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Jean-Jacques Goldman : L'homme en or de la chanson française
(Salut ! du 2 au 14 janvier 1986)

Jean-Jacques Goldman : L'homme en or de la chanson française
Salut ! du 2 au 14 janvier 1986
José-Louis Bocquet
Retranscription de Karen Mazeth

De 1981 à fin 1985, Jean-Jacques a gravi quatre à quatre les échelons de sa jeune carrière, pour atteindre en cette fin d'année la consécration suprême. Pour la première fois dans l'histoire de Salut !, un chanteur obtient à lui seul 65 % des voix au grand référendum. Salut ! se devait de marquer cet événement. Nous vous offrons pour ce début d'année un numéro presque entièrement consacré à Jean-Jacques. Pour cela nous avons vidé nos archives photos afin que vous sachiez tout ou presque sur lui, de ses premières gammes à sa triomphale tournée et à son fabuleux Zénith. Salut ! est heureux du succès de Jean-Jacques car, depuis son titre "Il suffira d'un signe", nous avons toujours travaillé avec lui en parfaite amitié et confiance. Nous tenons à le remercier d'avoir toujours été fidèle à Salut ! et nous lui souhaitons en ce début d'année 86 de continuer à nous séduire et à nous étonner par la qualité de ses chansons.

La Rédaction

Taï Phong…

De 1975 à 1980 Taï Phong, c'était il y a une dizaine d'années. Le premier groupe de Jean-Jacques Goldman. A l'occasion du Zénith, le chanteur a retrouvé ses premières amours musicales.

1985. Le Zénith. Pratiquement au milieu de son show, Jean-Jacques Goldman se glisse derrière un piano. Lumière tamisée. De nouveaux musiciens – asiatiques – montent sur scène. Quelques notes qui ont le son de la nostalgie. Sur les écrans du décor conçu par Bernard Schmitt, des images défilent. On y voit un Goldman beaucoup plus jeune. Autour de lui, sur l'écran, les types présents sur scène, eux aussi beaucoup plus jeunes. La chanson, dans la salle, tout le monde la connait : "Sister Jane". Et le groupe reformé le temps de cette chanson sur la scène du Zénith, c'est Taï Phong. Flash-back.

1975. C'était il y a dix ans. A l'époque, la mode parmi les jeunes musiciens était encore à former des groupes. A la base de Taï Phong, deux jeunes frères vietnamiens, Khanh Ho Thong et Taï Phong. Guitaristes depuis l'âge de 14 ans, après leur premier groupe, Monsoons (Mousson), ils avaient décidé de se consacrer à leurs études. Diplômes en poche, ils décidaient de réitérer leur aventure musicale. A leurs côtés, trois petits Français : Stephan Caussarieu à la batterie, Jean-Alain Gardet au piano et un certain Jean-Jacques Goldman au chant ! Jean-Jacques qui vient de terminer ses études lui aussi, avait déjà quelques expériences de groupe derrière lui (Red Mountain Gospellers, Phalanster). Mais avec Taï Phong, chacun des cinq jeunes musiciens décide de sortir du peloton des groupes anonymes qui écument les salles des MJC. Grâce à leur originalité sonore et à leur professionnalisme, le jeune groupe décroche un contrat chez WEA. Premier album. Et contre toute attente : premier tube. L'immortel "Sister Jane". Tout l'été, les discothèques, radios et télés matraqueront ce slow sensuel et mélancolique chanté en anglais par Jean-Jacques. Déjà sa voix accroche les cœurs. Pourtant malgré ce phénoménal succès, les Taï Phong boys, s'ils conçoivent leur travail en professionnels, restent des amateurs, financièrement parlant. Chacun d'entre eux à un job pour subvenir à ses besoins. A l'époque, Khanh, le leader du groupe, s'en expliquait : "A l'inverse de la plupart des groupes pop français, nous avons enregistré un album avant même de faire des tournées ou des galas pour gagner de l'argent. Nous avons préféré travailler dans une cave afin de mettre au point le style de notre musique. Toutes les répétitions nous ont apporté la gloire mais pas encore les moyens d'être professionnels."

