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Il est passé par ici
(Option musique, du 17 au 21 décembre 2001)

Il est passé par ici
Option musique, du 17 au 21 décembre 2001
Emission animée par Brigitte Mari
Retranscription de Dominique F.

Lundi 17 décembre 2001

Brigitte Mari : Jean-Jacques Goldman, quel genre d'artiste êtes-vous ? Comment arrivez-vous à composer, à écrire, à sortir des choses de vos tripes ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne suis jamais devant une feuille blanche, c'est-à-dire qu'au départ je lis un journal, je discute avec vous, ou bien je vois un truc à la télé et lorsqu'une phrase, une idée, un angle me plait, je le note. Au fur et à mesure, je renote quelque chose sur cette idée et à la fin, j'ai deux pages de notes, et là, c'est mûr. Je commence alors à écrire, mais je n'écris jamais tant que je n'ai pas la mélodie. Et lorsque la mélodie vient, j'ai un sac d'idées et les mots viennent en fonction des notes. Je n'écris pas des poèmes ou des choses qui y ressemblent, c'est toujours un texte sur des notes.

Brigitte Mari : Je suis sûre que vous n'aimez pas les schémas...

Jean-Jacques Goldman : Non, je n'aime pas les schémas, je n'aime pas les lieux communs, je n'aime pas les instincts grégaires, je n'aime pas le politiquement correct, ça m'agace.

Brigitte Mari : Mais il faut être très exigeant avec soi-même pour casser les schémas !

Jean-Jacques Goldman : Je trouve que c'est la moindre des choses d'être exigeant avec soi-même, d'exister soi-même, d'oser dire que le roi est nu quand on a envie de dire que le roi est nu et de ne pas dire qu'il est habillé parce que tout le monde dit qu'il est habillé.

Brigitte Mari : Léo Ferré a marqué le début de votre carrière, savez- vous qu'un jour il a dit : "Les mots sont une arme" ? Vous en pensez quoi ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne connaissais pas cette phrase, mais oui incontestablement, c'est peut-être la seule arme admissible.

[C'est pas vrai]

Mardi 18 décembre 2001

Brigitte Mari : "La pluie", un titre du dernier album de Jean-Jacques Goldman. Un titre qui pourrait peut-être raconter la vie de certaines personnes qui ne prennent pas la vie à pleines mains.

[extrait de "La pluie"]

Jean-Jacques Goldman : Ce n'est pas le manque de courage uniquement, mais c'est considérer ce qui est dans notre nature comme insupportable. Je dis que le désespoir est supportable, qu'il fait même partie de nous. Je trouve que la douleur est supportable, que le dépit amoureux est supportable, je trouve qu'il est normal. Je plains les gens qui ne sont jamais allés au fond, qui n'ont jamais été désespérés. Alors pourquoi ? Ce n'est pas par masochisme ! C'est simplement pour que lorsque le soleil arrive, on puisse en jouir comme il le mérite. En gros, c'est la chanson anti-Prozac. Pour moi, le Prozac est inhumain puisque c'est une façon d'écrêter les bas, et d'écrêter aussi les hauts. Mais c'est quelle vie ? C'est une vie de racine... Une vie de quoi ? Même pas de mante religieuse, ou de rat ! Une vie de plante, je suppose... Je trouve que c'est dommage. Il faut accepter d'aller au fond juste pour le bonheur de savoir lorsque l'on est en haut.

[La pluie]

Mercredi 19 décembre 2001

Brigitte Mari : Pour Jean-Jacques Goldman, chaque chanson a son histoire, son vécu. Le titre "Ensemble", quelle est son histoire ?

