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Goldman, de la tête aux pieds
(Sud Ouest, le 14 décembre 2001)

Goldman, de la tête aux pieds
Sud Ouest, le 14 décembre 2001
Serge Latapy
Retranscription de Jean-Michel Fontaine

A 50 ans, l'auteur-compositeur le plus convoité de la variété française sort un nouvel album solo. Rencontre avec un chanteur populaire mais pas consensuel

Vingt ans de succès, cinquante au compteur, trois enfants, un nouveau mariage, un nouvel album. C'est ce que révèle la biographie de Jean- Jacques Goldman en cette fin 2001, moment de la sortie de “Chansons pour les pieds”. Un septième album solo qui s'ajoute à plusieurs disques collectifs (avec Carole Fredericks et Michael Jones), à quelques lives et à une floppée de tubes composés pour des interprètes prestigieux : Johnny Hallyday, Khaled, Patricia Kaas, Céline Dion... Une discographie impressionnante qui a fait du guitariste de Montrouge l'auteur-compositeur le plus sollicité, le plus vendu (et d'après certains, le plus riche) de la chanson francophone. Pourtant, Goldman n'a, en apparence, pas beaucoup changé depuis son premier tube, “Il suffira d'un signe”. Dans le livret de son album, il apparaît en simple musicien, éternel artisan mordu de rock et rythm'n'blues. “Chansons pour les pieds” est clairement fait pour la danse, le partage, la scène; il préfigure une tournée, annoncée pour le printemps 2002. Ses nouvelles chansons portent bien sa marque : une poésie intuitive, une mélodie familière; des thèmes chers à l'artiste : dénonciation de tous les embrigadements, ode à l'amitié et aux plaisirs simples.

Serge Latapy : Pourquoi un tel titre ?

Jean-Jacques Goldman : La chanson, c'est la légèreté. Il y a bien sûr une tradition très française, ce qu'on appelle la grande chanson, qui s'écoute assis, celle de Barbara, Brassens, etc. Moi, j'ai appris la chanson avec les Beatles, Dylan, Hendrix. Je ne comprenais pas les textes, je recevais tout sensuellement. Dans mon travail, j'ai tenté de retrouver la nature de la chanson populaire, celle qui se chante et se danse ensemble, qui s'adresse au corps.

Serge Latapy : Vous voulez renouer avec la musique de bal ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai l'impression de n'en être jamais sorti. Comme beaucoup de musiciens de ma génération Balavoine, Cabrel, Jonasz, j'ai commencé par là. Entre 15 et 21 ans, j'ai joué avec plusieurs groupes, l'un s'appelait Phalansters, un autre Bibi et ses Fricotins... On tournait beaucoup, en jouant des rocks, des slows, des blues, etc., à la demande. Dans cet album, j'ai revendiqué cette diversité, cette dispersion, qui est celle du bal.

Serge Latapy : Vous venez de fêter vos 50 ans. Comment les vivez- vous ?

Jean-Jacques Goldman : 50 ans, ça va. C'est une barrière qui n'est pas trop visible. Il y a d'autres âges, plus cruciaux, que j'ai plus mal vécu : par exemple 30 ans, celui de la fin de l'enfance. C'est l'un des avantages de notre époque, par rapport à celle de nos parents : 50 ans, ce n'est pas encore le début de la fin...

Serge Latapy : Où trouvez-vous encore la force de faire les choses ?

Jean-Jacques Goldman : J'en fais de moins en moins. Franchement, je me considère un peu comme un retraité qui fait ce qu'il veut : un peu de vélo, un peu de tennis. Mais un retraité qui reste passionné de musique. Avant, je faisais un album par an, j'en écrivais pour les autres. C'était presque une nécessité, ça me poussait de l'intérieur... Aujourd'hui, j'en fais un tous les cinq ans et j'écris, çà et là, des chansons pour d'autres. Je ne pense pas que l'envie s'arrête un jour, même si le rythme peut encore s'espacer...