Perfectionnistes, les cinq musiciens l'étaient. Après leur tube "Sister Jane", ils s'enfermeront dans la cave du pavillon de la famille Khanh et Taï à Sceaux. Silence pendant de nombreux mois jusqu'à la sortie du second album "Windows". Mais, cette fois, pas de tube ! Entre-temps, le groupe avait composé le jingle publicitaire radio pour annoncer la sortie de « Salut les copains" (le grand frère de Salut !), le début d'une longue amitié entre Jean-Jacques et nous… Deux ans plus tard sortait le troisième album de Taï Phong. "Last flight", un titre de circonstance. En 1980, le groupe se sabordait dans l'indifférence générale.

De cette période d'apprentissage du show-biz, il restera en cette fin 85 deux choses primordiales. Deux choses qui accompagnent Jean-Jacques au Zénith. Cette chanson, sublime et indémodable (au contraire de bon nombre de morceaux de Taï Phong, très empreints de délires électricoplanants de l'époque) et surtout une longue amitié avec Michael Jones, car c'est de la période "Taï Phong" que date leur première rencontre. A l'époque, Taï Phong désirant jouer en tournée et Jean-Jacques n'acceptant que de jouer en studio, il fallait trouver un remplaçant pour la scène. Ce fut Michael Jones. Taï Phong, une aventure musicale charnière dans la carrière de Goldman…

En solitaire : paroles et musique

C'est quelque part dans sa petite maison de la région parisienne que tout commence. C'est là que Jean-Jacques Goldman compose les paroles et les musiques de ses chansons. Pour Salut !, il avait accepté d'ouvrir les portes de sa retraite !

Vie privée. Vie publique. Attention ne pas confondre. Pour certains artistes, l'une peut servir à l'autre. Utiliser sa vie privée et intime pour être sous les feux de l'actualité ! A une certaine époque, à Hollywood, des types étaient mêmes payés (on appelait ça des agents de publicité – sic ! –) pour faire étaler en premières pages des journaux les aventures sentimentales ou familiales des stars de l'écran. Aujourd'hui, heureusement, les choses ont évolué. On demande avant tout aux artistes d'avoir du talent et plus une vie à scandales. Malgré tout, le public, même s'il n'est plus intéressé par les histoires sordides ou scabreuses, reste avide d'informations sur la façon dont vivent leurs vedettes préférées. Mais nous ne sommes plus à l'âge d'or d'Hollywood ! Plus de Cadillac, plus de villas avec piscine et colonnes de marbre rose. Tout cela fait désormais partie de la légende, et désormais la plupart des stars cherchent avant tout à préserver leur simplicité et leur intégrité, donc leur vie privée.

Jean-Jacques Goldman est de ceux-là. Son phénoménal succès ne lui a pas tourné la tête. Il vit toujours avec sa petite famille dans la même villa de la banlieue parisienne et il n'a pas troqué sa petite voiture contre une limousine rose à poids verts. Pas question non plus d'ouvrir sa porte aux cohortes de journalistes et de photographes qui rêveraient de shooter quelques kilomètres de pellicules sur le sujet "Goldman family". Non ! Vous ne verrez jamais sa femme et ses trois enfants. Business is business. La famille c'est sacré. On ne doit pas tout mélanger.

Et si pourtant Jean-Jacques a accepté de recevoir dans ses murs Salut !, ce n'est pas pour que notre photographe viole son intimité mais pour illustrer une étape de la conception d'un disque. Car si un disque se fabrique dans les ténèbres d'un studio d'enregistrement, sa conception, son écriture sort des non moins ténébreuses limbes du cerveau de son créateur. Et quel meilleur endroit pour la cogitation, la création que l'irremplaçable home sweet home ? C'est là que l'artiste peut trouver la concentration et le recul nécessaires au travail solitaire que nécessite la composition d'un morceau. N'allez pas croire pour autant que travailler sur une chanson se fait à heures fixes. Jean-Jacques l'explique lui-même : "On peut difficilement parler de la journée d'un chanteur, car un des privilèges est que les journées se ressemblent rarement. Les journées de promotion, de composition, de tournées sont totalement différentes les unes des autres. Par exemple, en période d'enregistrement, comme je me couche au petit matin, je me lève en principe vers midi, je prends mon petit déjeuner dans ma cuisine en lisant les journaux et mon courrier au calme, sans radio ni téléphone. Pour émerger doucement…" Avant de partir du studio, dans la tranquillité champêtre de son jardin, il en profite pour mettre la touche finale à un texte ou une musique… Quelque part dans la banlieue parisienne, il y a un pavillon tranquille. Et c'est une fabrique de rêve, c'est la maison de Jean-Jacques Goldman.

