d'un album en public ? Est-ce un enjeu comme la sortie d'un album studio ?

Jean-Jacques Goldman : Pour moi, c'est juste un souvenir. Je les réécoute parfois, par hasard. Mon but n'est pas de vendre des millions de disques. Cet album existe pour les gens qui sont venus et, pour moi en particulier, c'est pour avoir un souvenir de ce moment-là et des versions de chansons qui n'existent que sur ce disque. Et puis on a refusé pas mal de monde pendant la tournée, et c'est peut-être aussi pour ceux qui n'ont pas pu venir, une façon d'y accéder.

Journaliste : Avoir, comme vous, un public, est-ce un capital ? Pensez-vous "j'ai mon public" ou repartez-vous à zéro à chaque fois pour le reconquérir ?

Jean-Jacques Goldman : Je dirais ni l'un, ni l'autre. Je n'ai jamais la sensation d'avoir mon public. J'ai l'impression que c'est un public qui est très indépendant. C'est-à-dire que ça lui plaît ou ça ne lui plaît pas. Je le ressens sur scène, ils sont très critiques. Pas dans le sens négatif, mais je ne peux pas leur dire n'importe quoi. Ce sont vraiment des êtres responsables et indépendants, je n'ai pas l'impression qu'ils m'appartiennent. En même temps, j'ai l'impression d'avoir avec eux une relation d'une quinzaine d'années, ce sont des gens que j'ai déjà vus en concerts. Forcément, il y a une intimité qui s'est créée et une connivence qui se voit donc sur scène.

Journaliste : Quand on entend les premières notes d'une chanson et qu'ils reprennent ça à des milliers, vous avez le sentiment que vos chansons ne vous appartiennent plus ?

Jean-Jacques Goldman : Quand je les chante, j'ai l'impression quand même qu'elles m'appartiennent. Mais ce qui m'émeut le plus, c'est quand je suis dans la salle et que j'entends un interprète chanter mes chansons et que tout le monde les reprend. C'est vraiment ce qui me bouleverse le plus.

Journaliste : S'il vous fallait retenir deux ou trois chansons dans votre répertoire, ce seraient lesquelles ?

Jean-Jacques Goldman : Il y a "Il suffira d'un signe", car je trouve que cette chanson est bien foutue. Je serais content de la refaire maintenant. Et puis c'est vrai que c'est la première. C'est celle que j'ai toujours faite sur scène. Il y a également "Je te donne" qui est une chanson que j'ai adorée. C'est peut-être la chanson que j'ai aimée le plus écouter après l'avoir enregistrée. Ensuite il y a deux autres chansons dont je suis fier c'est "Filles faciles" et "Né en 17 à Leidenstadt".


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