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Plus vite que la musique
(M6, 14 juin 2003)

Plus vite que la musique
M6, 14 juin 2003
Animé par Sandrine Quétier
Retranscription de Thierry Bardon, Nelly Bouton, Jean-Michel Fontaine,

Jean Jacques avant Goldman

[Pendant que Sandrine Quétier introduit le thème de l'émission, un écran situé derrière elle diffuse des images de Jean-Jacques dans les années 80 chantant debout, avec sa guitare. Il portait à l'époque une cravate rouge, une chemise blanche et un pull blanc]

Sandrine Quétier : Allez, cap sur Jean-Jacques Goldman, et plus précisément ses débuts. Pour la première fois à la télévision, vous allez tout savoir sur les premiers pas du chanteur, comment il s'est fait repérer, comment il a forgé son style musical, bref comment Jean Jacques s'est fait un nom. Jean-Jacques avant Goldman, c'est un document exclusif de "Plus vite que la musique".

[Pendant la voix off, "Il suffira d'un signe" est en fond musical et différents extraits de clips défilent: "Il suffira d'un signe", où Jean-Jacques est debout à la guitare électrique ; "Là-bas" où l'on voit Jean-Jacques qui s'en va, sa valise à la main ; "Je marche seul", où l'on voit d'abord des chaussures qui avancent, puis Jean-Jacques marchant, son baluchon sur l'épaule]

Voix off : Jean Jacques Goldman, c'est vingt ans de succès, des albums qui dépassent à chaque fois le million d'exemplaires vendus, bref sur le papier une sorte de conte de fées. Pourtant, à l'heure des stars fabriquées, le cas Goldman rappelle à tous qu'il y a aussi des parcours avant la gloire. Celui de Jean-Jacques, c'est le parcours d'un enfant de la musique qui a franchi les étapes une à une sans se presser, et sans en faire des tonnes.

[Est alors diffusé un extrait du clip de "Comme toi", précisément la partie solo de violon jouée par Jean-Jacques, accompagné de la voix off]

Voix off : Au départ dans les années 60, Jean-Jacques touche d'abord au violon... mais il désespère franchement son professeur !

Mme Crevosier [sic] – Professeur de violon : Il était très bien élevé, toujours aimable, toujours poli, mais il ne me satisfaisait pas beaucoup car il ne travaillait pas assez. Alors un enfant doué qui ne veut pas travailler, j'ai envie de l'étrangler tout de suite !

[Pendant la voix off, nouvel extrait du clip de "Comme toi", où Jean- Jacques est seul au violon]

Voix off : Heureusement, l'ado Goldman troque bientôt sans le renier son violon pour une guitare, à la faveur d'une nouvelle vague.

[Interview de Jean-Jacques dans un jardin, il est assis sur un banc]

Jean-Jacques Goldman : C'est tout à coup une musique qui est venue et qui a changé le monde ! [extrait d'un concert des Stones] Les Beatles, les Stones, Ottis Redding, James Brown, tous ces gens-là ont réinventé la musique. La musique n'a pas été la même après et avant.

Voix off : Avant ces pionniers-là, il y a eu aussi le blues : première grosse influence de Jean-Jacques. Et ça se ressent dans la toute première chanson qu'il a écrite, tendez bien l'oreille...

Jean-Jacques Goldman : C'est un blues traditionnel... [Jean-Jacques en fredonne un extrait sur sa guitare] ce qui a dû être fait 100 – 150 000 fois, mais j'avais l'impression que c'est moi qui l'avait composé.

[Pendant la voix off, extrait d'un concert "Autour du blues" avec Jean-Jacques, Michael Jones, Francis Cabrel]

Voix off : Bref, les premiers pas du futur roi de la chanson française se font dans le sillage des géants anglo-saxons qu'il honore encore aujourd'hui. Et à l'heure des premiers groupes dans sa ville de Montrouge, Jean Jacques se fait d'abord remarquer au sein des Red Moutain Gospellers, le groupe vedette de l'église.

Jean-Jacques Goldman : On a fait un petit groupe de gospel et c'était un prêtre, le père Dufourmantelle, qui a commencé à intégrer ses musiques-là.

[Extrait de "Demain c'est dimanche", 1985]

Jean-Jacques Goldman : ...ce qui a fait que les pères, qui étaient très sympas, nous avaient financé un disque qu'on vendait à la sortie des églises.