Et la grande aventure commence

L'aventure d'un disque en images ! Du studio à la tournée en passant par la promotion. A chaque étape, Salut ! a toujours été là !

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Le studio et la scène… Le jour et la nuit. Un disque cela implique des mois de travail en solitaire, enfermé dans un bocal hermétique. Un travail d'orfèvre et de magicien. Sans oublier la technique. Ici derrière la console du studio Gang, Jean-Jacques discute avec Jean-Pierre Janiaud, l'homme qui a fait le son de tous les albums.

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Jean-Jacques en artiste accompli, suit de A jusqu'à Z la réalisation de ses disques ; de la première note égrenée sur une guitare sèche jusqu'à la conception de la pochette. Pour celle de "L'Américain", c'est parmi les photos de Bernard Leloup qu'il l'a choisie. On le voit ici faire son choix.

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"Seconde visite", la seconde tournée. "Après huit mois de solitude, de claustrophobie dans les studios hermétiques, j'ai découvert un besoin de vivre le contraire : l'équipe, le groupe, les grands espaces, le mouvement… » Jean-Jacques est devenu un vrai pro du live. Après une balance, il note sur un carnet les réglages de son ampli. Puis il se retire dans sa loge.

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Une autre photo de la tournée "Positif tour". A Chambéry. H-10. Le public attend déjà dans la salle. Le moment que choisit toujours Jean-Jacques pour empoigner sa guitare et chanter quelques minutes avec ses musiciens, histoire de se chauffer la voix. Ici, avec son bassiste Claude Le Péron et Michael Jones. Jean-Jacques ne conçoit pas une tournée sans vivre à cent pour cent avec ses amis musiciens, partageant avec eux le même bus, les mêmes restaurants, les mêmes hôtels.

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Toujours au studio Gang, mais du côté des musiciens. Cette photo avec Michael Jones a été prise lors du tournage de l'émission des "Enfants du rock" consacrée à Jean-Jacques. Derrière la caméra, c'est bien sûr Bernard Schmitt qui officiait. Qui mieux que lui sait filmer Jean-Jacques Goldman ?

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"Positif tour", la première vraie tournée de Goldman. "Il était temps que j'aille à la rencontre de mon public, malgré mes appréhensions !". Ce fut un triomphe… Au son, il y avait le fidèle Janiaud. Pendant le voyage en car, les deux amis se tenaient au courant de l'actualité.

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Image publique : côté pile et côté face. Pour les besoins de la promotion, Jean-Jacques avait été invité pour faire une télé à Juan-les-pins. Côté face : une belle chanson devant les caméras. Côté backstage : l'inorganisation. Aucune loge n'avait été prévue pour Jean-Jacques ; sous un soleil tropical, il a finalement trouvé un banc libre derrière les loges. Pour bouder tranquille !

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Le clip que vous ne verrez jamais ! C'est celui de "L'Américain", réalisé par Bernard Schmitt. C'est dans un abattoir désaffecté où l'on avait installé un avion scratché, un piano, un masque et des formes de néon que se tournait le film. Ce clip était en cours de tournage, lorsque la décision a été prise de tout arrêter en raison du succès phénoménal du titre. Le public n'avait pas attendu la vidéo pour apprécier "L'Américain ». Il fut donc jugé inutile d'aller plus avant dans sa promotion.

Salut les copains !

Son succès, Goldman le doit à son talent, c'est d'accord ! Mais Jean-Jacques a eu aussi le don de bien savoir s'entourer. José-Louis Bocquet a rencontré deux de ces amis-collaborateurs : Bernard Schmitt, l'homme de l'image, et Michael Jones, l'homme de la musique.

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Michael Jones le vieux copain est de tous les spectacles signés Goldman.

