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Céline Dion à la conquête du marché mondial des variétés
(Le Monde, 31 janvier 1996)

Céline Dion à la conquête du marché mondial des variétés
Le Monde, 31 janvier 1996
Véronique Mortaigne
Retranscription de Monique Hudlot

La chanteuse québécoise est à Bercy pour trois soirs.

LE mariage du succès avec le succès se calcule-t-il ? En joignant leurs efforts pour réaliser "D'eux", Jean-Jacques Goldman, un des plus gros vendeurs de disques en France (disque de diamant pour plus d'un million d'exemplaires vendus de "Rouge"), et Céline Dion, une star montante de la machinerie musicale mondiale (près de cinq millions de "The Colour of My Love", album en anglais, vendus depuis le printemps 1994), pouvaient-ils risquer un quelconque fiasco ? Non. Neuf mois après la sortie de "D'eux", les scores prouvent que l'idée était excellente de marier un spécialiste ès tubes à la Canadienne.

Goldman est un peu américain. Il aime le blues, chante avec des musiciens d'outre-Atlantique, Fredericks et Jones. Céline Dion est un peu française. Elle est née en 1968, à Charlemagne, près de Montréal maman jouait du violon, papa de l'accordéon. Elle a gagné l'Eurovision, où elle représentait la Suisse en 1988, avec "Ne partez pas sans moi". Bref, elle est francophone, donc, par un glissement sémantique aisé, de chez nous. A ce titre ("ambassadrice de la chanson française dans le monde"), elle a sans doute mérité d'être décorée chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la culture, Philippe Douste-Blazy, posant à son bras au dernier Midem. Pour remercier, Dion perd ses airs fabriqués de diva américaine, reprend son accent de la Belle Province, et quelques gestes gauches, qui, tout compte fait, lui donnent de l'épaisseur.

En scène, elle est forte et fragile, Céline, mais sans danger. Ni sexy ni bouleversée. Jamais en péril, comme l'est notre "meilleure exportatrice", Patricia Kaas, petit soldat de la pauvreté lorraine, injustement affublée d'une image de fille du peuple mal dégourdie. A la basilique Notre-Dame de Montréal, Céline Dion épousait en 1994, son manager, René Angelil, cinquante-deux ans. Il lui avait fait enregistrer son premier disque en 1981, "La Voix du Bon Dieu" ; elle avait treize ans et déjà une voix "qui sonne comme si elle était pentecôtiste ou baptiste", selon les termes d'un critique du Daily News. En 1984, elle chante "Une colombe" devant Jean-Paul II en voyage au Québec. En 1991, ce sera pour Lady D et le prince Charles, à Ottawa. Puis pour l'investiture de Bill Clinton en 1993. Star toujours, contestataire jamais.

Vedettes "Hot"

En 1980, la mère de Céline Dion avait expédié à René Angelil, producteur connu au Québec, une cassette de sa fille. Angelil, que "sa" vedette, Ginette Reno, est en train de quitter, demande illico à Eddy Marnay ("Planter café" pour Yves Montand, "Il fait beau, il fait bon" pour Claude François) d'écrire pour la jeune fille. Homme d'affaire débonnaire et souriant, qui défend bec et ongles l'image de celle qui est devenue sa femme, tandis qu'un des frères de Céline se charge des contrats, il hypothèque sa maison afin de produire le disque. Belle histoire, bien contée.

En 1983, Céline Dion vient en Europe, au Midem. Elle représente le Canada au super-gala RTL. Le 45-tours "Ne partez pas sans moi" lui offre son premier disque d'or, son premier Félix (l'équivalent des Victoires de la musique français, des Awards américains). Mais Dion veut conquérir la grande Amérique, celle qui adule la chanson de variétés colorée au rhythm'n'blues et le cross-over de Mariah Carrey ou Whitney Houston. Adolescente, les modèles de la Québécoise, ce sont précisément les vedettes "hot" entendues à la radio pendant l'enfance : Aretha Franklin, Janis Joplin, les Doobie Brothers. Léger décalage : à dix-huit ans, Céline Dion parle un anglais de cuisine. En 1986, elle disparaît. Dix-huit mois plus tard, elle signe un contrat avec Sony.

En 1990, elle a déjà neuf ans de carrière derrière elle, autant d'albums. Elle chante à Toronto, à la télévision, "Where Does My Heart Beat Now ?", une adaptation du français. David Forster, producteur de Barbra Streisand et de Whitney Houston, est impressionné par son aisance vocale. Avec Christopher Neil et Andy Goldman, il produit son premier album en anglais, "Unison" (un million d'exemplaires vendus). Depuis, le moteur de l'explosion Dion n'a cessé de tourner à bloc, avec un credo : seul le succès vole au secours du succès. Exemples : en 1991, "Des mots qui sonnent", avec des reprises de Starmania le succès est garanti, le public adore toujours autant "Ziggy" ; l'alliance avec Prince en 1992 (ils ont le même avocat), qui lui écrit "With This Tear", puis avec l'empire Disney, pour le thème de "La Belle et la Bête", en duo avec Peabo Bryson on l'entend aux Oscars, et l'album anglophone qui vient dans la foulée, Céline Dion, doublé d'une tournée avec Michael Bolton, se vend à deux millions et demi d'exemplaires. De reprises de standars américains "The Power of Love" en duos romantiques bien calculés avec Brian Wilson, Goldman, Clive Griffin, Céline Dion n'a cessé depuis de se hisser aux sommets des charts.


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