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Les séductions de Céline Dion, militante francophone à la voix américaine
(Le Monde, mardi 22 juin 1999)

Les séductions de Céline Dion, militante francophone à la voix américaine
Le Monde, mardi 22 juin 1999
Retranscription de Ludovic Lorenzi

Navigation réussie entre héritage disco, cinéma hollywoodien et chanson de charme

'Let's Talk About Love World Tour', la tournée mondiale de la chanteuse québécoise Céline Dion, s'est arrêtée les 19 et 20 juin au Stade de France, après Bruxelles le 16 juin. Selon son producteur français, Gilbert Couiller, 162 000 spectateurs ont acheté des places entre, 350 francs et 850 francs pour ces deux soirs. Jean-Jacques Goldman, compositeur attitré de la chanteuse, fut l'invité surprise de la première soirée.

Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet, Jérôme Clément, Michel Drucker, le capitaine d'une équipe de football (Didier Deschamps), un danseur reconverti dans le ballet équestre (Patrick Dupont), des gloires du music-hall (Gilbert Bécaud, Bernard Lavilliers), plus quelques starlettes de la télévision, sont venus le 19 juin prendre au Stade de France des nouvelles de René. Le mari de Céline va bien, merci, il soigne en Floride son cancer de la peau, un malheur en passe d'être vaincu et qui vaut à la chanteuse québécoise quelques pleurs dans la foule et une standing ovation à l'annonce de la guérison prochaine.

Sachant René Angelil, son époux-manager, confortablement, installé dans un sofa sur la côte ouest des Etats-Unis pour suivre en direct le concert-événement donné par sa femme, qui jamais ne le quitte, le public populaire et les élites encanaillées dans la variété clean pouvaient entrer en fête. 88 000 personnes debout, c'est toujours impressionnant. Même Barbara Streisand, partenaire de Céline Dion sur un titre imparable, 'Tell him', en aurait sûrement été ébranlée, si elle avait été là autrement que dans un montage vidéo savamment, virtuel - écran partagé, bouches ouvertes en synchro, le difficile exercice se répétant avec Diana King pour la séquence pop-rap.

Céline Dion, chanteuse d'exception, a le malheur de vivre à la fin d'une époque où la femme n'est pas encore libérée. Pour réaliser le formidable crossover qui lui a fait vendre près de cinquante millions d'albums à travers le monde, il lui a fallu un mari pygmalion, ses qualités vocales, son professionnalisme, ne suffisant pas à sa réussite. La chanteuse québécoise a réalisé un parcours sans faute dans l'industrie musicale - alliance avec les auteurs à succès (Jean-Jacques Goldman pour la relance de sa carrière francophone en 1992 [sic ! 1995, bien sûr]), duos de prestige (avec Pavarotti, Streisand, Bocelli, etc.) et passages bien calculés dans les événements planétaires, en particulier les jeux olympiques d'Atlanta qui lui permirent de rejoindre le peloton de tête des divas américaines (Mariah Carey, Whitney Houston, Gloria Estefan).

Les manipulations d'image qui président à. la réalisation des concerts de masse imposent des artifices que Céline Dion utilise sans en abuser : la scène, placée en milieu de pelouse et dont la forme (un cœur) est repérable d'hélicoptère, est affublée d'une balustrade de navire pour mimer Titanic - sur l'écran géant placé aux cimes de la scène, Céline chante, appuyée à la proue, en attente d'iceberg. Leonardo Di Caprio est sur l'écran du stade de France. Scène d'amour et de débâcle. C'est basique, mais cinématographiquement bien fait, rapidement troussé, aux antipodes des maladresses du spectacle de Johnny Hallyday, en septembre 1998, au Stade de France : le rocker national avait peiné à monter une rampe glissante de pluie sur une Harley Davidson lancée à petite vitesse.

Robe blanche virginale

Céline Dion n'arrive pas en hélicoptère, mais se présente en robe blanche virginales, en tunique Adidas bleu-blanc-rouge, (le lieu impose qu'on rappelle sans cesse à la nation française qu'elle, fut championne en 1998), qui cache des décolletés sexy ou des costumes-pantalons moirés particulièrement adéquats pour une version paillette de Stayin'Alive, l'un des tubes fondateurs du disco.

La chanteuse respecte les quotas francophones, ce que nos politiques en goguette apprécient généralement. Elle chante, 'Ziggy' (extrait de Starmania), 'Ce n'était qu'un rêve' (écrit par sa maman), les chansons d'Eddy Marnay, de Luc Plamondon, et surtout celles de Jean-Jacques Goldman, monté sur scène pour chanter en duo 'S'il suffisait d'aimer', très applaudi et qui, à force de venir au Stade de France en touriste, (il était là pour Johnny) y finira peut-être en vedette.

Mais Céline Dion est avant tout une chanteuse américaine, dont les filiations musicales passent par les paillettes de 'Saturday night fever' et la réinterprétation des standards de la variété d'outre-Atlantique, tel 'The power of love', dont elle donne une version d'une rare ampleur - voix puissante, large, soutenue par un groupe de six musiciens québécois taillé au carré du pop-rock et trois choristes dont, un noir, Barney Valsaint, aux intonations gospel. Dans le music-hall, les Américains aiment la clarté fleur bleue, la transparence Barbie, l'habileté à placer du kitch et de l'amusement dans un romantisme sans danger. Tenace, Céline Dion marche sur leurs traces.


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