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En tournée, tous les matins, Bernard et Jean-Jacques se font un petit footing.

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Le staff des amis fidèles : Thierry Suc, le producteur des spectacles, Bernard Schmitt, le concepteur des mêmes spectacles, Janiaud, l'ingénieur du son entourent Jean-Jacques.

Michael Jones De tous les familiers de Goldman, Michael Jones est sans doute celui sur lequel les médias ont le plus braqué leurs projecteurs. Normal, Michael n'œuvre pas dans l'ombre de la vedette. Guitariste véloce et inspiré, Michael accompagne Jean-Jacques sur scène depuis la première tournée, et vole même désormais de ses propres ailes. Un parcours exemplaire pour ce Gallois.

"J'ai débarqué en France en 1971. J'ai appris le français en trois mois… mais je n'ai aucune excuse, ma mère est française ! J'ai commencé à jouer de la guitare vers 11-12 ans, pourtant, devenir musicien n'a jamais été un but précis. J'ai donc fait un BTS, pour faire plaisir à papa." Commence alors l'aventure Taï Phong. "Il y avait une petite annonce dans un canard rock : "Groupe cherche guitariste chantant anglais". Mon profil. J'habitais Caen (j'y habite toujours) et le groupe en question, Sceaux ! Je suis allé passer une audition parmi plein d'autres types. J'ai été choisi. Ce groupe était Taï Phong ! Avec le succès de "Sister Jane", ils avaient décidé de partir en tournée. Mais le chanteur ne se sentait pas prêt. Il lui fallait donc un remplaçant pour la tournée. Le chanteur c'est Jean-Jacques. Son remplaçant, c'était moi… Et dès notre première rencontre, il s'est passé quelque chose entre nous ! A la dissolution de Taï Phong, j'ai monté un groupe, "Gulfstream" avec les musiciens qui sont aujourd'hui ceux de Jean-Jacques.

William Scheller a produit notre disque. Echec commercial ! Mais pas de regret ! J'ai alors eu un grave accident qui m'a alité pendant neuf mois. Et puis, en 83, Jean-Jacques m'a demandé de venir jouer sur sa première tournée, une mini-tournée de quinze jours. J'étais étonné, je pensais qu'il n'allait prendre que des requins de studio. Il les a effectivement pris… et moi en plus !"

A la suite de cette tournée-test, Goldman se rend alors compte qu'il n'a envie de se produire qu'avec des types du gabarit de Michael. L'actuel groupe est alors formé. Dans la foulée, parrainé par son ami-vedette, Michael compose et enregistre son premier single "Viens". "J'ai eu un succès d'estime." Puis retour discographique ces derniers temps avec "Je te donne", un duo Goldman-Jones. "J'y ai collaboré au niveau des textes, mais c'est avant tout une chanson de Jean-Jacques ! Nous la chantons à deux, mais c'est du Goldman ! On aime bien chanter tous les deux !" Du pur Michael Jones, c'est pour janvier. Un nouveau single, "Guitar man", un titre rock interprété sur scène et qui reçoit déjà un accueil fantastique de la part du public. En guitariste solo : Jean-Jacques Goldman. "C'est lui qui joue aussi sur le disque !" Jamais l'un sans l'autre !

Bernard Schmitt Dans l'entourage de Goldman, il y a un type dont on commence seulement à parler, un grand gaillard blond omniprésent et indispensable : Bernard Schmitt. Bernard fait partie de cette race de gens toujours souriants quels que soient les circonstances, le lieu ou l'heure de la rencontre. Pas un niais. Simplement quelqu'un qui a décidé de ne pas vous faire chier avec ses problèmes et de prendre la vie du bon côté. Une qualité parmi tant d'autres. Bernard est le monsieur "visuel" de Goldman. A son actif, tous les clips de son ami Jean-Jacques, mais aussi la conception visuelle des « Positif tour" et "Seconde visite", les deux spectacles du susnommé. Une collaboration presque récente mais une amitié de toujours. "La première fois que l'on s'est vu, Jean-Jacques devait avoir trois mois et moi un an… Nos parents étaient amis. Mais c'est surtout vers 14-15 ans que l'on a commencé à pas mal se voir. J'habitais Lyon et Jean-Jacques, Paris. Passionné de cinéma, je montais souvent à la capitale pour m'enfermer à la Cinémathèque. Lors de ces voyages, je logeais chez les parents de Jean-Jacques."

