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"Mon enfance" par Jean-Jacques Goldman
(OK Magasine 1983)

"Mon enfance" par Jean-Jacques Goldman
OK Magasine 1983
Veronik Dokan
Retranscription d'Anne Lambert

Depuis un peu plus d'un an maintenant, Jean-Jacques Goldman a trouvé une place privilégiée dans vos cœurs, mais bien peu connaissent l'homme derrière l'artiste. Réservé, il n'aime pas beaucoup parler de sa vie privée. Aujourd'hui pourtant, en exclusivité pour OK!, il accepte de lever une partie du voile. Il a même fouillé dans son album de photos, à la recherche de ses souvenirs. Les voici afin de mieux apprécier encore celui dont vous rêvez...

"Avec un père polonais et une mère allemande (Goldman est mon vrai nom), même en naissant en France, on a toujours l'impression de venir d'ailleurs". C'est peut-être pour cette raison que j'ai passé mon enfance au milieu d'une famille un peu repliée sur elle-même. On ne peut pas dire que nous formions un clan mais nous étions très unis. D'ailleurs aujourd'hui encore, on vit tous à proximité les uns des autres dans un rayon de cent mètres. Et toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver ensemble. Les réunions familiales, c'est comme une tradition chez nous. Je me souviens que chez mes parents on restait longtemps autour de la table à parler. C'était des discussions sans fin qu'on continue encore à avoir encore aujourd'hui. C'était très passionné, très chaleureux même lorsqu'on n'était pas d'accord. S'il n'y avait pas d'artiste dans ma famille, sauf peut-être grand-père qui faisait du café-théâtre en Allemagne, en revanche tout le monde se passionne pour la littérature. Adolescent, au lieu d'aller faire du vélo ou jouer au foot, je dévorais des livres allongé sur le lit de ma chambre. J'ai toujours été un enfant très renfermé, n'aimant pas me mêler à la foule. De cette époque, j'ai d'ailleurs conservé un goût très prononcé pour les endroits clos. La cave où je compose aujourd'hui est mon univers préféré. Je déteste l'été, les grands espaces; en revanche, il n'y a pas plus heureux que moi en hiver, dans un train ou une ville grise. Hé oui ! Je suis un ténébreux solitaire ! Enfant, on m'avait surnommé "Le chinois" et je n'ai jamais su si c'était pour mes yeux bridés ou bien pour mes silences qui pouvaient durer des heures.

J'ai commencé la musique non pas par conviction mais parce que mes parents y tenaient beaucoup. Ils m'ont d'abord fait prendre des cours de piano mais ma sœur était bien meilleure que moi. Alors je me suis rabattu sur le violon pour éviter les comparaisons ! Ma mère m'a souvent raconté que, lorsque je suis né, la sage-femme, en voyant mes longs doigts, a dit : "Il sera violoniste ou pickpocket". Vous connaissez mon choix... Mais il me faudra encore attendre vingt-quatre ans avant de décider que la musique serait mon métier. Je vous raconterai cela dès la semaine prochaine".

[deuxième partie] Jean-Jacques Goldman, la semaine dernière, ouvrait pour vous, lecteurs de OK ! son cœur et son album de photos. Il nous a raconté son enfance, sa famille, sa passion pour la littérature, son approche de la musique grâce au violon. Aujourd'hui, poursuivons ensemble le chemin qui le mènera à la gloire. Nous sommes en 1967, Jean-Jacques Goldman est en classe de seconde au lycée François Villon à Paris.