Père Dufourmantelle : Ils ont été honnêtes parce qu'ils me l'ont remboursé !

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est vrai. Mais on faisait beaucoup de monde... plus que vous quand même !

[Fin de l'extrait de "Demain c'est dimanche"]

Voix off : À l'époque, Jean-Jacques n'a cependant pas encore admis l'idée d'une musique moderne et il chantait en français. Mais il assiste à un certain concert de Léo Ferré qui change tout.

[Extrait d'un concert de Léo Ferré, 1971]

Jean-Jacques Goldman : Là j'ai été scotché parce que j'entendais un type qui jouait avec les musiciens que j'aimais et de la musique que j'aimais mais avec des mots en français, ce qui me paraissait inconcevable.

Voix off : L'inconcevable devient d'autant plus concevable que dans l'univers de Goldman un deuxième artiste français s'est imposé : Michel Berger. Ces deux-là sont clairement sur la même planète.

[Pendant la voix off, extrait de "Seras-tu là ?", Michel Berger en duo avec Jean-Jacques Goldman, Le Grand Echiquier, 1985]

Voix off : Pourtant, après des études poussées et une expérience rock forgée dans les clubs, c'est d'abord en anglais que Jean-Jacques se fait finalement connaître du grand public, au milieu des années soixante-dix.

[Extrait d'une émission présentée par Julien Lepers, 1975]

Julien Lepers : 1975, 3 français, 2 vietnamiens, c'est le vénérable groupe Taï Phong, un des plus grands tubes de l'été avec "Sister Jane".

[Extrait de "Sister Jane", où Jean-Jacques, chanteur du groupe Taï Phong, se tient debout, jouant de la guitare ; il porte cravate rouge, chemise blanche et pull blanc ; cet extrait est accompagné de la voix off]

Voix off : Dans Taï Phong, Jean-Jacques est l'attraction, le chanteur. Mais son ambition, c'est surtout écrire des chansons pour les autres. Une des premières à profiter de ses dons est une jeune inconnue, candidate d'un télé crochet : Anne-Marie Batailler.

[Fin de l'extrait]

Voix off : Et ce jour-là, l'animateur pose une question qui va lancer indirectement la carrière solo de Goldman.

[Extrait d'une émission, 1980, où Anne-Marie Batailler cite Jean- Jacques Goldman en tant qu'auteur compositeur de sa chanson "Fais-moi des sourires"]

[Jean-Jacques fredonne à la guitare un extrait de cette chanson]

[Durant la voix off, extrait de la chanson de Anne-Marie Batailler "Fais-moi des sourires", 1980]

Voix off : On peut le dire, c'est un peu grâce à Anne-Marie Batailler que Jean-Jacques a été repéré.

Marc Lumbroso, éditeur/réalisateur - Découvreur de Goldman : C'est cette télé où j'ai vu cette chanteuse qui chantait une chanson de Jean-Jacques, que j'ai beaucoup aimée, et j'ai cherché à savoir qui l'avait composée. J'ai regardé le générique et je l'ai contacté comme ça. Puis quand j'ai rencontré Jean-Jacques, il m'a fait écouter d'autres chansons. Les premières qu'il m'a fait écouter m'ont énormément plu aussi.

[Pendant la voix off, des images de Johnny Hallyday sur scène sont diffusées]

Voix off : L'idée, c'est alors uniquement d'être auteur-compositeur pour les autres.

Marc Lumbroso : Lui essayait de faire des chansons pour les autres et moi j'essayais de les placer, et on n'en a placé pratiquement aucune.

[La voix off suivante est accompagnée des images de Johnny Hallyday interprétant "L'envie" sur scène]

Voix off : Et l'on n'imagine pas quelles chansons sont refusées à l'époque...

Marc Lumbroso : "L'envie", que Johnny a chantée.

Voix off : Elle a été refusée ?

Marc Lumbroso : Ah oui !

Voix off : Avec ce texte-là ?

Marc Lumbroso : Exactement la même chose !

[Extrait de "L'envie", Johnny Hallyday sur scène, en fond sonore de la voix off]

Voix off : Johnny prendra la chanson en 86. A l'origine, elle était pour Michel Sardou mais qu'importe, puisque Jean-Jacques ne place pas encore ses chansons, il va devoir les chanter lui-même.