L'âge des études supérieures : Bernard fait un CAPES de lettres et devient enseignant, "très peu de temps", car c'est l'image, le cinéma qui l'intéressent. Il envoie balader ses diplômes et devient assistant-réalisateur, puis réalisateur. Un premier long métrage produit avec des bouts de ficelle, lui apprend les aléas du grand écran. C'est la fin des année 70, à l'époque, Jean-Jacques met un point final à l'aventure Taï Phong et entame sa carrière solo. Bernard, lui, réalise des films industriels et beaucoup de spots publicitaires. De loin en loin, ils se croisent parfois. Le temps n'a en rien altéré leur amitié. "Nous étions chacun dans notre histoire." Jusqu'au jour où "La musique est bonne" devient un tube. C'est le succès. Jean-Jacques qui se considère comme un « aveugle" a besoin de quelqu'un de confiance pour prendre en charge son visuel. Désormais, les deux amis vont vivre la même histoire.

Premier clip : "Au bout de mes rêves", suivi de la première tournée puis de cinq autres clips et enfin le visuel de "Seconde visite". Evidemment, Goldman ne pouvait pas garder indéfiniment pour son plaisir exclusif les services de Bernard. D'autres artistes le lui ont emprunté : Julien Clerc pour "Respire" et Johnny Hallyday pour déjà trois clips. Dans la foulée, il en profite pour filmer le spectacle au Zénith et préparer le prochain clip de Jean-Jacques. Et l'avenir ? Un second long métrage ? Le grand blond mal rasé sourit : "Je n'ai jamais eu de plan de carrière… On verra bien ! ».

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Sur scène, Michael Jones chante l'une de ses compositions : "Guitar man" qui s'annonce être un futur tube.

Heures de détente

Studio, tournée, promotion… La vie d'un artiste est vouée au travail, à la création ; l'image d'un chanteur devient publique… Malgré cette rançon du succès, Jean-Jacques arrive malgré tout à trouver le temps et le lieu pour prendre des vacances. "La notion du mot vacances a bien changé dans ma tête. Quand j'étais étudiant, sitôt le semestre achevé, je partais pendant trois mois faire de longs voyages. Mais, maintenant que je fais ce qui me plaît toute l'année, j'ai moins envie de m'évader. En revanche, j'ai besoin de repos et de me retrouver avec les gens que j'aime, ma famille…".

Tournée sportive La légende veut que la vie de tournée des rockers soit ponctuée de beuveries, de bringues orgiaques et de délires destructeurs. La réalité est toute autre. Quel être humain, quel musicien, normalement constitué serait capable de mener une vie de patachon tout en étant capable d'assurer chaque soir sur scène ? La vie de tournée est déjà suffisamment mouvementée comme ça pour bouleverser le rythme et l'équilibre d'un artiste. Tout chanteur qui se respecte et respecte son public se doit de garder une forme optimale. Et le sport, ce n'est pas un secret, est une thérapie formidable. Ainsi, Jean-Jacques, quand les conditions climatiques le permettent, aime à échanger quelques balles sur un court de tennis.

Vacances de neige C'est à Courchevel que se trouve le chalet de son enfance. C'est aussi là-bas que Jean-Jacques apprit à faire corps de telle manière avec ses skis que, sur la piste, ils semblent être la simple prolongation de ses pieds ! C'est sur ces mêmes pistes, il y a belle lurette qu'il obtint en compagnie de son frère Robert, ses premières étoiles. Mais, à l'époque, les gens ne se retournaient pas sur son passage. Aujourd'hui, malgré ses lunettes et son bonnet, ils sont légion à le reconnaître. Mais, en vacances, Jean-Jacques redevient un tout simple touriste, et il lui arrive de répondre aux gens qui le reconnaissent : "Moi, je suis le cousin de Goldman". Finalement, c'est dans son appartement, sans télé ni radio, qu'il trouve le repos. Dans un coin, une guitare, pour le plaisir.