Serge Latapy : Le lancement de votre album a vu renaître une petite polémique. Comment expliquez-vous ce conflit récurrent avec certains titres de la presse ? (1)

Jean-Jacques Goldman : Mes rapports avec la presse se sont quand même améliorés depuis les années 80. Mais je considère que c'est aux médias de nous solliciter et pas le contraire. Ensuite je ne veux pas être en première page. Quand vous passez en Une, votre statut change, votre quotidien aussi. On vous arrête dans la rue, on vous interrompt, etc. Si vous n'apparaissez qu'à la rubrique musicale, c'est autre chose. Mais celà dit, je comprends très bien qu'on ne le comprenne pas, qu'on ne me croit pas, et que ça contrarie le marketing de certains journaux...

Serge Latapy : Vous aussi, on vous a reproché d'avoir un marketing basé sur la simplicité affectée...

Jean-Jacques Goldman : Cette simplicité, je ne l'affecte pas, je la vis. Ça fait cinquante ans que je vis dans le sud de Paris, que je roule à moto ou à vélo. C'est une réalité. Si je porte ce vieux T- shirt, ce jean, vous croyez que c'est parce que j'ai réfléchi à ça ? Vous croyez que je devrais avoir une Rollex, une Ferrari ?

Serge Latapy : Mais n'est-ce pas plus compliqué de rester simple, quand on a beaucoup d'argent ?

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai, j'ai de l'argent mais il faut mettre les choses à leur niveau. Je ne suis pas comme ces tennismen ou ces auteurs connus, qui vont vivre en Suisse ou en Irlande. Le premier emploi de l'argent est clair : je suis imposé sur mes revenus, entre 55 et 70 %. Je trouve ça normal, j'ai toujours été pour ce principe de redistribution. Et il m'en reste encore énormément. Si c'est trop, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?

Serge Latapy : Vous vous définissez encore comme un homme de gauche ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Mais ma gauche à moi n'est pas compatible avec celle de Roland Dumas... Pour moi, un homme de gauche est quelqu'un qui pense qu'on doit lutter pour l'égalité des chances à la naissance.

Serge Latapy : Vous vous engagerez pour l'élection présidentielle ?

Jean-Jacques Goldman : En France, je ne pense pas qu'il y ait de danger pour la démocratie. Dans ces conditions, en tant que chanteur, je ne me sens pas obligé de m'engager dans un combat qui n'en est pas vraiment un... Avec la fin des idéologies, on a compris qu'il n'y aura pas de grand soir, qu'il ne faut pas attendre tout du politique, qu'il y a des choses à faire sur le plan personnel ou associatif.

Serge Latapy : Vous n'avez pas de sympathie pour le mouvement antimondialisation ?

Jean-Jacques Goldman : Non. Ce sont des gens qui ne sont pas élus et qui manifestent au G7 devant des gens élus... Pour moi, la discussion démocratique reste l'idée progressiste numéro un. Je me méfie un peu de ces mouvements, comme celui de José Bové, qui ont des relents de fermeture nationaliste.

Serge Latapy : Comment entendre le propos d'une chanson comme “C'est pas vrai” ?

Jean-Jacques Goldman : C'est une dénonciation des lieux communs progressistes, qui sont pour moi plus dérangeants, plus pernicieux que les lieux communs réactionnaires. Ceux qui disent “c'est un complot du capitalisme international” ont l'impression d'être rebelles alors qu'ils énoncent une nouvelle sorte de conformisme. Pour moi, la phrase qui doit guider toute idée progressiste est celle de Lénine : “Seule la vérité est révolutionnaire”.

Serge Latapy : Mais dénoncer un mensonge, ce n'est pas énoncer une vérité...

Jean-Jacques Goldman : Exact. Ce serait plus courageux de dire ce qui est vrai. Ce serait le boulot d'un chanteur engagé, ce que je ne suis pas. Mais il n'y a pas de guérison sans bon diagnostic. C'est le mien, même si je n'ai pas la réponse. Je continue donc à dénoncer les mensonges et les lieux communs. Et toujours en dansant...

“Chansons pour les pieds”, chez Sony.

(1) Jean-Jacques Goldman a parfois demandé aux journalistes de motiver leurs demandes d'interview (ce n'est pas le cas ici) et refuse d'apparaître en première page. Une attitude vivement critiquée par certains journaux, dont “le Parisien” dans son édition du 20 novembre.


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