"C'est à ce moment-là que j'ai acheté ma toute première guitare. J'avais économisé péniblement les 700 francs qu'il fallait à l'époque pour acquérir un tel instrument. Mais jamais je n'aurais pensé qu'un jour elle me guiderait vers mon métier. La musique fait partie de mon éducation et avec elle j'ai trouvé un formidable moyen de communication. C'est d'ailleurs un peu pour me guérir de ma timidité et mon isolement que j'ai commencé à faire partie des groupes qui se montaient au lycée. Beaucoup d'adolescents vivent le même genre d'expérience sans pour autant rêver d'une carrière artistique. C'était tout à fait mon cas. Pour gagner un peu d'argent de poche, on chantait dans les bals, dans les salles des fêtes. On s'était baptisé à l'époque les "Red Moutain Gospellers". Puis il y a eu le "Phalanster", un autre groupe monté avec des copains. Parmi eux, deux frères alors inconnus mais bientôt promis à une grande carrière : les Gibson Brothers. A l'époque, nous avons participé au tremplin du Golf Drouot et tenez-vous bien, nous avons carrément remporté le premier prix ! Mais, mes études m'ont vite remis les pieds sur terre car je suis entré cette année-là en classe de préparation HEC au lycée Lavoisier. Pour l'occasion, mais pas à ma plus grande joie, j'ai fait un détour par le coiffeur. J'en suis ressorti avec des airs de jeune homme de bonne famille bien sage. De quoi rassurer mes parents et les professeurs. Et puis, ça a été le départ pour Lille, où entre 71 et 73 je m'étais inscrit à l'EDHEC. Dans ma chambre (toute petite sous les toits), j'avais recréé un univers dans lequel je me sentais à l'aise. Au mur, les posters de mes idoles, Jimi Hendrix et le groupe Chicago, une queue de renard porte-bonheur, beaucoup de fouillis et bien sûr, dans un coin, ma guitare qui me suivait partout. Même et surtout en vacances, j'avais pris, en été, l'habitude de partir à la découverte de nouveaux horizons souvent, accompagné de Jean-Max, un copain que je revois toujours d'ailleurs. Ensemble, on a traversé les Etats-Unis, le Canada et le Mexique avec notre sac sur le dos. Pour vivre, on faisait des tas de petits boulots et même la manche. Je me souviens d'un voyage en Yougoslavie durant lequel je jouais dans le métro "Butterfly" de Danyel Gérard, le tube du moment. Mais cela n'avait encore rien à voir avec une vocation. Il aura fallu que je termine mes études et qu'un disque d'Aretha Franklin vienne me bouleverser pour que je songe à tout abandonner au profit de la musique. Je dis bien la musique, et pas la chanson parce que, jusque-là, je n'avais encore jamais chanté en public. Et à la limite, ça ne m'intéressait pas vraiment. Mais lorsqu'on a créé le groupe Taï Phong, le premier groupe de professionnels dont je faisais partie, on m'a baptisé chanteur uniquement parce qu'il n'y en avait pas parmi nous. Finalement, j'ai vraiment l'impression que toute ma vie a été guidée par des concours de circonstances sans que j'aie besoin de prendre beaucoup d'initiatives. Je suis exactement le contraire d'un passionné qui cherche à tout prix l'action, la nouveauté. Seulement, j'ai parfois des choses qui passent dans ma tête et que j'ai besoin d'exprimer, d'extérioriser. Après, c'est comme une opération chirurgicale, ça va beaucoup mieux. Entre douze et dix-sept ans, j'ai tenu tous les jours ce qu'on appelle un journal intime. J'en avais écrit cinq ou six volumes que j'ai brûlés à dix-huit ans. J'avais mis dans mes cahiers tout ce qui bouillonnait en moi et je n'arrivais pas à exprimer ouvertement. Aujourd'hui, avec la musique et la chanson, c'est exactement le même principe. Tout ce que j'ai envie de dire passe par ce moyen d'expression. Taï Phong aura été l'expérience des studios d'enregistrement, des émissions de télévision, du succès aussi puisque "Sister Jane" a très bien marché à l'époque. Mais lorsque le groupe s'est éparpillé, j'ai pris ça avec fatalisme. Dans chaque chose j'essaye de voir un côté positif. En l'occurrence, cette séparation m'a permis de faire une carrière en solo et de connaître les joies que j'ai aujourd'hui. Mais si un jour ça ne marche plus pour moi, j'en profiterai pour ouvrir d'autres portes, pour découvrir des horizons nouveaux. Ça me laissera le temps de voir davantage les gens que j'aime et que mon emploi du temps m'oblige à négliger, je pourrai écrire des chansons pour les autres. Ce que je n'ai pas le temps de faire aujourd'hui... Mais jamais, jamais je ne pourrais me passer de musique. Parce que sans aucun doute, c'est ça ma vie !"


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