Retraite incognito C'était sur la Côte d'Azur, Jean-Jacques avait loué, lors des vacances d'été 84, une petite maison cachée sous les oliviers. Incognito idéal pour lui et sa petite famille. Cet été là, Jean-Jacques avait d'ailleurs décidé de se couper les cheveux ! "En arrivant ici, la chaleur était telle que je ne pouvais la supporter. Je me suis donc précipité chez le premier coiffeur… Les cheveux courts ont aussi eu un autre résultat : personne ne me reconnaît ! J'ai donc ajouté une paire de lunettes noires et je suis redevenu "monsieur tout le monde"." Le soleil, Jean-Jacques a souvent avoué qu'il n'en était pas vraiment friand. Mais… "Dans la vie, je ne suis pas seul et mes enfants, eux, adorent la mer et le soleil… Malgré tout, j'ai l'impression que je commence à m'habituer au soleil !".

Bons baisers de Turquie Juillet 1984. Jean-Jacques part quatre jours en Turquie. Boulot-repos. C'est le club Méditerranée qui l'a invité à une émission de télé. Une journée de tournage, trois jours de tourisme. Jean-Jacques raconte : "Ce pays m'a séduit par son côté folklorique, par ses plages désertes mais il m'a aussi stressé par un système politique que je n'ai pas compris. Moi qui suis adepte de la non-violence et qui ai peur quand je vois une arme à feu, je me suis trouvé plongé dans un univers hostile. A peine arrivé à l'aéroport, des gardes armés, le doigt sur la gâchette, m'ont regardé d'un œil soupçonneux, j'avais l'impression de tenir un rôle dans un mauvais film. Mais à côté de cela, j'ai découvert en flânant dans les rues d'Istanbul et de Foca, une énorme chaleur humaine."

Jean-Jacques Goldman au Zénith Consécration

Après une quinzaine de dates en province et aux îles de la Réunion, Jean-Jacques Goldman et sa bande se sont installés au Zénith du 3 au 20 décembre.

"Jean-Jacques Goldman est vraiment nul", c'est l'article que l'on pouvait lire dans un hebdo parisien sous la plume d'un Bob journaliste vagissant, il y a quelques temps. Un cri dans le désert. Ce type acerbe poursuit Jean-Jacques Goldman de ses assiduités destroy depuis déjà pas mal d'articles. Plutôt marrant de lire cette prose déverser son tombereau de bile sur un chanteur sous le prétexte fallacieux que le susnommé remplit des salles de jeunes décervelés de 12 à 16 ans. Ceux qui seront allés au Zénith ou qui verront le spectacle en province pourront juger par eux-mêmes de la nullité de Goldman… Au programme, tous les tubes, of course, et même l'antique "Sister Jane", mais aussi quelques blues et chansons moins connues. Ambiance rock. Son électrique réglé par le magicien des consoles, Andy Scott. Sur scène : les mêmes musicos que pour la première tournée, mais désormais parfaitement rodés et homogènes : Jean-François Gauthier à la batterie, Claude Le Péron à la basse, Lance Dixon et Philippe Granvoinet aux claviers, Philippe de Lacroix-Herpin alias Pinpin, le meilleur saxo de cette partie du monde et bien sûr Michael Jones. Le public a l'air d'apprécier le tout… Vox populi.

Salut : Le Zénith est un triomphe… Cela est plutôt réjouissant…

Jean-Jacques Goldman : Ça va…

Salut : Il y a quelques changements dans le spectacle du Zénith par rapport à celui de la tournée…

Jean-Jacques Goldman : Pas grand chose… Quelques invités : les Gospellers, le violoniste et Taï Phong.

Salut : Où les as-tu trouvés, ces étonnants Gospellers ?

Jean-Jacques Goldman : Ils faisaient une tournée en Europe et sont passés par Paris. Nous sommes allés les voir : le choc ! Par la suite, nous avons traversé l'Atlantique pour les rejoindre à New York et leur proposer de participer au spectacle du Zénith.

Salut : Ils sont tous venus ?