Marc Lumbroso : Je sentais que le tube potentiel, c'était lui.

[Extrait de "Il suffira d'un signe", 1981]

Voix off : Et bien bingo ! Dès le premier titre, c'est le carton ! Le problème c'est que Jean-Jacques n'a fait absolument aucun plan de carrière.

Jean-Jacques Goldman : Je faisais ça vraiment par plaisir, je me disais que je voulais faire un disque avant de rentrer dans la vraie vie.

[Jean-Jacques interprète sur sa guitare un extrait de "Il suffira d'un signe"]

Voix off : Jean-Jacques est alors vendeur à Montrouge dans un magasin de sport, une entreprise familiale qu'il n'a pas envie de quitter. Mais les tubes s'enchaînent : un deuxième...

[Extrait du clip de "Quand la musique est bonne"]

Voix off : Puis un troisième...

[Extrait du clip de "Comme Toi"]

Voix off : Alors évidemment Jean-Jacques va devoir choisir, et c'est pas facile...

Michaël Jones – Ami et guitariste : Je pense que ce qui l'a gêné le plus, c'est quand il s'est senti obligé d'arrêter de bosser au magasin, parce que les fans venaient pour lui et pas pour acheter.

Jean-Jacques Goldman : Je terminais une émission de télé, je rentrais en vitesse, je me démaquillais dans la bagnole ou dans le taxi, et le samedi par exemple je reprenais le boulot. Mais il y a eu un moment où ce n'était plus possible.

[Pendant la voix off, extrait du clip de "Je marche seul", Jean- Jacques et son baluchon sur l'épaule...]

Voix off : Jean-Jacques quitte finalement son métier de vendeur en décembre 82, son petit baluchon sur l'épaule, soit un an et demi après son premier tube et déjà avec un million de disques vendus .On ne peut pas dire qu'il était obnubilé par le fait de devenir une star !

Héros malgré lui

Sandrine Quétier : Pas star pour un sou, mais une chose est sûre, Jean-Jacques Goldman ne manque pas d'atouts. Parolier et mélodiste talentueux, homme discret et d'une humilité rare, il est l'un des artistes les plus respecté du show business... C'est sûr, notre Jean- Jacques a l'étoffe d'un héros et ce bien malgré lui !

[Durant la voix off, "Il changeait la vie" est en fond sonore tandis que défilent différentes images : Jean-Jacques en gros plan, extrait du clip de "Comme toi", puis "Le journal du dimanche" du 5 janvier 2003 où l'on voit que Jean-Jacques est classé troisième personnalité préférée des français, et enfin différentes images de l'artiste]

Voix off : Depuis des années Jean-Jacques Goldman est l'une des trois stars préférées des français, ce sont eux qui le disent régulièrement dans les sondages. Cette popularité sans faille dépasse le simple cadre musical, on aime Goldman comme on aime l'abbé Pierre, Belmondo ou Zidane, comme ces personnages qui avant toute chose forcent la sympathie et paraissent accessibles. C'est vrai que justement Jean- Jacques n'a jamais joué à la star.

[Extrait de "Champs Elysées", 1984]

Michel Drucker : Comment vous vous voyez dans quatre ou cinq ans ? Comment allez vous négocier ce virage car vous êtes maintenant une vedette et je sais que vous êtes très prudent à l'égard de tout ce qui vous arrive, et vous essayez d'être le plus lucide possible.

Jean-Jacques Goldman : Le piège, c'est de vivre la vie de chanteur, qui est quand même une des plus bête du monde : on vous appelle le taxi, vous êtes invité au restaurant, etc. Et à partir du moment où il ne se passe plus rien et ou on ne vit pas des choses réelles et authentiques, je crois qu'on est cuit !

[Fin de l'extrait de "Champs Elysées"]

[Durant la voix off, Jean-Jacques joue l'intro de "Bonne idée" à la guitare]

Voix off : Le dire, c'est bien, s'y tenir c'est mieux, et Goldman a parfaitement réussi ce pari, d'abord via ses chansons. Elles plaisent car elles sont simples, des airs rythmés, populaires, avec quand même un petit truc en plus... [Jean-Jacques fait une grimace]

Marc Lumbroso : Je me souviens, Jean-Jacques disait : "On n'est pas totalement obligé d'avoir une chanson sur laquelle on puisse danser et dont les paroles soient stupides". Et je pense que c'est ça qui l'a aidé Jean-Jacques, c'est des textes qui tiennent la route, qui disent des choses.