Jean-Jacques Goldman : Ce sont deux histoires parallèles : d'abord, il s'agit du scoutisme. On faisait des canons et j'adorais faire des canons. J'adorais ce mélange où tout à coup il y a quatre voix qui sont indépendantes et qui deviennent une. Je trouvais que c'était dommage qu'il n'y ait pas de canon dans la chanson. La deuxième chose, je vais la faire rapidement parce que nous sommes à la radio, je me suis retrouvé à Alès dans une réunion de choristes, de 1 000 choristes. Je crois qu'il y a des Suisses, des Canadiens, des Français, qui viennent de partout et qui se réunissent chaque année autour des chansons d'un auteur compositeur. La première année c'était Jean Ferrat, la deuxième année Georges Moustaki, la troisième c'était moi, la quatrième c'était Gilbert Bécaud, la prochaine année c'est Claude Nougaro. Ils chantent nos chansons réarrangées et ils nous demandent si on veut bien chanter une ou deux chansons à la fin avec eux. Je chante donc ces chansons avec eux, et là je suis bouleversé, parce que c'est 1 000 choristes. Imaginez ce que c'est que 1 000, c'est 10 fois 100 ! Et à ce moment-là sur scène, je leur dis : "Un jour j'écrirai une chanson qui s'appellera "Ensemble" et vous saurez qu'elle est née là".

[Ensemble]

Jeudi 20 décembre 2001

Brigitte Mari : C'est extrêmement rare d'avoir une chanson d'amour de Jean-Jacques Goldman, eh bien dans cet album il y en a une !

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est directement lié à mon âge, c'est-à- dire à la distance que j'ai par rapport à tous mes copains et toute leur vie amoureuse depuis qu'on a 15 ans. On se rend compte que c'est n'importe quoi. C'est n'importe quoi dans le sens de la surprise, c'est-à-dire que l'histoire d'amour la plus solide tout à coup se désintègre pour une raison impossible, pour un autre ou une autre impossible. Au contraire, des situations complètement rocambolesques qui ne devaient pas durer font des vies. J'ai des couples qui sont condamnés depuis le premier jour et qui sont encore là, et sont là pour de vrai, qui font de vraies histoires. Pour des choses comme ça qui se passent, on se dit qu'il y a un Cupidon qui se promène et qui se fout de notre gueule, qui s'amuse... Et on voit un prêtre tout à coup se défroquer, on voit un Don Juan mourir d'amour, c'est assez hallucinant ce spectacle !

Brigitte Mari : Jean-Jacques Goldman, est-ce que c'est bien d'être amoureux à cinquante ans ?

Jean-Jacques Goldman : Mais alors j'adore, moi je réfléchis pas trop quand j'écris, mais a posteriori, ce qui est bien dans cette phrase, c'est que je ne dis pas "la vie c'est bien quand on est amoureux" mais je dis "la vie c'est mieux", ça veut dire que la vie est bien déjà. C'est pas comme Amélie Poulain où tout à coup elle est amoureuse et la vie devient belle alors qu'avant elle était moche. Au contraire, la vie est bien, mais tout à coup, quand on est amoureux, il y a un petit goût de plus, des petites couleurs de plus, ça change, mais ça n'empêche pas que c'est bien aussi quand on ne l'est pas.

[Si je t'avais pas]

Vendredi 21 décembre 2001

Brigitte Mari : Jean-Jacques Goldman le titre de votre dernier album est "Chansons pour les pieds", donc chansons pour danser, mais vos chansons ne sont pas faites que de notes, il y a aussi des mots, et vous faites également des chansons pour la conscience ?

Jean-Jacques Goldman: Il n'y a aucun doute là-dessus. J'ai une paix et une sérénité absolues ne serait-ce que par les contacts que j'ai avec le public, que ce soit en concert, ou par le courrier que je reçois, ou par les réactions dans la rue. Il n'y pas un mot, un non-mot, une virgule, il n'y pas un double sens, il n'y a rien qui échappe aux gens. Pour moi, il n'y a aucun doute, la spécificité est ce qu'il y a de "magique" - je n'aime pas ce terme, il est un peu vulgaire, mais je ne vais pas dire "divin" non plus - mais d'exceptionnel dans la chanson, c'est quand tout à coup les mots attaquent nos pieds sans passer par nos consciences.

Brigitte Mari : Mais votre ambition à vous, en tant qu'artiste ?

Jean-Jacques Goldman: Ce n'est pas une ambition, mais je me rends compte de ce qui me fait plaisir. Par exemple, c'est lorsque je passe devant un karaoké et que j'entends quelqu'un qui chante une de mes chansons. Lorsque je vais dans une boite et que des gens dansent sur une chanson, quand il y a un mariage et que tout à coup l'une de mes chansons réunit les gens... A ce moment-là, je suis super fier !

[Tournent les violons]


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