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Jean-Jacques Goldman : "J'ai appris à aimer la scène"
(Nice Matin, 04 mai 1998)

Jean-Jacques Goldman : "J'ai appris à aimer la scène"
Nice Matin, 04 mai 1998
Lionel Paoli
Retranscription de Philippe Vinot

Devant quatre mille fans, réunis hier soir au Cannet - Rocheville, le chanteur a distillé ses "tubes". Une heure auparavant, il nous confiait ses états d'âme et ses relations avec le succès.

Dans sa loge, pull rouge et jean noir, sourire aux lèvres, Jean-Jacques Goldman semble parfaitement à son aise. Dans moins d'une heure, le chanteur doit pourtant monter sur la scène de La Palestre, au Canne t -Rocheville. Quatre mille personnes l'y attendent de pied ferme, en trépignant devant les barrières ou en s'impatientant dans les tribunes. Il prend malgré tout le temps de nous recevoir et de répondre à nos questions. En seigneur. Sans chercher à tricher ou à se dérober, ce n'est pas son genre. Il joue la carte de la franchise. Sans fausse modestie.

Nice-Matin : Au début des années quatre-vingt, vous disiez que monter sur scène était une épreuve. Vous y prenez aujourd'hui un plaisir évident. A quoi tient cette évolution ?

Jean-Jacques Goldman : Au fait que les gens qui viennent me voir, désormais, ne sont plus là pour me juger. Ils savent qui je suis, ce que je fais et ont logiquement un a priori favorable. J'ai horreur de devoir convaincre. J'ai besoin de me sentir en confiance. C'est comme cela que j'ai appris à aimer la scène.

Nice Matin : Certains fans vont être déçus de ne pas vous entendre chanter des classiques comme Américain. Comment choisissez-vous les titres que vous interprétez lors de vos concerts ?

Jean-Jacques Goldman : Chaque tournée s'articule autour des titres de mon dernier album. Je choisis des chansons qui peuvent se fondre dans l'ambiance que je veux créer. Et aussi, j'évite certains titres que j'ai l'impression d'avoir chanté trop souvent. Je fais surtout en sorte que le spectacle soit cohérent.

Nice Matin : Votre dernier opus, En passant, paraît plus désabusé que les précédents...

Jean-Jacques Goldman : Ah bon, vous trouvez ? Je n'ai pas vraiment ce sentiment. Disons que je suis sans doute plus lucide. Mais je ne me sens pas plus triste, ni plus désillusionné (il sourit). Plus âgé, tout simplement...

Nice Matin : A vos débuts, vous estimiez qu'après avoir écrit une trentaine de chansons, un compositeur était condamné à se répéter. Est-ce toujours votre avis ?

Jean-Jacques Goldman : Absolument ! Je suis conscient que les thèmes que j'aborde se retrouvent désormais d'un disque à l'autre. C'est pour cela que j'écris pour d'autres chanteurs, pour renouveler mon inspiration."

Nice Matin : Dans ce cas, le chanteur "Jean-Jacques" n'est-il pas jaloux lorsque le compositeur "Goldman" offre un tube à un autre interprète ?

Jean-Jacques Goldman : (Il éclate de rire) Ah non, vraiment, pas du tout ! D'abord parce que je ne suis pas jaloux de nature. Et puis, je fais du sur mesure : je ne me vois pas endosser des vêtements taillés pour un autre...

Nice Matin : Tout ce que vous touchez se transforme en or. Comment l'expliquez-vous ?

Jean-Jacques Goldman : Je trouve cela assez normal (il hésite). Comprenez-moi bien : s'il y a une chose que je pense savoir faire, ce sont des chansons. Je ne trouve donc pas extraordinaire que le public apprécie un titre qui, objectivement, tient bien la route.

Nice Matin : Est-il facile de garder les pieds sur terre lorsqu'on se trouve en haut de l'affiche depuis 17 ans ?

Jean-Jacques Goldman : Vous savez, je n'ai été connu qu'à l'âge de 32 ans. J'étais déjà marié, j'avais déjà une vie derrière moi. Ce sont des choses qui vous empêchent de perdre la tête !

Du bout de leurs rêves

Dans une ambiance intimiste, guitare à la main ou violon au bout des doigts, le chanteur a décliné hier soir ses plus grands succès, à l'exception notable de la plupart des hits de la période Fredericks -Goldman-Jones et de standards comme "Je marche seul" ou "Comme toi".

Au terme de 2 h 20 de pur bonheur, la preuve est faite : Goldman est un véritable sorcier de la scène. Ses mélodies prennent une dimension nouvelle sous les projecteurs. Il sait les tordre, les étirer, les réinventer sans rien leur ôter de leur extraordinaire efficacité.

Avec l'aide de ses cinq complices - dont le batteur Christophe Deschamps et le guitariste Michael Jones -, il parvient ainsi à envoûter son public avec des versions reggae, hard-rock ou rap de son tube "Pas Toi", il s'offre un délire irrésistible en interprétant "Je te donne", tandis que défilent sur quatre écrans géants des images le montrant de sa naissance jusqu'à... l'an 2040. Privilège des stars, il susurre ensuite "Là-bas" en duo avec plusieurs milliers de choristes.

Sans la moindre mièvrerie sans déclaration d'amour factice à ses fans, il transmet sa joie de partager avec eux ces moments privilégiés. Il suffit d'un signe, d'un murmure pour que le parterre le suive aussitôt au bout de ses rêves.

Les moments de grâce se succèdent sans relâche, mêlant les perles de son dernier album ("On ira", "En passant" ...) aux incontournables ("Quand la musique est bonne").

Alors que la soirée s'achève sur "Pour que tu m'aimes encore" de Céline Dion, repris à la guitare sèche par son compositeur, une évidence s'impose: Goldman est définitivement hors des modes. Il a rejoint les Bécaud, les Aznavour, ceux qui distillent leur talent sans concéder une note à l'air du temps.

Ni monstre, ni sacré, mais populaire au sens le plus noble du terme, il est entré par la grande porte dans la petite histoire de la musique : celle qui se façonne chaque jour dans les rues, celle des gens de cœur.


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