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Jean-Jacques Goldman ira toujours au bout de ses rêves.
(?, avril 1984 )

Jean-Jacques Goldman ira toujours au bout de ses rêves.
?, avril 1984
Carole Sandrel
Retranscription d'Hélène Bury

Jean-Jacques Goldman ? En ces temps où le marché du disque atteint la cote d'alerte, il est l'auteur-compositeur-interprète du miracle : en trois ans, il a accumulé les tubes : "Il suffira d'un signe" (500 000 45 tours vendus), "Quand la musique est bonne" (2 000 000 de 45 tours), "Envole-moi", qui en un mois s'est effectivement envolé (500 000 45 tours et presque 200 000 33 tours). Trente-deux ans, l'air d'en avoir vingt, efflanqué, pas le goût du chichi, un jean, le plus vieux de sa garde-robe, chemise blanche et parfois veste noire, il "rocke" et il swingue, nouvelle idole des 13-25 ans, qui, depuis fin février, lui font un triomphe dans toutes les villes où il chante, en tournée.

A Lille, ce soir-là, plus de 2 000 jeunes en délire sont debout, frappant dans leurs mains pour l'accueillir sur la scène où il s'accompagne à la guitare électrique, dans l'enfer d'une sono déchaînée. Et puis après récital, il y a un rappel, puis deux, et trois... jusqu'à ce que Jean- Jacques Goldman dise au public : "Maintenant, c'est à mon tour de vous demander quelque chose. On va se quitter, mais n'applaudissez pas, ça gâcherait notre soirée." Toujours debout, les spectateurs se sont tus. Lui, il a regagné les coulisses, ne laissant deviner sa joie que par un vague sourire.

Avant d'entrer sur scène, il a pourtant dit : "C'est bien, la scène, on noue le contact direct, ce que n'apportent ni la télévision ni la radio. Mais c'est pas tout à fait mon truc. Moi, vous savez, j'ai besoin de 10 heures de sommeil par jour, et je suis malade en voiture..."

Trente-huit complices

Pourtant, en un clin d'œil, à peine les projecteurs braqués sur lui, il dialogue avec la salle, fait chanter en chœur les spectateurs, et eux répondent à ses moindres gestes, ravis, agitant parfois au-dessus de leur tête la flamme de leurs briquets, en signe de connivence.

Le lendemain, le voilà à Paris pour une semaine-éclair à l'Olympia : "Je ne voulais pas le faire, ce music-hall. Je n'ai jamais été un phénomène parisien. C'est la province qui m'a aimé en premier". Mais, conciliant, il avait accepté de monter au filet. A une seule condition : "Pas de première. On ne jouera que devant les Parisiens, les vrais".

"On", ce sont les trente-deux personnes de son équipe technique et les six musiciens qui ne sont pas seulement ses accompagnateurs, mais ses complices. Avec eux, il s'amuse : "J'aurais sûrement pu en trouver de meilleurs, mais de plus motivés, sûrement pas". Il a trop de pudeur pour employer le mot "amitié" ou celui de "copains". Mais, ce jeune homme aujourd'hui arrivé, a conservé les valeurs absolues de son adolescence. Une adolescence sans histoire, mais pleine de musique : "J'ai été élevé sous le signe de la chanson anglaise et américaine, les Beatles et les Rolling Stones. Je ne savais pas de quoi ça parlait mais le son des mots et les mélodies me faisaient ressentir quelque chose." "Quelque chose" d'indéfinissable mais qu'il essaie de restituer à son tour pour cette jeune génération dont il est l'idole : "Ou plus exactement, le grand frère, commente-t-il, car si je reçois une moyenne de 200 lettres par jour, je ne reçois jamais de déclarations d'amour. Ils me parlent de mes chansons, ils me disent ce qu'ils en pensent et qu'ils les ont comprises." En somme, quand Jean- Jacques chante, ils sont en communion avec lui : "Moi, je veux qu'une chanson soit aimée, et c'est tout, une chanson ce n'est pas une explication de texte, c'est sensuel".

Bizarre de parler de sensualité dans un théâtre, dans une loge qui ne sont que froidure, ce soir à Lille. Une ville qui lui rappelle le souvenir de l'étudiant sage qu'il fut : il voulait faire de la musique, ses parents ont préféré qu'il s'inscrive à l'école des Hautes études commerciales, et ce fut Lille.

Entre les lignes des chansons

"Vous voyez, dit-il, je ne devais pas être très déterminé puisque j'ai attendu d'avoir 29/30 ans pour sortir un disque !". Il a passé sagement trois ans à HEC et a obtenu les diplômes prévus, et presque inutiles puisqu'il ne sera ni banquier ni homme d'affaires : "A l'école, on apprend à apprendre, on apprend des mécanismes, on apprend la mécanique des rapports avec les autres, dit-il. En définitive, on apprend à gérer ce qu'on a". Lui gère ses richesses intérieures. Il ne regrette pas d'avoir été un enfant sage et docile même si, détestant le violon, il en a fait dix ans durant, parce que ses parents le voulaient. La preuve ? En scène, il y va d'un petit coup d'archet qui fait évidemment fondre ses fans.

Mais cet hyper sensible qu'un article d'humeur dans un journal met au bord des larmes, refuse de s'attarder sur ce que furent son enfance et sa famille. Pour en savoir plus, il faut lire entre les lignes de ses chansons. Né à Paris, dans le 19e arrondissement, Jean-Jacques Goldman est le fils d'un immigré polonais et résistant. Mais il ne dira mot de cette part d'héritage qu'à l'évidence, il assume. Tout juste s'il veut bien parler de Caroline, 8 ans, et de Mickaël, 4 ans et demi, ses deux enfants. "Ils ne s'intéressent pas tellement à mes chansons, dit-il. Ma fille vient de quitter Chantal Goya au profit de Karen Cheryl. Mon fils vit dans une ambiance Carlos, normal, non ?".

Caroline et Mickaël n'avaient jamais vu papa chanter avant l'Olympia. Ils ne savaient pas qu'il était une super-vedette adulée par des milliers de fans. Ils ne savent sans doute pas non plus que leur père est, au cours de sa tournée, tombé deux fois de scène pour avoir voulu serrer la main de ses admiratrices : elles se sont si bien accrochées à lui qu'elles l'ont fait basculer. Depuis, ce sceptique de Jean- Jacques Goldman avec son sens du dérisoire est devenu plus prudent. Comme dans sa chanson fétiche, il est bien décidé à aller au bout de ses rêves... A choisir de vivre "moderato cantabile", à sa guise, un peu comme ces individualistes de la chanson que sont Maxime Leforestier ou Antoine qui ont domestiqué le monde du spectacle et vivent chacun à leur manière, Maxime en paysan cultivant son champ, Antoine navigateur solitaire sur son bateau. Lui, Jean-Jacques Goldman, il aime avant tout le face-à-face avec l'écriture - "même si j'écris difficilement, car je suis un élève raturant et ratureur" - une certaine solitude et la vie de famille. "Si je vis en banlieue, ce n'est pas pour les arbres ou les fleurs, c'est parce que mes parents, ma sœur et mon frère y vivent. Et qu'on est bien ensemble"

Légénde Photo n°1 : Devenu en trois ans l'un des chanteurs français vendant le plus de disques, il songe, comme Antoine sur son bateau, à vivre une autre vie auprès de sa femme et de ses deux enfants.

Légende Photo n°2 : Il trouve souvent des idées de chanson en lisant les faits-divers des journaux.


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