[Extrait du clip de "Né en 17 à Leidenstadt", Jean-Jacques chantant : "Et si j'étais né en 17 à Leindenstadt, sur les ruines d'un champ de bataille"]

Marc Lumbroso : Sa famille, je pense que c'est une famille de gens informés, de gens qui vivaient de la société totalement, qui s'intéressaient aux mouvements sociaux, qui s'intéressaient aux mouvements politiques, et Jean-Jacques, il a baigné là-dedans.

[Extrait de la fin du clip de "Né en 17 à Leidenstadt", Jean-Jacques chantant : "Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j'avais été allemand..."]

Michaël Jones : Il note tout ce qu'il voit, il a son petit carnet, il note des idées tout le temps. Et quand il a besoin de se mettre au travail, il a une espèce de stock, de disque dur dans sa tête ou dans son bouquin plein d'idées, et il exploite ça.

Jean-Jacques Goldman : Donc, le fait d'être plongé dans l'existence, je parle des choses qui me concernent, et il se trouve que c'est des choses peut-être qui concernent aussi les gens.

[Extrait Jean-Jacques interprétant "La vie par procuration" en concert, accompagné de la voix off]

Voix off : Illustration avec ce classique Goldmanien...

Jean-Jacques Goldman : Je me lève parce qu'il y a un petit bruit et je vois six pigeons qui sont en train de volter autour de... je vois pas, je vois juste une main derrière qui leur fait [il fait le geste de jeter du pain] et je me dis que c'est peut-être les seuls êtres vivants que cette personne va voir de la journée, voilà...

[Il chante un extrait de "La vie par procuration" à la guitare ; la voix off reprend au milieu de l'extrait]

Voix off : Au final, ça donne des histoires quotidiennes, universelles et une voix très particulière. Le style Goldman fidélise un public énorme. Mais la critique l'a parfois très mal pris. [Gros plans sur des coupures de journaux critiquant Jean-Jacques au début de sa carrière] Et bien, peine perdue ! On a beau essayé de l'énerver, il reste zen, Jean-Jacques !

Jean-Jacques Goldman : J'étais juste surpris qu'il n'y en ait pas un qui dise : "Franchement, il chante comme une casserole, c'est beaucoup trop haut, les textes sont pas travaillés, mais il y a trois ou quatre mélodies qui sont pas mal, et trois ou quatre thèmes qui sont pas mal..." Juste une critique comme ça !

[Extrait du clip de "Je te donne", accompagné de la voix off]

Voix off : Ce genre de réaction intelligente rend en tout cas le personnage encore plus sympathique aux yeux du public. Pour lui, Goldman, c'est l'homme des tubes, du flegme et du partage. De ce point de vue, il est sur tous les fronts, toujours en chanson.

Marc Lumbroso : C'est qu'il a du recul et qu'il considère, je pense qu'il a tout à fait raison, que les chansons sont plus importantes que les chanteurs.

[Pendant la voix off, extrait du clip de la chanson des Restos du Cœur]

Voix off : Des chansons emblématiques, comme celle des restos du cœur offerte à Coluche. Jean-Jacques, on le sait, donne beaucoup pour de bonnes causes et là encore, sans en rajouter, et il y en a qui trouvent ça suspect.

Didier Varrod – Journaliste : C'est cette notion de banalité et de normalité qui fait qu'on ne conçoit pas que tout ça ne soit pas tiré par derrière par des fils un peu secrets.

Voix off : Pourtant, il n'y a pas de fils ! Juste un chanteur qui poursuit son chemin avec un grand écart entre chaque album.

[Extrait du clip de "Rouge", où défilent les images des Cœurs de l'Armée Rouge, puis de l'album "Rouge"]

Voix off : Des cœurs de l'Armée Rouge à des climats très intimes.

[Extrait du clip de "Sache que je", puis photo de l'album "En passant"]

Voix off : Avant une plongée dans le répertoire folklorique.

[Extrait du clip de "Tournent les violons", puis photo de l'album "Chansons pour les pieds". Alors que la chanson est en fond sonore, Jean-Jacques nous explique...]

