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Jean-Jacques Goldman sur toute la ligne
(La Voix du Nord, 27 avril 1986)

Jean-Jacques Goldman sur toute la ligne
La Voix du Nord, 27 avril 1986
Patrick Jankielewicz
Retranscription d'Elodie Porchet

Samedi 26 avril, 18h, Lille-Foire. – Maudite R5 ! Les freins hurlent dès qu'on les effleure, comme un fan des "Rolling Stones" à qui on imposerait l'écoute successive des quatre albums solo de Jean-Jacques Goldman. De leur côté, les essuie-glace, totalement dénués de conscience professionnelle, labourent le pare-brise en oubliant évidemment de balayer l'eau.

Résultat, je manque de supprimer un des fans de Goldman, dont le seul tort est de faire partie des 200 dingues qui sont déjà là trois heures avant le concert. Je vous passe le crissement des pneus, la porte qui claque sans se fermer, les clefs qui tombent dans la boue, le tout sous le regard amusé-intrigué-inquiétant d'un service d'ordre parisien (« Rosebud »), qui est au service d'ordre classique ce que les douaniers d'Allemagne de l'Est sont aux douanes : contrôle tatillons et méfiants, et regret manifeste d'avoir à vous laisser passer.

18h30, loges de l'« Espace-Foire ». – L'ambiance est nettement plus détendue, même si, là aussi, les rondes des musclés de « Rosebud », style « quatre à quatre prêts à bondir », cassent régulièrement la magie du lieu. Sur scène, les musiciens se jettent un premier petit blues teigneux derrière l'instrument, histoire de faire la balance (réglage du son). Dans un coin, le saxophoniste (Herplin) jubile : « Cet été, nous jouerons à Lorient, dans un stade situé juste en face du lycée d'où on m'a viré, hé ! hé ! ».

K. Way bleu sur le dos, jean râpé et baskets blanches, Goldman passe et repasse, s'inquiète de tout et de rien, navigue de l'attaché de presse de sa maison de disque aux bras de ses deux filles qui l'ont rejoint à Lille. Goldman semble s'amuser de tout. Ce garçon-là doit posséder une sacrée dose d'ironie intérieure qui lui permet de résister à toutes les pressions, celles des fans, comme celles des médias, avec qui il entretient des rapports qui vont de la haine farouche (à l'égard de la presse parisienne à qui il refuse toute interview depuis qu'elle a massacré son spectacle au « Zénith »), à la méfiance respectueuse (presse régionale, radios privées).

19h, loge de Jean-Jacques Goldman. – J'imagine ce que les fans qui assaillent son hôtel de la rue de Paris chaque soir après le concert donneraient pour être là. Rien d'extraordinaire pourtant. La pièce ne vit pas. Visiblement, Goldman n'y est pas souvent. Sur la table, quelques fruits secs (pour le régime), un pot de miel (pour la voix), une guitare (pour les coups de blues). Un peu plus loin, sur un long portant, l'unique costume de scène : une veste et un gilet aussi gais qu'un pendu au bout de sa corde. Et c'est tout.

Commence alors le plus difficile. Avec Goldman, tout se passe à mots couverts. Il accepte les interviews parce que ça fait partie de son métier, et il les donne avec cœur, et avec une rare gentillesse. Mais ses sourires complices en disent beaucoup plus sur lui que ses réponses. Et comment parler d'un sourire ?…

Goldman préfère regarder autour de lui plutôt que de parler de lui : il observe, avec toujours ce petit sourire énigmatique, presque intérieur. Ce garçon est désarmant. Insaisissable. Irraisonnable. A dix minutes de monter sur scène, il joue encore au ping-pong, en parvenant à se concentrer sur la balle, tandis qu'à trente mètres de là, résonnent les « Gold-man – Gold-man » d'un public impatient. Mais ce n'est pas de l'indifférence, seulement une espèce de distance de la part de l'artiste, par rapport à e qu'il fait « par passion et par plaisir ».

Ou peut-être une incroyable lucidité quant au phénomène qu'il déclenche. Goldman a les pieds sur terre. Trop pour certains semble-t-il. L'ennui avec ce chanteur à la bonne bouille de garçon sain nourri au lait, c'est qu'il est trop normal. Et dans le show-biz, la normalité est une chose trop rare pour ne pas devenir anormale.

Résultat, on trouve louche cette trop apparente spontanéité qui émane de lui. Il aurait un sourire figé trop poli pour être honnête. Tout dans sa démarche relèverait du marketing. Bref, Goldman aurait à peu près autant de chaleur et d'authenticité qu'une savonnette. Vraiment ? Il fallait aller plus loin, tenter de décrypter ce sourire insolent en contournant les vraies ou fausses pudeurs de Goldman. C'est ce que nous avons fait en soumettant un exemplaire de son écriture à un graphologue (voir : "un chanteur qui a des lettres") et en demandant à Goldman de commenter l'analyse du spécialiste…


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