Chut, mieux vaut se taire

Essais

JJG semble en effet attiré par les gestes, les préférant de loin au langage. Bien sûr, c'est "Tout était dit" qui vient immédiatement à l'esprit, mais JJG a écrit bien d'autres chansons sur ce thème : Rien que dans le premier album, le geste paraît l'une des premières sources d'inspiration de JJG pour 2 chansons, au moins dans leur titre : "Sans un mot" et son premier succès "Il suffira d'un signe". Dans le deuxième album, JJG s'applique sur ce thème avec "Nous ne nous parlerons pas" où il exploite à son maximum la supériorité des gestes et attitudes sur la parole. "Pour comprendre et savoir / et le goût de notre peau / plus loquace que les mots / Nos bras ne tricheront pas / nos mains ne mentiront pas / mais surtout ne parlons pas". Un saut jusqu'à "Confidentiel" pour retrouver "je voulais simplement te dire / que ton visage et ton sourire / resteront près de moi, sur mon chemin" : ce qui reste après une séparation ce sont les images, les visions que l'on avait de l'autre.

Plus tard, c'est dans l'album"gris" que l'on peut lire (ou entendre) dans "Des bouts de moi" : Longue / l'attente de vous voir / et nos bras nos regards au moment de se dire bonsoir". Ici, la rencontre des personnes est "sublimée" par l'ambiance crée par chacun d'eux.

Dans le premier album de FGJ, JJ est seul dans "Tu manques" pour chanter une de ses plus belles chansons d'amour. Là encore, le silence est d'or : "Y a des qualités de silence / comme les étoffes ou le bois / des profonds des courts des immenses / des que l'on n'entend presque pas".

Dans le premier titre de Rouge, JJG commence déjà à critiquer la voix : "les mots tremblants qu'on ne sait plus croire" puis il s'y attarde plus longuement d'abord avec "Ne lui dis pas" et "Fermer les yeux" (les 2 chansons les plus belles de l'album). Dans la première le "mieux vaut se taire" vaut toutes les explications ; et dans la deuxième, l'addition des mots tels que ombre, gestes, regard, corps, yeux, sourires, "y voir enfin mieux"... fait de cette chanson un plaidoyer de l'apparence .

Enfin, c'est dans "En passant", avec "Tout était dit" et "Nos mains" que l'on retrouve le véritable même esprit que dans "Nous ne nous parlerons pas" : en effet, JJ reprend réellement le thème du "un geste vaut mieux qu'un mot" pour se faire comprendre.

(c)Charles (Rodju) Soulaine

29 août 1999 Tous droits réservés