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est une façon pour moi d'aller dans d'autres directions, de façon à changer la forme si je ne peux pas changer le fond.

Voix off : Bon allez, on veut savoir maintenant, c'est quoi son secret à Jean-Jacques ?!

Didier Varrod : Je crois que c'est un artiste qui a résolu ce problème de la schizophrénie qu'ont tous les artistes. Et il l'a résolu de manière tellement magistrale qu'effectivement, on n'a pas de prise sur lui.

Voix off : Oui, d'ailleurs sur la vie privée non plus on n'a pas de prise... Un petit scoop Jean-Jacques ?

[Extrait de Jean-Jacques (sourire jusqu'aux oreilles) chantant "La vie c'est mieux quand on est amoureux", Fréquenstar ; cet extrait est accompagné de la voix off]

Voix off : Et voilà, ça recommence ! Vous voyez il est amoureux, oui comme un mec normal, comme nous quoi, encore une fois !

Jean-Jacques Goldman terminant la chanson : Et voilà !

Un tour ensemble

[Pendant que Sandrine Quétier introduit le thème de la troisième partie de l'émission, l'écran situé derrière elle diffuse des images de Jean-Jacques lors de la tournée 2002, s'échauffant au violon, puis une présentation du boîtier de l'album "Un tour ensemble" : une main ouvre l'album, qui s'éclaire, et introduit quelques unes des diapositives sur la table lumineuse, caractéristiques des moments forts du spectacle]

Sandrine Quétier : Et maintenant, je vous emmène dans les coulisses de sa tournée, à coup sûr la plus originale des années 2000. Car vous allez constater qu'un concert de Goldman, c'est loin d'être un show classique. Une originalité que le chanteur décline jusqu'au choix des boîtiers de ses albums. Pour son nouvel album, il est carrément lumineux ! Voici en exclusivité pour "Plus vite que la musique" tous les petits secrets de fabrication de Monsieur Goldman.

[Extrait d'un concert de Jean-Jacques, interprétant "La vie par procuration", accompagné de la voix off]

Voix off : Aujourd'hui, une tournée de Jean-Jacques Goldman c'est 125 concerts, 800 000 spectateurs et une mise en scène étonnante. Pourtant, à ses débuts, ce n'était pas gagné ! Le plus dur à l'époque, ce n'était pas de lui faire un brushing qui tient, non... C'était de le faire monter sur scène, tout simplement ! Bah oui, ce n'était pas son truc à Jean-Jacques !

Jean-Jacques Goldman : Moi, je voulais faire une carrière de studio sans aller sur scène.

Michaël Jones : La scène, ça lui faisait peur au début.

Jean-Jacques Goldman : J'ai une sœur qui est médecin. Je lui demande des médicaments parce que je lui dis : "Je vais pas pouvoir...".

[Sur fond sonore de "Tout était dit" défilent plusieurs images de Jean-Jacques sur les routes de ses tournées : Jean-Jacques dans le car de la troupe, assis près de la vitre ; Jean-Jacques et ses musiciens répétant dans le car ; Jean-Jacques, un casque de baladeur sur les oreilles ; Michaël Jones ; l'arrivée du car sur le lieu du concert ; Jean-Jacques descendant du car ; puis Michael ; enfin échauffement des voix dans les loges, sur "Tout était dit", avec Jean-Jacques à la guitare. La voix off accompagne ces images]

Voix off : Du coup, Jean-Jacques va développer une méthode bien à lui pour se sentir à l'aise sur scène. D'abord, il s'entoure d'un groupe. Goldman n'a jamais voulu jouer le chanteur-star tout seul devant son public. D'ailleurs, les musiciens qui l'accompagnent et son équipe technique sont les mêmes depuis des années.

Michaël Jones : Il avait besoin de gens autour de lui qui étaient là pour le soutenir. [On voit alors un extrait de l'ambiance dans les loges : Jean-Jacques annonce en souriant "C'est pas gagné...", ce qui fait bien rire les musiciens] Malgré le fait que tous les musiciens dans le groupe soient de super musiciens, je pense que ce sont surtout les qualités humaines qui ont été le facteur le plus important. On aime aller dans les mêmes directions, on aime les mêmes musiques... On est une bande de copains, on forme une famille.