Jean-Jacques Goldman : Non, seulement une quinzaine. Ils sont une soixantaine en tout. Ce ne sont pas des professionnels mais des amateurs qui chantent dans les églises. Ils ont dû demander un congé pour venir chanter ici. Ce sont des gens très simples, très directs, très attachants. Les chanteuses sont de vraies bêtes de chant. Elles sont possédées ! Habitées ! C'est l'un des moments où je m'éclate le plus dans le spectacle.

Salut : Pourquoi ce flash-back Taï Phong avec "Sister Jane" ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai décidé de rechanter "Sister Jane" tout simplement parce qu'elle m'avait beaucoup été demandée lors de la précédente tournée. Faire venir Taï Phong sur scène pour le Zénith : un clin d'œil !

Salut : Il y a toutes ces guest stars, mais il y a aussi des duos avec Michael et Pinpin…

Jean-Jacques Goldman : Je ne peux pas envisager ce côté récital d'un chanteur avec quatorze musiciens derrière en blouses grises. C'est quelque chose qui ne m'a jamais excité ! Comme, de surcroît, je ne suis pas, à proprement parler, un show-man, il est bon que je m'entoure de gens qui soient scéniques, comme Pinpin, par exemple… Ce spectacle, ce n'est pas seulement celui d'un chanteur, c'est avant tout celui d'un groupe.

Salut : Tu avoues ne pas être une bête de scène, ça te gène ?

Jean-Jacques Goldman : Je préfèrerais être Mick Jagger… tant pis ! Tant mieux ! Je ne pense pas que le public attende de moi que je me roule par terre et que je lacère mes vêtements… ça tombe bien !

Salut : Est-ce néanmoins épuisant un tel spectacle ?

Jean-Jacques Goldman : Pour moi, oui ! Je n'ai pas beaucoup de kilos à perdre et je suis assez nerveux. Je ne peux pas me permettre de ne pas dormir une nuit. Cela demande une organisation rigoureuse quant au sommeil, à l'alimentation.

Salut : As-tu déjà le temps de penser de nouvelles compositions ?

Jean-Jacques Goldman : Je sais que cela viendra. Pour l'instant, je suis complètement creux. C'est toujours comme ça après l'enregistrement d'un album : j'ai six mois de vide.

Salut : Avais-tu pensé à la conception du spectacle longtemps à l'avance ?

Jean-Jacques Goldman : Dès la fin de la dernière tournée, nous avons commencé à travailler sur celle-ci.

Salut : Quels enseignements aviez-vous tiré de la première tournée ?

Jean-Jacques Goldman : L'enseignement principal était qu'il fallait garder le même esprit. C'est-à-dire cette espèce de rencontre avec le public : laisser des espaces pour que le public puisse participer au spectacle, garder cette ambiance de complicité – que je ne leur en mette pas plein la vue avec des feux d'artifice – tout simplement passer une soirée ensemble.

Salut : Tu as travaillé avec Bernard Schmitt pour ce nouveau décor.

Jean-Jacques Goldman : Visuellement, je suis un peu aveugle. Donc, on a travaillé dessus ensemble comme pour les clips. Un perpétuel échange d'idées. Généralement, je trouve que les décors de spectacles meurent trop vite. Au bout de deux chansons, tu en as marre, il n'y a plus à découvrir le décor. L'intérêt de celui-ci est qu'il est vivant. Il y a des écrans, des lumières, des surprises. Donc, il reste plus ou moins intéressant – du moins je l'espère – pendant tout le spectacle.

Salut : Ce spectacle est plutôt rock dans son essence, vous considérez-vous comme des rockers ?

Jean-Jacques Goldman : On ne se considère comme rien du tout ! Il est sûr que nous avons plus rodé du côté de Londres ou de New York que du côté de Venise ou Vérone. J'ai joué du Status Quo ou du Deep Purple dans des groupes de bals… mais maintenant quant à savoir ce qu'est le rock, je ne peux plus répondre ! Si Eddy Cochran revenait, il faudrait tout lui réexpliquer de A à Z. Il ne comprendrait plus rien. Dorénavant, si j'ai bien cru comprendre, le rock c'est plus une histoire d'image que de musique. Moi, je ne me reconnais plus du tout dans l'image que le rock possède actuellement. Et puis il y a tellement de gens qui revendiquent cette étiquette rock, que, moi, je préfère me réclamer de la variété soupe française !


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