[Pendant la voix off, extrait de "Le rapt" live 1998]

Voix off : La deuxième protection de Jean-Jacques, c'est de s'appuyer sur une mise en scène très étudiée derrière laquelle il peut s'effacer.

Jean-Jacques Goldman : La première tournée que je faisais, dans les salles de 800 places, il y avait déjà un écran de cinéma. Il y avait déjà des films. Il y avait déjà une mise en scène... petite, mais il y avait un scénario.

[Extrait de "Il changeait la vie", la scène s'avançant sur le public, live 1998]

Voix off : Et les scénarios vont devenir de plus en plus sophistiqués au fil des tournées, comme la scène qui avance au-dessus du public par exemple. Jean-Jacques n'hésite pas non plus à se moquer de ses propres chansons pour faire le show. Et à chaque fois, tout cela est préparé longtemps à l'avance.

[Extrait de "Pas toi" version rap, live 1998]

Jean-Jacques Goldman : A la première réunion, j'explique à tout le monde comment va se passer le concert. Voilà. Donc il y a quand même les idées directrices, il y a les chansons et l'ordre des chansons, il y a aussi les enchaînements. Là, il y a donc un gros travail de visualisation virtuelle du spectacle.

[Extrait de la première réunion ]

Jean-Jacques Goldman : Bon après ces petites répétitions et tout ça, ce truc de 20 minutes, moi je me retrouve à chanter "Nos mains". Pareil, en acoustique, où je leur fais répéter : "Oh, Oh, Oh !".

Voix off : Voilà comment se passent ces réunions : c'est très fastidieux, on a le soleil dans l'œil,... mais bon Jean-Jacques sait exactement ce qu'il veut !

[Fin de l'extrait de la première réunion]

[Les photos de Xavier et Jean-Michel, seuls puis devant leur écran d'ordinateur illustrent la voix off]

Voix off : Enfin c'est bien beau d'avoir des idées, encore faut-il savoir les réaliser ! Et ça, c'est le boulot de Jean-Michel et Xavier depuis dix ans maintenant. D'ailleurs, ils avaient prévu quoi pour cette tournée ?

Xavier Grobois – Designer (L&G Design) : Au démarrage, on était déjà dans l'idée de cette partie devant. D'ailleurs, c'est plus ou moins resté puisque finalement quand on regarde la ligne de scène [il nous montre une image virtuelle de la scène] elle est vraiment dans les gens, plus ce petit bitoniau avec la petite scène au bout qui s'avance.

[Durant la voix off, extrait du clip de "Tournent les violons", live 2002, où tous les musiciens sont sur la petite scène, au milieu du public]

Voix off : En plus de la scène principale, on retrouvait donc une petite scène en plein milieu du public. C'est vrai que ça rendait bien mais ils ont fait encore plus fort...

Xavier Grobois : Même sans être à la course à l'idée, il y a un moment où quand même dans un concert comme ça, il faut qu'il y ait le truc qui fait que quand les gens sortent, ils se disent : "Ça, je m'en rappellerai tout le temps". Il se trouve que cette idée-là, c'est Jean-Jacques qui l'a eue. Il nous a passé ça par fax [Xavier nous montre le dessin faxé de Jean-Jacques, où l'on voit les musiciens jouant sur une scène à 90° et les spectateurs criant "Ahahaha !!!"], et il nous a dit : "Bon bah voilà, maintenant à vous de jouer les gars !"

[Durant la voix off est montrée une maquette de la scène levée, avec tous les musiciens et leurs instruments]

Voix off : Une scène qui se lève... Mais où le patron est-t-il allé pêcher cette idée ?!

Jean-Jacques Goldman : Je sais pas. J'étais au lit. Tout à coup je me dis : "Qu'est-ce que je pourrais faire ?". J'avais dans la tête un concert de Christophe, je crois, où il y avait un piano qui partait à l'envers ou qui s'envolait. J'ai imaginé ce truc-là. Alors, j'ai fait un petit dessin le lendemain. Je l'ai envoyé à L&G, les cinglés (rires) et je leur ai dit : "C'est possible ça ?". Et voilà...

[Avec la voix off, extrait des premiers essais sur la scène : on aperçoit Jean-Jacques de dos, puis Jacky Mascarel de profil, Michaël Jones tout souriant faisant une grimace à la caméra, enfin Christophe Deschamps pas très rassuré... Puis la scène se lève]

Voix off : Trois mois après avoir eu cette idée géniale, il a fallu passer au test grandeur nature, 15 jours avant le premier concert. Des harnais ont été fabriqués sur mesure pour tous les musiciens. Quand on se retrouve à cinq mètres du sol, il vaut mieux être bien accroché ! D'ailleurs, ils n'étaient pas tous très rassurés...

[Extrait des préparatifs avant le premier test]

Jean-Jacques Goldman : Si y a un câble qui lâche ? Il y en aura deux? Oui ?

[Fin de l'extrait des préparatifs]

Christophe Deschamps – Batteur : Le premier soir des premières répétitions, on s'est regardés, on a parlé entre nous et on s'est dit : "Putain ! Combien de dates on a encore à faire ? Qu'est-ce qu'on a fait d'accepter ça ! C'est fou !" [rires] Puis, petit à petit, on s'y est fait de plus en plus et à la fin c'était carrément un vrai plaisir. C'était le tour de manège, on attendait ça...

[Extrait de "Envole-moi" lorsque la scène se lève, tournée 2002 ; la voix off reprend]

Voix off : Du coup, au moment de concevoir le boîtier de l'album live, difficile de passer à coté de l'idée forte du concert...

Xavier Grobois : En fait, le projet original était de reprendre cette idée de scène qui se levait. Dans le couvercle du boîtier, il y avait des petits personnages en métal, et quand on ouvrait le boîtier les petits personnages se mettaient droits [présentation des photos des quatre différentes modélisations]. Et puis finalement, on s'est tous un petit peu dit : "Est-ce que ça faisait pas trop gadget ?" Et puis est arrivée cette histoire de lumière à laquelle on a pensé, une petite table lumineuse...

[Pendant que la voix off décrit le boîtier de l'album, une personne ouvre ce boîtier, qui s'éclaire, et passe les différentes diapositives une à une sur la table lumineuse]

Voix off : Voici donc l'album du concert de Jean-Jacques Goldman : un boîtier qui vous permet de visionner 14 photos de la tournée. Les fans de Jean-Jacques sont habitués à ces innovations : avec lui chaque boîtier est différent !

[Les images de Jean-Jacques Goldman sont diffusées sur un petit écran central représenté par un boîtier classique de cd, tandis qu'on aperçoit le travail d'une machine fabriquant des boîtiers de CD]

Jean-Jacques Goldman : Le point de départ, c'est quand même la haine de la pochette traditionnelle, de la pochette actuelle des CD. A partir de ce moment-là, moi j'ai une volonté de faire autre chose mais j'ai l'incapacité de le concevoir parce que je suis nul pour ça. Il se trouve que j'ai des amis qui me font des propositions et là, c'est à moi, avec le statut et les privilèges que j'ai, de l'âge et de la puissance commerciale on va dire, de pouvoir dire "je souhaite ça", et de pouvoir l'imposer.

[Pendant la voix off, l'usine nous est présentée, extérieurement tout d'abord, puis de l'intérieur avec tous les employés travaillant à la chaîne, fabricant un à un tous les albums]

Voix off : Nous sommes au sud de Paris. C'est ici que sont fabriqués tous les albums de Jean-Jacques. Pour le dernier, il a fallu créer des machines et des pièces sur mesure. On a du mal à y croire mais tout ça est très artisanal. D'ailleurs, on retrouve certains éléments que l'on connaît déjà...

Xavier Grobois, se baladant dans le fond de l'usine : Donc là, on retrouve les grilles de la tournette. En fait, les grilles de la tournette, c'était donc la partie avancée qui tournait, sur laquelle ils faisaient la moitié du show. [Quelques images du concert, où Jean- Jacques et les musiciens sont sur la tournette] Donc, nous, on garde tout ici. Et même des fois, on utilise certains éléments pour les retransformer dans les machines. Donc finalement, il y a des éléments de la scène qui sont utilisés pour fabriquer le boîtier. C'est assez extraordinaire quand même !

Voix off : Rien ne se perd...

Xavier Grobois : Voilà, rien ne se perd, tout se transforme ! [rires]

Voix off : Transformation réussie : l'album a passé les 150 000 exemplaires, en une semaine ! [Extrait d'un concert, images en noir et blanc, où Jean-Jacques est ovationné par le public]


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